Le congédiement de onze enseignants de l’école Bedford en octobre 2024 pour avoir contribué à créer un climat toxique à l’école en lien notamment avec certaines matières peu ou pas enseignées, la négation des troubles d’apprentissage ou l’autisme, des cris et des techniques basées sur l’humiliation, l’obstruction des fenêtres» pour éviter la surveillance auront déclenché un mouvement de panique qui a conduit à la création d’un comité restreint de deux «accompagnateurs indépendants» qui ont été dépêchés par le ministère de l’Éducation et qui recommandent, entre autres, que tous les enseignants soient soumis à une «évaluation formative» par leur direction d’école tous les deux ans.
À cet effet, je m’interroge sérieusement sur l’origine de l’élément déclencheur de cette proposition. En un mot, ne sommes-nous pas placés en présence d’une souris qui accouche d’un éléphant? En réalité, les signataires de cette proposition partent d’un fait isolé pour appliquer un correctif à l’ensemble des enseignants du Québec, un constat qui m’amène à penser que la proposition reliée à l’évaluation de tous les enseignants risque de se transformer en un coup d’épée dans l’eau.
Les velléités d’établir une politique d’évaluation de tous les enseignants n’est pas nouvelle, plusieurs tentatives ont déjà été mises de l’avant, sans succès. Par ailleurs, la saga de l’école Bedford n’aurait pas dû avoir lieu, les comportements marginaux de certains enseignants d’origine maghrébine étaient connus depuis des mois, voire des années et, de facto, la direction de l’école bénéficiait de tous les éléments pour intervenir rapidement et efficacement contre ces enseignants...ce qui n’a manifestement pas été fait.
Si certains acteurs du monde de l’éducation désirent à tout prix relancer l’idée d’une politique d’évaluation de tous les enseignants, il m’apparaîtrait souhaitable, voire davantage pertinent, de partir sur des bases positives reposant sur des données probantes en didactique de l’enseignement. Dès lors, peut-être que le débat entre tous les intervenants du milieu éducatif, y compris les syndicats, pourrait permettre de progresser à petits pas dans ce chantier à multiples obstacles, mais combien emballant!
Henri Marineau, Québec
Évaluation des enseignants
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2 commentaires
Henri Marineau Répondre
18 février 2025Bonjour M. Champoux,
Votre argumentaire est biaisé. Mon propos tourne autour du fait que je remets en question la proposition d'instaurer une politique d'évaluation des enseignants émanant uniquement de la saga de l'école Bedford, et je cite: "À cet effet, je m’interroge sérieusement sur l’origine de l’élément déclencheur de cette proposition. En un mot, ne sommes-nous pas placés en présence d’une souris qui accouche d’un éléphant? En réalité, les signataires de cette proposition partent d’un fait isolé pour appliquer un correctif à l’ensemble des enseignants du Québec, un constat qui m’amène à penser que la proposition reliée à l’évaluation de tous les enseignants risque de se transformer en un coup d’épée dans l’eau". Un point, c'est tout!
François Champoux Répondre
17 février 202517 février 2025, Un coup d’épée dans l’eau.
Bonjour M. Marineau,
Vous êtes biaisé, M. Marineau, vous un ancien enseignant.
Je ne vous le reproche pas, mais vous devez reconnaître comme n’importe quel employé de n’importe quelle entreprise qu’il n’est jamais agréable de se faire dire que nous avons des lacunes à corriger ou des façons de faire à améliorer.
J’ai connu de toute ma vie de travailleur ces évaluations de rendement de ma tâche, et je dois confirmer que les bons patrons qui savent communiquer ou plutôt dialoguer vers un plus, ne courent pas les rues. Être un subordonné n’est jamais prisé de personne. Et j’oserais dire qu’être un “supérieur” qui doit faire ces évaluations n’est pas drôle non plus.
Mais je dois dire que je ne suis pas d’accord que ce soit là un coup d’épée dans l’eau; faire une évaluation de la tâche accomplie par un employé doit être vu comme une occasion à privilégier. À privilégier pour améliorer tout ce qu’il y a à améliorer. Et ça peut se faire dans les deux sens.
La loi de la laïcité du Québec est une grave erreur de respect des droits et libertés fondamentales des personnes; elle n’a jamais eu le courage d’interdire le prosélytisme à l’intérieur des locaux des écoles, là où il ne doit plus y avoir d’enseignement de religion quelconque. Ça, c’est l’essentiel de la laïcité de l’État et la loi 21 l’a raté. Elle s’est tenue à interdire les apparences : c’est une loi qui manquait totalement de courage, s’en tenant qu’à la surface et non à l’essentiel. Pour une direction d’école, s’assurer que son personnel n’affiche pas de signes religieux, c’est s’en tenir aux apparences et éviter de s’occuper des vraies affaires : le prosélytisme de religions et le cursus scolaire à enseigner aux enfants.
Avec une obligation d’évaluation à tous les deux ans minimalement de tous les employés, la direction devra nécessairement être plus pointue, plus proactive, et de ne pas s’en tenir qu’aux apparences, n’est-ce pas?
Et le syndicat devra à son tour faire respecter la loi qui devrait se raffermir et arrêter de s’en tenir qu’aux signes religieux (une banalité religieuse qui ne signifie rien) et s’assurer que le prosélytisme ne se fait plus dans les locaux de l’école. Le prosélytisme, c’est comme une agression envers les enfants et leur vulnérabilité. Les religions ont bénéficié durant des décennies de cet abus de pouvoir et en ont abusé. Ce temps est terminé à jamais et les directions d’école doivent faire leur travail. Et les religions, leur deuil.
Comme vous le dites, la direction de l’école fautive savait depuis longtemps (même le syndicat), mais rien n’a été fait par l’autorité. Si l’autorité fait oeuvre de laxisme, qui verra à faire le travail? Je vous le demande. Certainement pas la police; je ne voudrais pas!
Comme citoyen, nous devons respecter la loi : c’est la démocratie qui nous le commande. Si nous croyons en la démocratie, nous devons faire des lois qui peuvent se respecter et qui doivent se respecter. Si la loi est faible comme elle l’est actuellement, il ne faut pas se surprendre que son respect soit faible. Comme citoyen, nous avons le devoir de faire de bonnes lois et de les respecter. Au pouvoir exécutif de les faire respecter. Ici, ce pouvoir appartient aux directions d'écoles.
C’est en nous qu’il faut avoir la foi; c’est ce que nous enseigne la démocratie. Avoir la foi en une religion c’est personnel et qu’importent les signes religieux si le prosélytisme ne vient plus nous endoctriner les enfants comme autrefois avec leurs tyrans qui l’ont trop fait durant tous ces siècles.
Des écoles peuvent exiger un costume, mais ça n’enlève rien aux croyances religieuses qu’il faut respecter tant qu’elles n’enseignent pas leurs dogmes. Ce ne sont pas les apparences religieuses qu’il faut mettre dehors des écoles; ce sont les enseignements, l’endoctrinement, le prosélytisme.
Et que l’autorité des écoles, les directions fassent leur boulot de s’assurer que le cursus scolaire soit bel et bien enseigné.
François Champoux, Trois-Rivières