Un BAPE médiocre

Tribune libre 2008


La récente lettre au Soleil Badiner avec la sécurité, portant sur les
dangers du projet Rabaska pour l’île d’Orléans, nous rappelle à quel point
la Commission d’enquête du BAPE a minimisé les risques technologiques
associés au projet lors de son évaluation environnementale.
Parmi les nombreuses lacunes du rapport d’expertise produit par la
Commission, il y a cette erreur magistrale précisément dans la section du
document ou elle évalue l’exposition des insulaires aux risques des
méthaniers qui auraient à naviguer devant leurs côtes (pp. 147-148) : tout
en y évoquant les craintes des opposants, les commissaires se font
rassurants en affirmant que «…. Pour le scénario maximal lié à un acte
intentionnel, (…..) il n’y a aucune habitation ou élément sensible dans
l’isocontour du 5kW/m2 ….» Ce qui se révèle faux et trompeur, à preuve
l’étude d’impact de Rabaska elle-même, dont figures et tableaux pertinents
sont d’ailleurs inclus au rapport du BAPE .
Ces figures et tableaux montrent en effet que les activités humaines
suivantes sur l’île d’Orléans sont bel et bien situées à l’intérieur de
l’isocontour de 5kW/m2 dans le cas d’un scénario maximal de déversement par
un méthanier : 182 résidences, 10 commerces, 1 école, 1 église, 1 marina, 4
auberges, 1 colonie de vacances, 1 parc maritime, 1 camping de 155 places,
1 camping privé et 6 roulottes, le tout réparti entre les villages de
St-François et de St-Laurent. Cela représente beaucoup de personnes, dont
beaucoup d’enfants….
Evidemment la grande majorité de nos élus, qui s’abreuvent volontiers et
sans discernement aux propos du rapport du BAPE pour Rabaska, y auront lu
que l’île d’Orléans est bien à l’abri des dangers des méthaniers et que ses
nombreux résidents opposés au port méthanier sont tous des éteignoirs de
projet !
Pour ma part, ma réflexion est celle-ci : quand un organisme comme le BAPE
ne démontre même plus la vigilance requise pour reproduire correctement,
dans son expertise, les données du promoteur du projet, comment
pouvons-nous croire à la crédibilité des analyses et conclusions de ses
commissaires?
Carole Duplain

Ste-Pétronille I.O.
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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 février 2008

    Simple faute d’inattention, ou volontaire omission de montrer une réalité suffisamment grave pour discréditer complètement l’acceptabilité du projet Rabaska ? La réponse se trouve dans la lecture complète de ce rapport d’enquête pour le moins suspect, dont le ton, le style, la construction littéraire et la naïveté du contenu arrivent mal à dissimuler sa finalité : celle de justifier Rabaska à tout prix. En ce sens, le rapport ne desservait qu’un objectif politique pervers, basé sur l’utilisation du prestige du Bape pour rendre acceptable ce que tout esprit éclairé et responsable déclarera inacceptable.
    Sinon, pourquoi avoir débuté l’écrit par ce constat, pour le moins inapproprié, à l’effet qu’il existe dans l’industrie des produits encore plus dangereux que le gaz naturel....
    Encore plus juste que le titre ''Un Bape médiocre'' aurait été celui-ci : ''Un Bape malhonnête''

  • Raymond Poulin Répondre

    27 février 2008

    Comme le disent les Anglo-Saxons: «The Devil is in the details». Et vous le confirmez. À ma connaissance, aucun média grand public n'a relayé cette information, qui disqualifie d'emblée sinon le projet, du moins le site projeté. Malhonnêteté ou distraction des journalistes et recherchistes? Auto-censure et mauvaise foi, en tout cas, du BAPE, peut-être moins indépendant du pouvoir politique qu'on le croyait et qu'il le prétend...