Il est révoltant d'entendre des commentateurs nous dire que les étudiants sont des privilégiés. L'éducation est primordiale et l'on doit viser cent pour cent de diplomation. Dans les pays les plus avancés, le taux de diplomation universitaire frôle cinquante pour cent comme en Islande ou en Pologne, en Slovaquie, en Norvège. Le Québec tourne autour de 26 % et il traîne, en plus, un boulet de décrochage scolaire record. Il faut ajouter que le taux réel d'analphabétisation est sous-évalué : les institutions qui font les chiffres accordent grosso modo 100 % à tous les pays développés, ce qui ne correspond pas à la réalité.
Dans ces conditions, il faudrait plutôt rejeter toute gêne à l'accès à l'éducation et à l'université pour les 74 % qui piétinent aux portes du "savoir". Tout milite en faveur de la gratuité. Les statistiques montrent que les étudiants qui travaillent réussissent moins bien, dans tous les pays. Et ce n'est pas parce que votre fils à un iphone ou une tablette machin qu'il faut faire payer plus cher ceux qui n'en auront jamais.
Un deuxième aspect doit être considéré. Le gouvernement a concocté un système loufoque de remboursement étagé et d'aide financière qui va ajouter paperasse et contrôle à un système déjà inefficace si l'on en juge par les résultats. Déjà, les étudiants qui ramassent quelques sous l'été voient leurs prêts et bourses réduits, pistés par des inspecteurs des petits revenus.
Un troisième aspect est encore plus inquiétant. Au lieu d'avoir un peu réfléchi à une réingénirie de l'éducation, pour employer ses termes, le gouvernement a commencé par augmenter les frais de scolarité des étudiants et les bonis des dirigeants sans avoir la moindre idée des conséquences de ce qu'il faisait. On peut bien croire que la scolarité gratuite n'est pas la seule solution, mais il faudrait encore le prouver et aller chercher des exemples. Pour l'envisager, il faudrait repenser tous les déséquilibres causés par un changement de système aussi radical - en fait un bouleversement social beaucoup plus important que nous pouvons l'imaginer. Au Québec, Duplessis n'est jamais bien loin.
En nous imposant quelques minutes de réflexion, les étudiants nous incitent à repenser une société québécoise que nous n'en finissons pas de rater.
Merci aux étudiants
Tout milite en faveur de la gratuité
En nous imposant quelques minutes de réflexion, les étudiants nous incitent à repenser une société québécoise que nous n’en finissons pas de rater
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
12 avril 2012Vous devriez également profiter de vos quelques minutes de réflexion pour vous demandez où risque de mener ce mouvement de boycott.
Lorsque l'on constate qu'environs la moitié des étudiants sont actuellement retourné en classe... et que l'autre moitié des «grévistes» n'ont pas voté pour cette grève au sein de leurs institutions... Sans parler de la très grande majorité des contribuables qui considèrent que nos futurs professionnels doivent-faire également leurs part...
Je suis d'accord avec vous sur un point. L'État devrait imposer des cours de micro-économie et de comptabilité gratuits à la totalité des élèves du secondaire, du collégial et universitaire. Car à l'évidence, une bonne partie d'entre-eux ne savent pas compter (ils s'affichent d'ailleurs en portant un p'tit carré rouge...)
Un conseil; réveillez-vous un plus sacrant (je m'adresse ici à ceux et celles ayant un certain âge et qui, par leurs «sagesses»... sont en mesure de convaincre les jeunes de retourner en classe) car plus le temps passe, plus cette situation risque de dégénérer au profit du PLQ qui pourrait être reporté au pouvoir pour une durée de quatre ans dès l'automne prochain. C'est écrit dans le ciel. Faudrait vraiment être stroumph à lunette pour ne pas s'en aperçevoir...
Sylvain Marcoux
Archives de Vigile Répondre
12 avril 2012La prochaine génération ne tolèrera pas le mercantilisme issu de la révolution bourgeoise. Elle sait et est consciente de la fragilité du monde à venir. Le système n'y pourra rien. Et ce n'est pas Jean Charest ou Line Beauchamp qui feront l'histoire. L'histoire actuelle s'écrivait - jusqu'à tout récemment - sur fond de rapines et de petitesses d'esprit. La prochaine génération goûte à la connaissance et ne s'en rassasie pas. Ceux qui prônent le statu quo et la marchandisation des connaissances se sentent menacés dans leur pouvoir personnel. Plus on donne de la connaissance, plus on partage le savoir, plus on s'enrichie soi-même, d'où l'importance primordiale de l'accès pour tous au savoir. Rendre accessible le savoir, c'est faire circuler les idées et décupler la connaissance. Le vent tourne. La jeunesse ne veut plus être sacrifiée sur l'autel de la sauvagerie « managériale ». Le mouvement est lancé. Quelle bouffée d'air frais que ces étudiants en colère. À ceux qui dénoncent la violence du mouvement étudiant je dirai, la violence est aujourd'hui endémique et la radicalisation du mouvement étudiant n'est qu'une réponse cinglante - mais intelligente - à une démagogie outrancière d'un autre siècle. Charest et Beauchamp sont d'un autre siècle. Pas la peine de discuter avec eux. Il faut les renverser et « élire » à leur place des gens capables de dialogue, d'humanité.
Quant aux étudiants brandissant des injonctions pour s'acheter un savoir qui ne leur appartient pas, ils découvriront un jour que le savoir qu'ils se seront payés les emprisonnera dans le passé et les confinera à monnayer leur connaissance et à rater le sens de la vérité, son universalisme. Étudiants de tous les pays, réunnissez-vous pour libérer le savoir de ses geôliers!