Tout est-il à vendre?

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Bourse - Québec inc. vs Toronto inc.


La concentration des entreprises s'accélère un peu partout. Au Canada, par exemple, la plupart des grandes sociétés minières et métallurgiques sont disparues de la Bourse (ou vont disparaître incessamment). Falconbridge, Inco, Alcan, les aciéries sont devenues propriétés étrangères. Qui sont les acheteurs? Des ­producteurs, bien sûr : une aciérie en achète une autre, ou une banque en acquiert une autre. Mais de plus en plus de grands groupes financiers se forment qui, seuls ou avec d'autres, acquièrent des entreprises en tous genres : des fonds de pension, des hedge funds, des banques d'investissement, des fonds d'actions... les acheteurs financiers prennent bien des formes. Dans un bon nombre de cas, on ne sait pas grand-chose de leurs opérations. Un nombre croissant de ces fonds sont créés par les gouvernements, ou alors ceux-ci y achètent une participation importante.
Les plus gros semblent s'approcher de 1000 milliards de dollars. Au Québec, le plus imposant est, bien sûr, la Caisse de dépôt et placement, qui gère 250 milliards de dollars (fin 2006), c'est-à-dire un peu plus de 30 000 dollars par habitant.
Pour la plupart des gens d'affaires, des économistes et des commentateurs, la mondialisation et la disparition des barrières commerciales et financières retirent graduellement aux entreprises leur nationalité. Le capital est investi là où il rapporte le plus et là où les perspectives semblent les meilleures. Les gouvernements sont habituellement plus récalcitrants que les milieux d'affaires. Depuis toujours, pour des raisons de stratégie ou de défense nationale, ils n'autorisent pas l'achat par l'étranger de certaines entreprises nationales. On vient encore d'en avoir un exemple aux États-Unis, où le Congrès a fait comprendre qu'il ne laisserait pas la Chine acheter une grande société pétrolière américaine.
De façon générale, ce qui intéresse les gouvernements, ce sont les centres de décision et ce qui les accompagne, c'est-à-dire non seulement le siège social, mais aussi les services informatiques centraux et, souvent, la recherche et le développement. S'ils ont longtemps eu recours à la nationalisation, ils ne s'en servent plus guère. Ils ont compris que, lorsque le capital est dispersé, un bloc d'actions même très minoritaire est un instrument d'orientation plus simple et plus souple. Et puis, il y a la réglementation, qui limite le droit d'un actionnaire de posséder plus qu'une certaine proportion des actions et ce que les actionnaires étrangers peuvent ensemble obtenir. Margaret Thatcher, on le sait, a lancé un programme de privatisation des sociétés d'État qui a été beaucoup imité. Elle a aussi créé la golden share, propriété de l'État qui a préséance sur les autres actions en cas de vente de l'entreprise ou de modifications de son orientation. La formule s'est vite répandue. Dans plusieurs États américains, on protège les entreprises contre la prise de contrôle hostile. Dans plusieurs pays, on a créé des bureaux dont l'autorisation est requise pour qu'une compagnie étrangère puisse acheter une compagnie ­nationale. Et, finalement, il y a toujours le geste du Prince, le coup de poing sur la table.
Cela fait beaucoup d'instruments disponibles. Il faut s'en servir avec précaution, sinon avec parcimonie, en envoyant des messages clairs aux milieux d'affaires quant à ce que l'intérêt public semble demander. Il ne faut surtout pas imaginer qu'en s'engageant dans cette voie, on manifeste une forme de protectionnisme attardé. On s'adapte plutôt au fonctionnement du capitalisme d'aujourd'hui, système dans lequel les États sont d'actifs participants.
Le projet Rabaska en est un bel exemple. C'est le projet conjoint de Gaz Métropolitain (contrôlé par la Caisse de dépôt), Embridge (privé) et Gaz de France (société d'État maintenant fusionnée à une entreprise privée, avec participation de l'État). Le gaz nécessaire au projet viendra peut-être de Gazprom (contrôlé par l'État russe) dans lequel la Caisse possède un bon paquet d'actions.
La Banque Nationale est la seule des six grandes banques à charte dont le contrôle, selon la loi canadienne sur les banques, peut changer de main (dans le cas des autres, un actionnaire ne peut acquérir plus de 20 % des actions). La Caisse possède des actions du groupe Power d'une valeur de 700 millions de dollars et des actions de la Banque Toronto-Dominion d'une valeur de 450 millions, mais n'en a aucune de la Banque Nationale. Est-ce un signal donné au marché? Il est vrai qu'elle n'en a pas non plus de la Banque Royale, mais il me semble que des signaux venant de la Caisse, du gouvernement ou des deux seraient utiles. Après tout, la Banque Nationale est la plus grande banque des PME québécoises.
Et puis – autre exemple – pourquoi a-t-on fait à Alcan ce somptueux cadeau d'une reconduction anticipée de 30 ans – c'est-à-dire jusqu'en 2058 – du bail de la rivière Péribonka, d'où l'entreprise tire son électricité à moins d'un cent le kWh? Il restait pourtant 20 ans «à courir». L'entreprise a aussi reçu un prêt de 400 millions de dollars sans intérêt pour 30 ans. Peu de temps après, Alcan vendait tout à Rio Tinto à un prix spectaculaire. La Caisse avait des actions et a donc fait un bon profit. Mais on aurait pu faire mieux pour le Québec.
Ce n'est pas facile de jouer un vrai rôle sur la scène mondiale et de favoriser, en même temps, la prospérité du pays. Mais c'est un beau défi.
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Jacques Parizeau, économiste et auteur
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En 1994, Parizeau mène le Parti québécois à la victoire électorale, formant un gouvernement majoritaire convaincant et devenant premier ministre du Québec. Parizeau promet de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec dans la première année de son mandat, et malgré des objections de toutes parts, il respecte sa promesse. Il fixe la date du référendum pour le 30 octobre 1995. Au début, l'appui à la souveraineté se situait à environ 40 % dans les sondages d'opinion. À mesure que la campagne avance, toutefois, les appuis à l'option du « Oui » se mettent à monter. Malgré cela, l'option souverainiste plafonne, et Parizeau fait l'objet de pressions pour s'adjoidre les services de Lucien Bouchard, le chef extrêmement populaire du Bloc québécois, perçu comme plus modéré et plus pragmatique, en le nommant "négociateur en chef" advenant la victoire du "Oui". Pour le succès de la cause, Parizeau accepte ainsi de jouer un second rôle pour la suite de la campagne.

{[Wikipedia->http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Parizeau]}





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