Tous derrière Grand-Maman !

Tribune libre - 2007

En ce jour de la fête des mères, je me rappelle qu’au sein du Parti québécois de Montmorency, il y a une dame qui nous a toujours inspirés. Cette dame prénommée Louisette a été de tous les combats. Dans notre comté, tous la connaissent et l’appellent affectueusement « la maman du parti ». Elle n’a jamais dit un mot plus haut que l’autre et s’est toujours contentée de travailler pour la cause à chaque fois que le besoin s’en faisait sentir.
Elle me rappelle un peu ma grand-mère qui a eu douze enfants et qui, en fin de vie, a eu l’affligeante tâche de soutenir avec un amour infini, un de ses rejetons atteint de cette terrible maladie qu’est l’alcoolisme.
Toutes ces femmes qui ont bâti le Québec dans l’amour et l’anonymat, n’occupent que trop peu d’espace dans nos livres d’histoire. Mais que serions-nous sans elles ? Que serions-nous sans ces religieuses qui ont fondé des écoles, donné leur vie pour les déshérités, les malades et les enfants abandonnés?
Pauline Marois est une femme de cette envergure-là. C’est une missionnaire, une bâtisseuse. Une grand-mère prête à nous tricoter une souveraineté avec autant d’amour que les bas de laine qu’elle fabrique pour ses petits enfants dans le courant de l’hiver. S’il n’y a qu’un seul païen parmi nous qui pense que Pauline Marois n’est pas sincère, qu’il se lève au plus tôt. J’aurai deux mots à lui dire…
Mais en ce qui me concerne, je sais que c’est une vraie. La preuve ? Personne n’a encaissé autant de rebuffades au sein de ce parti. Et personne ne continue d’aimer autant les siens après avoir mangé des coups pareils ! En tous les cas, personne n’en aurait enduré autant ! Moi, avec le caractère que j’ai, il y a longtemps que j’aurais envoyé tout le monde péter dans les fleurs… Voilà d’ailleurs pourquoi je ne serai jamais chef du PQ !
Ceux qui la croient snob et hautaine sont carrément dans le champ. Il y a quelques années de cela au cours d’un conseil national houleux, je me rappelle que lors de l’un de nos profonds différends, elle avait pris la peine de venir nous rencontrer et avait passé près d’une heure à dialoguer avec les membres de notre exécutif. Elle était alors ministre des Finances.
Pauline Marois n’est pas une femme ordinaire. Intelligente, c’est une main de fer dans un gant de velours. Et déjà, les charges sonnées contre elle par les fédéralistes qui sévissent dans nos médias témoignent de la panique qui s’empare des inconditionnels du Canada. Elle fait trembler la colline parlementaire d’Ottawa.
J’ouvre ici une parenthèse. En plus de faire dans l’âgisme, l’insignifiant porno-fédéraliste J-Jacques Samson écartille encore sa matière grise résiduelle pour attaquer la mère des garderies à 5 dollars dans le Journal de Québec d’hier alléguant que le programme coûte 1, 5 milliard.
Si ce n’était des dommages causés dans l’opinion publique par de telles grossièretés, on ne perdrait pas notre temps à répondre à ces conneries. Mais comme on doit le rappeler plus souvent, la grande différence entre le programme national de garde et l’infâme 100 dollars imposable donné à tous les mois par le gouvernement conservateur à des fins partisanes (et proposé aussi par Mario Dumont) réside essentiellement dans le fait que dans le premier cas, ce sont les enfants qui en bénéficient directement tandis que dans l’autre, ce sont 100 dollars par famille gaspillés dans on ne sait quoi. De plus, le programme national de garde est une aubaine parce qu’il fait économiser des millions en détectant de façon précoce les enfants à problèmes et d’intervenir dès les prémisses de l’âge scolaire. Ça, le même rigolo qui avant-hier disait que les militants du Pq mangent leurs chefs et qui aujourd’hui attaque vicieusement celle qui ne l’est même pas encore, n’a pas jugé bon d’en faire mention dans son « analyse ». Fermez la parenthèse !
Peut-on donner une chance à Pauline Marois ? Peut-on lui donner sa chance ? Une vraie chance ? Car elle le mérite. Du moins, elle mérite un minimum de patience et de souplesse ne serait-ce justement que pour la gratifier de toute cette même patience qu’elle a eue envers les souverainistes. Pour ma part, je n’appuierai pas Pauline Marois parce qu’elle est une femme ou parce qu’elle le mérite mais bien plutôt parce qu’elle est d’abord et avant tout une personne profondément humaine. Une personne en qui j’ai appris à croire au fil des ans. Une personne que j’ai appris à aimer et qui est, en plus, vachement compétente.
Le syndicaliste Michel Chartrand disait que les grandes forces de changement dans une société tiennent souvent leurs origines des femmes. Or quelque chose me dit que la venue de Pauline Marois risque de changer les mœurs politiques et la culture du mouvement souverainiste et probablement pour le mieux.
Je souhaite que tous les souverainistes suivent. On en aurait tellement besoin. Si au moins, il pouvait se créer un mouvement derrière Pauline Marois. Un mouvement créé par ce besoin que nous avons d’être ensemble, ce cruel besoin d’unité, ce besoin de s’aimer un peu les uns les autres pour une fois seulement… Et si ce mouvement devenait contagieux au point où... Est-ce que je rêve ? Est-ce trop demander en comparaison des années de patience que Pauline Marois a données au mouvement souverainiste.
Je ne suis pas en train de quêter de la sympathie pour elle. La cause vaut plus que ça. Après tout, je ne demande qu’à y croire. Ensuite, si le cœur nous en dit et si tout se met à foirer, nous pourrons encore nous taper dessus joyeusement comme nous le faisons depuis toujours. Mais pour l’instant, pourrait-on cesser de casser la vaisselle alors que Bonnemine nous mijote généreusement un petit plat qui risque fort d’être bon pour ce village gaulois qu’est devenu le Québec ? Attendons au moins de goûter !
Nous, les purzédurs, ne sommes pas les servantes du Seigneur, loin de là. Nous sommes plutôt des râleurs et des empêcheurs de tourner en rond. Malcommodes, détestables, haïssables au possible, nous avons toujours une critique cachée quelque part comme un as dans la manche d’un tricheur au poker. À chaque occasion qui se présente, on se tape sur la gueule. Et je suis le premier à être comme ça. Mais je suis avant tout un militant indépendantiste. Or, aujourd’hui, il est temps de décréter une trêve. L’heure est trop grave et solennelle. Faisons silence pendant quelque temps et laissons Pauline Marois travailler à sa guise. Soyons bons joueurs ! Après tout, qu’est-ce que l’on a à perdre ? Tout d’un coup que ça marcherait !
Je ne crois plus dans l’étapisme. J’en fais une indigestion ! La gouvernance provinciale, je n’y crois pas non plus. Pauline Marois devra me pondre des perles en or pour me convaincre. Néanmoins, je souhaite seulement qu’on lui laisse une véritable dernière chance de montrer ce dont elle est capable. Une chance de nous démontrer que sa méthode marche. Car après tout, une seule chose m’importe. C’est que le Québec devienne un pays. Et je me fous éperdument de la façon dont on y arrivera et de qui nous y dirigera. Si Jean Charest ou Mario Dumont devenaient souverainistes, je voterais pour ces deux chimpanzés* politiques sans aucune espèce d’hésitation. Je le répète : ce n’est pas une question de chef mais plutôt de volonté populaire. Aussi, je suis prêt à suivre n’importe quel chemin si tordu soit-il pour y arriver.
Pauline Marois nous entraîne quant à elle sur une voie très rapide. Il n’en tient qu’à nous de mettre les bonnes gommes pour que ça tienne la route !
*N.B. Le mot chimpanzé est utilisé ici pour décrire des personnes qui à l’instar de ces nobles bêtes, passent leur temps à faire des grimaces et à s’imiter les uns les autres.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2007

    A MONSIEUR LEMIEUX
    Vous ne connaissez pas l'histoire politique du comté de Matane. A l'élection de 2003, effectivement, je me suis présenté comme candidat indépendantiste. Et j'en suis très fier. Pascal Bérubé s'est fait battre par sa propre organisation qui l'a lâché à la dernière minute. Vous en parlerez aux gens du bas du comté. C,est ça la vraie raison. On colporte toutes sortes de choses à ce sujet. Mais la vérité est là. Vous le demanderez aux anciens partisans de Matthias Rioux. Les journaux de l'époque (mars 2003) peuvent confirmer mon propos.
    De plus, vous n'avez pas à me reprocher de m'être présenté comme candidat. EN démocratie, chaque citoyen peut le faire. La Charte des droits de l'homme m'autorise à le faire et vous n'avez pas laisser entendre que j'ai fait un geste qui ne devait pas se faire. Si vous avez d'autres question sur le sujet, vous pouvez me rejoindre au numéro de téléphone suivant: 418.566.2110. Je ne me suis jamais caché dans mon pays et je ne commencerai pas à le faire. Et je n'accepte pas non plus que certains viennent me faire des leçons, eux qui se gorgent de grands mots comme ...démocratie.
    En 2003 et en 2007 d'ailleurs, le PQ dans Matane, et ailleurs au Québec, n'a pas parlé de l'indépendance du QUébec. Il n'a fait que critiquer l'adversaire. Je me suis donc décidé, courageusement, d'en parler. J'ai davantage parlé de l'indépendance du Québec en 15 jours de campagne (2003) que pendant les années 2001-2007. Le péquisme confédéraliste de Matane et d'ailleurs ont tout simplement resté coi.
    Lors du dernier scrutin, Boisclair a mis sous le boisseau la cause de l'indépendance et nous a présenté un brouillon de feuille de route. Vous ne m'accuserez pas de ne pas avoir encouragé un tel stratagème, je l'espère? Vous avez voté péquiste sans doute, en sachant pertinemment que vous votiez contre le programme que votre parti avait adopté en 2005. Vous trouvez cela logique vous? Vous trouvez cela sérieux vous? Qu'on déchire sur la place publique un programme officiellement adopté par les membres? Si les libéraux avaient fait la même chose, vous les auriez sans doute crucifiés sur la place publique.
    Hier, je crois, j'ai mentionné qu'il faudrait peut-être songé à fonder un parti indépendantiste. Je n'ai pas dit qu'il le fallait.
    Je garde toujours mes positions. J'ai vécu le PQ depuis 40 ans, avec ces tergiversations, ces modifications de programmes, etc....J'en viens à la conclusion que le PQ ne peut pas faire l'indépendance du QUébec. Le plan Marois nous mène si loin dans le temps, que le Québec sera déjà mathématiquement assimilé. Marois reprend les sentiers de Landry, Bouchard, etc. Sauf Parizeau.
    Alors pour sortir de l'impasse, et départisaniser le débat, je souhaite que l'on fonde un mouvement indépendantiste. Il faut faire vite et ramasser suffisamment de monde prêt à s'engager à marcher pour l'indépendance. Lorsque nous serons plus d'un million de membres, on demandera au gouvernement de procéder.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2007

    M. Turcotte,
    Il me semble qu'après avoir contribué à la défaite du PQ à Matane en 2003, vous passiez votre temps à réclamer un mouvement independantiste en dehors des partis politiques. Maintenant, avec l'arrivée de mme Marois vous voulez fonder un parti indépendantiste. Je vous sens un peu paniqué à l'idée que le PQ se remette de sa "volée" du 26 mars, et je dois dire que cela me réjouis grandement. J'ai un peu de difficulté à vous suivre mais j'admire votre opiniatreté.Bonne chance dans vos beaux projets!

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    13 mai 2007

    Très juste: je confirme. Et bien dit.Elle écoute vraiment . Est tenace.Et a du caractère.Pas une girouette de la rectitude politique, mais seulement du tact !

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2007


    Pauline Marois n'a pas un passé politique très reluisant. Elle a dirigé quatre ministères, mais quelle déception?
    1) Le Ministère de l'Éducation d'abord. Elle est à l'origine de la réforme scolaire qui a engendré le pire fiasco dans l'enseignement. Les professeurs n'ont jamais été capables de la mettre en application. Les enfants savent de moins en moins lire, écrire et compter. Je suis un ex-enseignant. Je suis capable de le prouver. Il y a même des nouveaux députés péquistes qui ne savent pas écrire.
    2) Au Minsitère de la santé, on se souvient de son incapacité à régler les problèmes dans le secteur. Cherchez dans vos souvenirs. Vous trouverez vite!
    3) Quant au Mininistère des finances, le budget de 2003 qu'elle a présenté, tout juste avant les élections de 2003, a laissé une impasse financière et un trou d'au moins 4 milliards. Elle en avait même averti Bernard Landry. Voir l'étude déposée par le vérificateur général, en mai 2003.
    Quant à sa nouvelle formule qui conisterait à abandonner l'idée d'un référendum sur la souveraineté, elle n'est pas très habile. Le Bloc n'a alors plus sa raison d'être à Ottawa puisqu'il est supposé d'être là pour le préparer. Elle veut s'approcher du peuple pour lui dire qu'elle peut former un vrai et bon gouvernement dans le régime fédéral, en attendant que le bon peuple soit prêt pour l'indépendance. En cela, elle contredit RENÉ LÉVESQUE qui affirmait qu'on ne pouvait pas être un bon gouvernement dans le régime fédéral.
    Bref, Pauline Marois nous ramène à l'affirmation nationale de Pierre-Marc Johnson. Le terrain confédéraliste est déjà occupé par Mario Dumont. Que restera-t-il au PQ comme espace politique? Ceux qui croient qu'il faut travailler encore à l'indépendance du Québec doivent vite se brancher. Ils doivent quitter ce parti qui devient moins confédéraliste que celui de Mario Dumont. Il devient tout simplement «nationaliste» comme l'était l'ancienne Union nationale.
    Fonder un nouveau parti qui soit indépendantiste? Possible. Ce serait à discuter entre ceux qui veulent toujours le pays du Québec. Ou laisser la politique partisane pour se lancer dans la formation d'un mouvement indépendantiste.
    NESTOR TURCOTTE
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2007

    Grand-maman vous amène directement à l'affirmation nationale. Qu'Il se lève celui qui peut me dire le contraire.
    Le ridicule est tellement omniprésent dans la politique présente que certains ne croyant plus au réel se sont mis à y croire.
    Et c'est tout ce qu'il nous reste du Québec: le cynisme et la risée collective. Ceux qui ne s'en sont pas encore aperçus se mettent volontairement des oeillères.
    N'est-il pas le temps de fonder un parti indépendantiste pour faire le pied de nez à tous ces clowns professionnels?
    Nesor Turcotte
    Matane