The Fabulous

Ou l'art de se tirer dans le pied

Le français — la dynamique du déclin

Vous connaissez The Fabulus legend of a Kingdom ?
J’arrive de Jonquière où se tenait le salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Il y a eu l’inauguration. Le maire Jean Tremblay a déclaré devant tous les artisans du livre québécois qui triment dur pour survivre, qu’il ne lisait pas et qu’il avait la certitude que le livre électronique allait détrôner le livre de papier. Je flaze un peu, ne me rappelant pas les mots exacts. Mais l’esprit y est.
Bourde !
Bourde surtout pour l’équipe assez extraordinaire qui offre là un des meilleurs salons du livre du Québec.
Parmi la dense cohue et les sourires saguenéens et jeannois qui les caractérisent, j’ai oublié le maire.
Puis, j’apprends que les organisateurs de la Corporation du théâtre du palais municipal offrent désormais La Fabuleuse histoire d’un royaume en ANGLAIS.
J’étais totalement renversée.
Et je sais que s’il était encore là, Pierre Falardeau lèverait le bras avec moi.
La Corporation désire offrir à cette clientèle de choix, le spectacle dans la langue de Shakespeare.
Si c’est ainsi, il faudrait qu’à New York, les spectacles sur Broadway soient aussi disponibles en français pour attirer tous les francophones qui ne parlent pas anglais. Chicago, God of carnage, The Lion King ou Dreamgirls.
La Fabuleuse en anglais, c’est l’agenouillement devant les anglophones qui ne connaissent pas assez notre langue pour se laisser ébahir par l’énergie du spectacle qui se déroule devant eux ! C'est aussi la mort de notre exotisme.
La Fabuleuse en anglais, c’est de laisser couler en nos veines patriotiques un poison liquide qui finira par nous envahir en entier.
C’est l’abêtissement d’une organisation culturelle qui ne réalise pas qu’en donnant tout cuit notre talent à ceux qui ne nous respectent pas, nous allons vers l’anglicisation du Québec.
La Fabuleuse en anglais, c’est comme donner à l’enfant paresseux la bébelle qu’il veut avoir.
C’est encore de nous montrer subordonnés, sous-fifres, soumis.
C’est surtout de faire le terrible constat que, peut-être, tous les touristes potentiels ont déjà vu le spectacle et qu’il faudrait passer à autre chose.
J’ai assisté à La Fabuleuse que je présumais un spectacle quétaine donné par des bénévoles. Quelle surprise j’ai eue ! J’ai adoré la flamboiement de ce qui se déroulait devant moi. J’ai été abasourdie devant la splendeur des décors et des effets spéciaux.
Nous avons là, sur scène, au beau milieu de la région la plus francophone d’Amérique, le déploiement de nos forces, de nos faiblesses, de nos goûts, de notre langue. Nous avons là le cœur généreux des comédiens, des techniciens, des enfants de tout un peuple si fier de sa langue.
Et j’aurais souhaité que les touristes anglophones y assistent et qu’ils puissent s’interroger, s’exalter, regretter ne pas avoir appris le français, et surtout, d’être les fils de ceux qui nous ont tant rabroués.
La Corporation du théâtre du palais municipal n’a peut-être pas de mémoire. Peut-être que ses membres ne se souviennent pas avoir porté la souveraineté du Québec durant plus de trente ans. D’avoir mis au monde les frères Bouchard, les Tremblay, les Bédard qui ont porté le flambeau de l’Indépendance.
Je suis outrée et j’avoue en avoir parlé aux gens qui prenaient un café dans le petit café des écrivains. J’ai expliqué mon point de vue avec toute l’ardeur qu’on reconnaît à mon discours quand quelque chose me turlupine. Et tous ont convenu que j’avais raison.
La Fabuleuse en anglais, c’est surtout pour revamper le tourisme qui ralentit dans la région.
Mais, c’est toute l’Amérique qui vit une récession. Pas seulement la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans quelques mois, quelques années, ça va revenir à la normale. Et les anglophones, devant notre légendaire hospitalité, se présenteront devant La Fabuleuse et, si on ne les traite pas comme des cabochons, ils pourront comprendre par l’illustration claire du spectacle, tous les tableaux qui défileront devant leurs yeux. Comme lorsque nous assistons, nous, à des shows sur Broadway.
Les Américains, entre autres, adorent Paris parce qu’on y parle français.
Ils adorent le Vieux-Québec pour les mêmes raisons.
Laissons-les se dépatouiller un peu… ça renforce l’autonomie et le système immunitaire.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 octobre 2009

    La Fabuleuse en anglais, c'est la chose la plus dégueulasse qui soit. J'ai protesté de façon véhémente auprès de la Corporation du Palais municipal, mais on semble avoir ignoré ma révolte puisque je n'ai reçu aucun accusé de réception. C'est là le signe d'une gêne d'être ce que l'on prétend être et ça contredit toute la force de ce que fut la Fabuleuse. C'est une honte absolue !
    Richard Desgagné
    Chicoutimi

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2009

    À un moment donné, il va falloir arrêter de se faire niaiser par les fédéralistes. Nous devons créer sans faute des commandos de la langue au Québec qui interviendront rapidement à chaque fois qu'on tentera de nous bafouer. Le temps du mépris est terminé! Le RRQ de Patrick Bourgeois est présentement la seule solution possible
    pour nous sortir de ce harcèlement linguistique de la part de ces colonisateurs
    canadiens. Il va falloir se battre avec acharnement pour sortir du Québec ce système
    fédéral qui nie complètement notre langue, notre culture et notre identité. C'est
    une question de vie ou de mort! Nous ne pouvons abdiquer après 450 années
    d'histoire dans ce coin d''Amérique du Nord. Comme disait René Lévesque: "Over my dead body!". Dehors la monarchie! Vive le Québec libre! Vive la république du Québec!
    André Gignac 5-10-09

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2009

    Madame
    Cet abêtissement constaté dans votre texte provient d'une même source: la clique flamboyante qui dirige actuellement et dirigera encore la ville de Saguenay.
    « Ces prodiges prématurés d'esprit, qui deviennent, après quelques années, des prodiges de bêtise »
    Etienne Bonnot de CONDILLAC, Traité anim. II, 9