Bien sûr, on peut accuser le gouvernement actuel de n’avoir pas réglé les
problèmes de notre système de santé. On accuse le gouvernement actuel,
l’ancien gouvernement, le Collège des médecins, les facultés de médecine,
les infirmières, les médecins même!
Mais personne n’a songé à examiner la responsabilité des patients.
Tous ces parents qui se garochent à l’urgence pour l’otite de leur enfant.
Avant, il y avait docteur maman ou papa qui appliquait de l’Auralgan,
petite bouteille bleue que l’on mettait à chauffer dans de l’eau chaude et
qui guérissait souvent l’otite derrière une ouate enfoncée dans le
vestibule.
De nos jours, on voit des parents qui se traînent à l’urgence pour une
amygdalite, une fièvre, une éruption cutanée, une douleur arthritique, un
bouton qui tourne mal (tout d’un coup c’est un cancer); tous ces patients
qui courent à l’urgence pour un nez qui saigne, pour une hémorroïde qui
prend la fraîche, pour un ongle incarné.
On attend 16 heures et demie pour voir un médecin à l’urgence?
Si un patient est capable de survivre à une attente de 16 heures et demie,
vous ne pensez pas qu’il n’est pas si mal en point que ça?
On oublie que les réceptionnistes font de plus en plus d’erreurs en
donnant les rendez-vous, que la trieuse de patients elle aussi s’est
couchée tard, que les docteurs écrivent toujours aussi mal, que le monde
mange junk, fume, porte ni tuque, ni foulard et lit les informations
médicales sur Internet sans trop comprendre.
On oublie que les mamans sont en train de bosser dans un édifice à bureau.
On oublie que dans les garderies, la proximité fait en sorte que les
enfants attrapent 9,5 rhumes-otites-amygdalites par année. On oublie que
les parents semblent avoir perdu le sens de la responsabilité envers les
petites maladies.
Fini l’antiphlogestine et surtout la main douce de maman qui rassure. Fini
le bleu méthylène badigeonné au fond de la gorge; fini les efficaces
mouches de moutarde appliquées par un bras paternel, fini les gargarismes
d’eau salée, le mercurochrome, l’iode, le peroxyde, l’Ozonol, le Vicks,
l’alcool à friction. Un jour, les sbires de la Santé ont décidé que tous
ces produits n’étaient plus efficaces. Avant, on appliquait du Noxzéma sur
un coup de soleil, maintenant, on attend 16 heures et demie à l’urgence!
***
Francine Allard est écrivaine et conjointe depuis 37 ans d’un
omnipraticien de Laval.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Éclipse sur la Carte-soleil
Mais personne n’a songé à examiner la responsabilité des patients.
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