Un site féministe, dites-vous ?
Robert Barberis-Gervais écrit un texte impertinent au sujet du site Independantes.org qui, selon sa vision, ressemble et rassemble des féministes.
J’ai personnellement adhéré à ce site avec une arête au fond de la gorge, m’étant toujours dite asexuée politiquement et socialement. Pendant une dizaine d’années, j’ai écrit sur le Matinternet.com puis sur Branchez-vous ! après un stage très court dans MÉTRO.
Ce dernier (un homme) m’a congédiée après que j’aie écrit un texte intitulé : LES ENSEIGNANTS SONT-ILS INCULTES ?
J’ai connu de graves moments de rejet au cours de cette carrière d’éditorialiste et j’ai toujours été contestée, muselée voire éteinte par des hommes. Que ce soit mon texte dans Le Devoir dans lequel je prouvais que Jacques Parizeau avait eu raison d’associer l’échec du référendum de 1995 à l’arrivée massive d’immigrants reçus. Des profs de diverses universités, des politicologues qui ont saisi l’occasion de taper sur la femme que je suis. La commission Gomery a ensuite prouvé mes prétentions. Oui, j’ai cru, en répondant à l’invitation de Nicole Hébert et d’Andrée Ferretti, pouvoir m’exprimer sans ressentir une sorte de pensée doctorale en provenance des penseurs masculins de l’indépendance.
Vous voyez, mon désir d’indépendance à moi ne passe pas par Pauline Marois. J’ai un flair naturel pour les gens qui ne passent pas. Gilles Duceppe ne passe pas non plus en ce qui concerne mon attachement au Parti Québécois.
Je n’ai pas été tenue, par mes amies Hébert et Ferretti, à appuyer Pauline Marois. Peut-être apprendront-elles cela en me lisant aujourd’hui.
J’ai été approchée parce que nous sommes si peu de femmes à éditorialiser au sujet de la politique.
On peut voir pérorer un nombre incalculable d’hommes qui, penseurs sectaires, s’expriment comme des rois sur les sites indépendantistes tel Vigile, mais encore sur des sites indépendantistes où ils peuvent s’enrager en utilisant un pseudonyme. C’était ainsi sur Branchez-vous ! où je me suis souvent sentie réduite en miettes pour mes opinions divergentes.
Robert Barberis-Gervais sévit encore (pour rides again) avec ses opinions bien articulées et il a raison de penser qu’un site indépendantiste-féministe ne représente pas les opinions des hommes. J’ai personnellement toujours refusé de me joindre à des groupes du genre Les femmes écrivaines, ou les femmes artistes peintres. Pour moi, les hommes et les femmes forment un tout indivisible pour faire avancer la société, même si l’on constate que les jeunes femmes actuelles ont tendance à vivre sans eux, à réussir sans eux, à procréer sans eux, et à penser sans les hommes. Je trouve cela d’une tristesse sans fin.
J’écris donc sur le site des independantes.org où je suis valorisée.
Je ne suis pas une féministe active et je vous jure que je quitterai le site de Mmes Hébert-Ferretti le jour où je constaterai que je suis dans une formation strictement féministe.
J’ai écrit un jour : « Si les femmes veulent des hommes roses, généreux, conciliants, affectueux, qu’elles les élèvent donc pour qu’ils le deviennent.»
Ai-je eu tort ?
Quand un groupe de jeunes péquistes voit le jour, est-ce à dire qu’ils ne tiendront pas compte de l’opinion des «vieux»? Et quand on écrit : parti québécois, est-ce à dire que les immigrants fraîchement arrivés chez nous n’ont pas droit à une opinion politique ? J’ose croire que l’indépendance de notre pays est l’affaire de tout le monde.
Maintenant, la question ultime : Nicole Hébert devrait-elle accepter de publier des lettres d’opinion de la part d’hommes respectueux ? Je crois que oui s’ils utilisent la partie
« commentaires». Et en autant que les chroniqueures «régulières» demeurent en place.
Francine Allard, écrivaine, auteure de plus de cinquante titres.