Terrains "fédéraux" sur la colline

Tribune libre 2009

Je me réfère à l'article d'Antoine Robitaille en pagre frontispice dans Le Devoir d'aujourd'hui au sujet de la [récupération par Québec des terrains "fédéraux"->rub898] de la colline Parlementaire en face de l'Assemblée Nationale, comme d'ailleurs du parc des champs de bataille où s'est déroulée une bataille des "plaines d'Abraham" le 13 septembre 1759,dont on fait beaucoup de cas.

Tous ces terrains appartiennent de facto au Québec. Notre inquiétude au sujet de leur possession de jure par Ottawa n'a aucun fondement réel. Il n'y a pas même lieu de les "réclamer" sur papier. Les faits parlent par eux-mêmes. L'arbitraire d'Ottawa n'a aucun fondement dans la réalité.
Pour asseoir son autorité partout dans l'espace continental canadien dont il s'est arbitrairement saisi, le gouvernement fédéral et d'Ottawa exploite à son profit le traité de Paris du 10 février 1763, entre le roi d'Angleterre George lll et le roi de France Louis XV. Ce traité s'appuie sur la force et non sur la légitimité.

Ce traité ignore le droit de quatir (squatter's rights) des Habitants qui ont effectivement occupé le sol, l'ont défriché et mis en valeur, au cours d'une période de 150 ans avant les tractations qui ont abouti à la signature de ce traité, par arbitraire et sans même que le sort des armes en ait réellement décidé. Ce travail, les Habitants l'ont accompli envers et contre une nature hostile, des sols post-glaciaires pauvres et surchargés de blocs erratiques, de moraines, de grandes étendues de sables et de graviers, avec une saison végétative très courte, des hivers prolongés et des étés insupportables tant il y a de moustiques. Pour sortir de l'état de survie et commencer à vivre, les Habitants ont transposé au Québec cette invention merveileuse qu'est la ferme et le bocage normands.

Après le traité de Paris, les Habitants se sont remis au traval et ont poursuivi l'oeuvre commencée. À l'état sauvage, le Québec est presque inhabitable. On peut survivre mais on ne peut pas vivre de chasse, de pêche et de cueillette au Québec. L'agriculture et la mise en valeur du territoire s'imposent, au prix d'un travail exténuant et des progrès très lents dans le cas du Québec. Cet investissement dure et perdure depuis maintenant 400 ans.

Le travail soutenu des Habitants du Saint Laurent est à l'origine des développements ultérieurs qui ont permis la naissance d'une nation nouvelle, maintenant reconnue. Un statut reconnu comme celui de nation fait autorité sur tout le territoire du Québec et remplace toute autorité antérieure. Ce statut légitime est maintenant légal. Il est naturel: il n'est pas arbitraire.

En face du droit de quatir des Québécois, le traité de Paris du 10 février 1763 ne fait pas le poids. Certes, la Couronne Britannique s'y maintient toujours, par la présence à Ottawa d'une "Gouverneure générale" qui détient droit de regard et de désaveu sur les "squatters" que sont non seulement les Québécois mais tous les Canadians. Cette situation inhibitrice ne peut pas durer.

Le gouvernement d'Ottawa, toujours arbitraire, fondé sur la force, ne peut plus entretenir les mêmes prétentions sur le territoire du Québec. De nombreux précédents prouvent que la nation québécoise est devenue possédante légitime d'une territoire conquis, non par la force mais par 400 ans de travail et d'investissements. Voilà ce qui fait loi.

C'est dans cette perspective qu'il faut envisager la prise de possession légale et simple des terrains soi-disant "fédéraux" du Parlement de Québec.

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René Marcel Sauvé, géographe et auteur de
Géopolitique et avenir du Québec (Guérin)

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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