VIDÉO

Stop aux héros-victimes

Deux cas de « héros-victimes » comme référence universelle

Thaïs d’Escufon, l’ancienne porte-parole de Génération identitaire, donne un coup de pied dans la fourmilière des idées reçues

Ceux qu’on qualifie de « héros », à savoir les hommes que notre société établit comme des figures de référence universelles ont considérablement changé de profil au fur et à mesure du temps. Si ces individus sont supposés incarner des modèles quasi indépassables, alors on peut se demander légitimement si l’analyse de ceux-ci ne serait pas une grille de lecture pertinente de l’époque dans laquelle nous vivons. Et c’est ce à quoi j’aimerais vous faire réfléchir dans cette vidéo : Qu’est-ce que le choix de ces héros traduit de notre société et de ce qu’elle souhaite exalter.



Source - https://youtu.be/osP7cR8wARw




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1 commentaire

  • Marc Labelle Répondre

    15 août 2021


    Certes, Thaïs d’Escufon a raison de s’en prendre à l’idéalisme superficiel et au réflexe victimaire contemporains, qui ravagent les esprits faibles. 


    Cependant, pour bien saisir la démarche du libérateur Gandhi, il faut examiner sa doctrine politique, le « satyagriha » (satya = vérité ; âgraha = attachement, obstination), qui plonge ses racines dans la tradition spirituelle de l’Inde.  En effet, l’hindouisme présente trois gounas, qui constituent les trois essences ou substances primordiales de la nature en ordre hiérarchique :


    1.  sattva, la pureté, la vérité ;


    2.  rajas, l’énergie, les passions, la force, le désir ;


    3.  tamas, l’obscurité, les ténèbres, la lourdeur, l’inertie.


    Quoique distincts, les gouṇas s’entremêlent sans cesse dans la nature différenciée.  Leur influence réciproque oriente les processus et les transformations de la matière. 


    Les Anglais, d’abord mus par des intérêts matériels (tamas), imposent leur domination (rajas) aux autres peuples, par exemple en Inde (1757-1947) et au Québec (1759-?).  Or, Gandhi faisait prévaloir l’esprit de vérité (sattva) qui, combiné à la force (rajas) et à une certaine passivité (tamas) tout en leur demeurant supérieur, visait à vaincre l’occupant anglais par la « force tranquille de la vérité ».  En quoi consistait-elle ?  Il s’agissait d’imposer la vérité de son injustice à l’ennemi (son rajas au service du tamas) — retournant ainsi contre lui son inversion des valeurs, quitte à subir momentanément sa violence réactive.  L’hypocrisie de l’ennemi concernant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes se trouvait ainsi mise en lumière par l’attachement de Gandhi à la vérité.  Dans cette perspective philosophique, on comprend que Gandhi ne pouvait exclure totalement la violence libératrice qui est, après tout, fondée sur le principe universel de la légitime défense. 


    La spiritualité active et même passive (ahimsâ, non-violence) de Gandhi n’est donc pas comparable au racisme tamasique de l’ANC de Nelson Mandela.  Et elle ne comportait pas une aspiration à la vengeance.


    L’Inde s’est libérée surtout grâce à la doctrine du satyagraha, mais aussi en partie par la violence d’autres mouvements politiques.  Il faut toutefois considérer le vaste nombre de la population indienne (319 millions d’habitants en 1941) contre une minorité de quelque 100 000 Anglais.  Une violence généralisée des Indiens aurait facilement balayé la puissance occupante. 


    Le peuple québécois n’est pas dans la même situation démographique, mais il peut cependant s’inspirer de la stratégie de libération de Gandhi fondée d’abord sur le courage moral d’accéder à l’indépendance, la seule condition qui vaille.  À notre peuple de créer l’agencement inédit de sattva et de rajas ou de tamas nécessaire à son émancipation.


    Quant à Napoléon, il a fait face à la perfide Grande-Bretagne — la maîtresse des mers — qui suscitait constamment des coalitions de puissances européennes sur le continent pour abattre la puissance française.  Il aurait fallu que Napoléon reconstruise la flotte française après le désastre de Trafalgar, au lieu de commettre l’erreur stratégique de pénétrer la Russie jusqu’à Moscou à la veille de l’hiver. 


    Napoléon fut aussi un civilisateur : vers la fin de sa vie, il affirmait que sa mémoire serait perpétuée non tant à cause de ses 40 victoires sur les champs de bataille, mais par son Code civil.  Ce puissant outil d’organisation intérieure fut adopté par de nombreux pays… dont le Bas-Canada (Canada de l’Est) en 1865.