Le difficile changement de paradigme (suite)

Souveraineté : Deuil du rêve? Non, simplement la fin des illusions

La population nous force à ramener le projet dans le champ du réel.

Chronique de Jean-Claude Pomerleau

En 2011, le mouvement souverainiste aura été secoué sur ses bases par l'électrochoc du 2 mai. Les démissions au Parti Québécois et par un dernier sondage qui confirme, en apparence, que la population a décroché du projet souverainiste. Alors que le sol semble se dérober sous nos pieds, certains souverainistes confus cherchent leurs voix et donnent dans la déprime. Que faut-il conclure ?

Deuil du rêve. Non, simplement la fin des illusions.

De quelles illusions s’agit-il ? Je reviens sur des extraits de texte de M. Jacques Noël, dont j’apprécie les chroniques, toujours pertinentes, dans un style percutant qui vous tient éveillé jusqu'à la fin. Mon but n'est pas de nourrir une polémique mais d'illustrer mon propos sur le thème de l'illusion dans laquelle baigne encore une partie du mouvement, à savoir qu'il suffit de convaincre une majorité de voter OUI, d'obtenir une majorité, pour devenir automatiquement souverain.

Je me dis que si une personne aussi avisée que Jacques Noël donne dans cette illusion, il n'est sûrement pas seul.

Voici les extraits que je retiens de deux textes de Jacques Noël :
" Puisque pendant une heure et demi, jusqu’à ce que rentre le vote du West-Island (c’est là qu’on a le plus voté, fait que ce fut plus long à compter), on gagnait. On avait le pays."

http://www.vigile.net/La-2e-defaite-des-Plaines-d


Elle est là l'illusion: "On gagnait. On avait un pays"

En fait ce n'était pas le cas. La réaction du gouvernement canadien était sans équivoque, il n'allait pas reconnaître un OUI gagnant. Dans ce même texte M. Noël le reconnait lui-même: " ... Au nom de la démocratie, on s’est incliné ! Au nom de la règle du 50% plus un, règle que les Feds n’auraient au grand jamais respectée (Chrétien a vu neiger !) "

Bref, Ottawa n'avait pas l'intention de jouer le jeu démocratique. Et donc le comptage de bouts de papier qui donnent le pays était une illusion. Et cette illusion a un corollaire : si c'était gagnable et que l'on a perdu, c'est la faute à quelqu'un. Et ce quelqu'un ne peut être que le parti qui portait le projet :

"...le 10% qui nous manquait pour gagner et en finir une fois pour toutes avec le Canada. L’échec du PQ, il est là. On s’est assis sur la base solide de 40% de souverainistes pour faire carrière jusqu’à la Chambre des Communes ; on a passé à côté du 10% qui manquait pour avoir un pays. C’est une faute impardonnable. La faute qu’il ne faut plus jamais répéter."

Et il conclu sur cette illusion tenace dans l'esprit de plusieurs : "... les 10% qui manquaient à l’édifice. Le seul et unique obstacle à l’indépendance du Québec."

http://www.vigile.net/Voter-PQ-ne-mene-pas-a-la


En fait "le seul et unique obstacle à l'indépendance" et qui s'est révélé clairement depuis 1995, c'est la volonté de l'État canadien de s'opposer à la souveraineté par tous les moyens, y inclus "l'argument ultime de la partition" (Claude G. Charron: La partition du Québec). Simple constat, depuis le dernier référendum, le Québec a frappé le mur de la realpolitik. La population a compris que la "game" ne se jouerait plus dans ces termes (démocratie de façade), mais que nous sommes dans un rapport de force brut. C'est ce qui explique le décrochage du 2 mai et du dernier sondage (ni souverainiste, ni fédéraliste): "...71 % qui voient le débat national comme étant dépassé."

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/politiquefederale/archives/2011/10/20111012-170721.html

Faut-il en conclure au deuil du rêve. Non, il s'agit de mettre fin aux illusions. La population nous force à ramener le projet dans le champ du réel.

Donc retour sur l'État national. L’État qui, justement, est le déterminant de la politique et que le mouvement souverainiste a oublié, en l’abandonnant en échange d’un pays mythique. Ce faisant le mouvement a laissé la proie pour l’ombre.


Revenir à l'État national. C'est ce que propose le Plan de gouvernance souverainiste (sous réserve de la volonté politique de le mener à bien). Et pour le mettre en adéquation avec ce que veut la population: "Ce sont 77 % des Québécois qui affirment que le débat sur l’avenir politique du Québec doit être mis de côté afin de s’attaquer à des problèmes plus immédiats". Donc il faut que le Parti Québécois s'engage à écarter le référendum pour son premier mandat; le temps de faire le grand ménage, et de refonder l’État sur des bases qui vont créer une dynamique politique qui vise la rupture.

La gravité de la situation commande aussi qu'une entente soit conclue entre le PQ et QS sur un pacte contenant les grandes lignes d'un programme commun, avec entre autres : Enquête sur la corruption, réforme des institutions, remise du référendum pour un mandat, reprise du contrôle sur nos richesses naturelles. Le tout au nom du salut national pour ne pas laisser l'État entre les mains des affairistes pour un autre mandat, ce qui serait une fatalité.

Tout n'est pas joué. Nous pouvons dégager une stratégie gagnante dès maintenant, à condition d'en arriver à la fin des illusions.

Souveraineté: La fin des illusions.


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16 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 octobre 2011

    @ Jean-Claude Pomerleau
    Détrompez-vous M. Pomerleau, il ne peut y avoir de fusion PQ-QS. Cela n'est ni possible ni souhaitable. Tout au plus peut-il y avoir des alliances stratégiques temporaires dans certains comtés.
    Pourquoi en est-il ainsi ?
    1) Québec solidaire arroge au PQ son étiquette faussement social-démocrate;
    2) Québec solidaire adopte une perspective plus attrayante et mobilisatrice quant à la souveraineté du Québec;
    3) Québec solidaire fait voler en éclats la stratégie du PQ faisant de la question nationale la question prioritaire par rapport à la question sociale;
    4) En somme, Québec solidaire représente une menace à la cohésion interne et idéologique du PQ.
    Nicolas Paquet, militant de QS dans Taschereau

  • Archives de Vigile Répondre

    17 octobre 2011

    Monsieur Pomerleau
    Le rapport de force dont vous mentionnez sans cesse avec votre géopolitique (?), le Québec l'a, depuis 1982, lorsque PET Trudeau a rapatrié la constitution canadienne sans l'accord du Québec ce qui était l'équivalent d'un bris de contrat. Autrement dit, Trudeau nous a sorti du Canada et nous n'en sommes pas encore conscients. À partir de ce moment, Québec était en droit de déclarer unilatéralement son indépendance ce qui n'a pas été fait à cause de nos politiciens québécois colonisés qui étaient au pouvoir à Québec à cette époque. Je défie n'importe lequel constitutionnaliste sérieux de venir me prouver le contraire sur Vigile.
    Si le PQ croit vraiment à l'indépendance du Québec, il n'a, qu'en prenant le pouvoir (?), de faire comme le Kosovo et déclarer unilatéralement son indépendance, se doter d'une constitution à être approuvée par le peuple et demander une reconnaissance internationale qui viendrait assez rapidement. Mais connaissant la mentalité écrasée et mollassonne de nos politiciens québécois; je ne verrai pas un geste pareil posé, de leur part, de mon vivant. Durant ce temps, la tibétisation de notre pays réel, le Québec, se poursuit avec la complicité de nos politiciens québécois, c'est triste à mourir! VIVE LA RÉPUBLIQUE LIBRE DU QUÉBEC !!!
    André Gignac 17/10/11

  • Archives de Vigile Répondre

    17 octobre 2011


    Question pour J.C. Pomerleau: Vous avez affirmé que les petits papiers blancs d'octabre '95 n'étaient qu'illusion puisque Chrétien n'aurait pas respecté le résultat du référendum. Un peu court à mon avis.
    Croyez-vous vraiment que Parizeau se serait croisé les bras suite à un refus ? En fait, dès le lendemain du 30 octobre, une autre bataille commençait, soit celle de la reconnaissance de notre État. Je ne sais pas plus que vous si nous aurions gagné cette bataille, mais d'une façon ou d'une autre, nous aurions gagné beaucoup, ne serait-ce que de savoir qu'on pouvait gagner. Ce qui est énorme.
    Bien sûr, il n'y avait pas de garanti, comme dans toute bataille et quand on prend des risques, on peut perdre.
    Mais quand on en prend jamais, on perd toujours.
    André Vincent

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    Pour les péquistes (Pierre Cloutier, Savard, Barberis-Gervais, Levasseur, Noel (qui découvre…), Vincent, le discours de Pauline Marois (gouvernance souverainiste ???) suffit ou ne suffit pas. Le programme péquiste suffit ou doit être réformé ou réhabilité dans la lettre. Mais au fond, se querellent-ils, l'indépendance doit-elle passer par un «PQ millésimé» ou par un «PQ nouvelle mouture» ? Telle serait la question, préviennent-ils ?
    Marois doit rester, disent les uns, elle devrait quitter disent les autres. À sa place disent les uns, elle devrait être remplacée par un charismatique Lucien Bouchard, par un «jeune» Boisclair, par un style Pierre-Marc Johnson, un Landry, un «Jack in the Box», ou un un Parizeau (que je me garde de qualifier), disent les autres ?
    Mais au fond, la grenouille péquiste peut-elle accoucher d'un bœuf indépendantiste ? Question préliminaire à laquelle certains irrités du PQ se refusent de répondre, mais pourtant…
    Ce qu'ils ont en commun, ces péquistes, c'est cette fixation, scotchée au cœur (comme le disent les Français), qui les fait concevoir l'accession à l'indépendance à travers un processus bien réglé qui passe par un mode ordonné d'évènements : prise du pouvoir, puis une succession d'étapes plus ou moins formelles,…croient-ils.
    Mais les indépendantistes, eux, que doivent-ils espérer du PQ s’ils doivent encore en espérer quelque chose ?
    Nous sommes dans un nouveau paradigme. Admettons la grille de Jean-Claude Pomerleau, qui est pertinence comme approche, mais qu'il faut développer. Considérons. Le respect de la démocratie n’existe plus. Le respect du Canada envers le Québec est à l'avenant. Le droit à l’auto détermination a reculé et continue de reculer à travers le monde. Il nous faut désormais concevoir l’indépendance non seulement dans le cadre mondial du politique, mais l'élargir au domaine de l’économique, du populaire et dans un certain sens du militaire. Question pratique. Comment voter pour le PQ pourrait-il être autre chose qu'un vote perdu pour les indépendantistes, sachant que le PQ est le parti historique de la souveraineté et celui qui l’incarne encore le mieux chez nos compatriotes ? Voilà la question que les indépendantistes devraient se poser. La gouvernance souverainiste n’aura jamais de sens que si elle est enracinée dans la réalité. À quand un mouvement indépendantiste qui contraindra le PQ aux commandes de l'État à déclarer l'indépendance 1) en définissant la gouvernance souverainiste (car il est clair que le PQ ne le fera pas) et 2) en incarnant cette gouvernance dans toutes les activités nationales pour l'enraciner.
    GV

  • Jean-Charles Morin Répondre

    16 octobre 2011

    Monsieur Pomerleau,
    Vous dites souhaiter la fin des illusions pour en arriver enfin à une stratégie gagnante pour faire l'indépendance du Québec. Je ne peux qu'être d'accord.
    Il s'agit maintenent de savoir de quelles illusions vous parlez. Moi, j'en vois une, et de taille. Selon ce que vous avancez:
    "Ce sont 77 % des Québécois qui affirment que le débat sur l’avenir politique du Québec doit être mis de côté afin de s’attaquer à des problèmes plus immédiats".
    Et bien moi je vous dis que 77% des Québécois (ou 60%, ou 40%, qu'importe) se gourent joyeusement et se vautrent dans l'illusion la plus crasse s'ils s'imaginent que la province de Québec, avec les moyens politiques, économiques et financiers limités qu'elle se consent actuellement, poura faire seulement le quart du tiers de la moitié du "grand ménage" que vous souhaitez lui imposer.
    Je ne vois pas, d'autre part, comment "une dynamique politique visant la rupture", pour reprendre vos propres termes, résultera de cet exercice. À moins bien sûr que l'explosion de la dette publique en supernova et un "pétage au frette" à la grecque constitue pour vous une dynamique politique.
    Dois-je vous rappeler, à vous et au "Club des 77", qu'une des raisons majeures de faire l'indépendance est de récupérer la part des impôts que les contribuables québécois sont tenus actuellement de verser au gouvernement fédéral canadien afin de donner une fois pour toutes à l'état québécois les moyens de ses ambitions. Sans ce nécessaire appoint, votre invitation à faire le grand ménage revient à nous convier à nettoyer les écuries d'Augias avec une jambe dans le plâtre et une main attachée dans le dos. Je ne savais pas que le Parti Québécois était devenu une filiale du Cirque du Soleil... Vous me l'apprenez.
    Mais il ya pire: le simple fait de faire croire, ou de se faire croire, que ce processus bancal a des chances de succès suscite l'effet pervers de plomber doublement et pour longtemps tout projet d'indépendance. En effet son échec, en plus de faire perdre un temps précieux à toute la société québécoise en aggravant un problème endémique, va accentuer la perte de confiance et le cynisme du citoyen envers le seul gouvernement d'un état francophone en Amérique du Nord; et son improbable, voire impossible succès permettrait aux fédéralistes de pavoiser en disant que l'indépendance n'est pas nécessaire puisque la preuve est maintenent faite que la Province de Québec jouit déjà de tous les pouvoirs nécessaires pour se tirer d'affaire. Alors si cet exercice inutile et dangereux a pour but d'obtenir comme vous semblez le souhaiter la "dynamique politique qui vise la rupture", on repassera...
    Il devrait être pourtant clair que l'accession à l'indépendance devrait constituer la première étape indispensable et incontournable devant mener à tout le reste, de même que le seul point au programme d'une coalition indépendantiste. Penser autrement comme vous le faites en tentant de mettre la charrue devant les boeufs et de justifier la procrastination à outrance constitue la pire des illusions.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    Il semble M.Pomerleau que le petit jeu des Libéraux vous a complétement échappé.
    Les Libéraux mettent la province dans le rouge. Et le PQ détruit l'appui de la souveraineté en redressant les finances publiques.
    Voilà une raison additionnelle pour ne pas appuyer un programme de gouvernance péquiste.

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    16 octobre 2011

    Quelle que soit la précision ou la justesse de l’analyse de Jacques Noël, celui-ci situe toujours ses interventions à l’intérieur du paradigme démocratique, savoir le paradigme des régimes politiques dans lesquels la source primaire de légitimité est la volonté majoritaire.
    La véritable question n'est donc pas de spéculer a posteriori sur ce qu'Ottawa aurait fait ou pas à la suite d'un vote majoritaire.
    Ce qui est encore beaucoup plus certain que les illusions que vous dénoncez, c'est la certitude qu'à partir du moment où le Oui l'emportait, il y aurait eu coup de tonnerre sur les fils de presse du monde entier et nous aurions eu le "beau rôle".
    La légitimité démocratique des vainqueurs demeure inscrite dans l'histoire. Pas celle des vaincus ou des totalitaires.

  • Jean-Jacques Nantel Répondre

    16 octobre 2011

    Il est absolument évident que si nous ajoutons une nouvelle étape avant de faire la souveraineté, à savoir le renforcement préalable de l'Etat, les ennemis du Québec vont chercher à retarder la souveraineté, à l'empêcher en fait, en s'attaquant à cette nouvelle étape.
    Autrement dit, les fédéralistes vont se servir de chacun de leur passage au pouvoir pour affaiblir au maximum l'Etat du Québec (c'est ce que fait présentement le PLQ); ce qui obligera à chaque fois le PQ à perdre un autre mandat pour le renforcer et ce, sans jamais réaliser la souveraineté. En effet, le grand ménage de l'Etat dont on parle ici va choquer d'innombrables intérêts particuliers et, conséquemment, va faire diminuer l'appui au projet. On va donc nous repasser un Lucien Bouchard à chaque nouvelle élection en nous disant qu'on n'a pas le pourcentage pour faire un référendum.
    Le sabotage dont on parle sera d'autant plus facile que le fédéral possède la moitié de notre gouvernement et que la Cour suprême est de son côté.
    Le résultat de ce nouvel attentisme sera qu'on perdra sur tous les plans. On restera à jamais coincés dans le Canada et on sera devenu pauvres parce que notre Etat sera en perpétuel balancement entre la démolition et la reconstruction. Si la souveraineté doit être faite le plus tôt possible, c'est justement pour défendre notre Etat et notre richesse.
    Ajoutons que le jeu de l'immigration, qui nous fait reculer de 1% tous les deux ans, fait que tout attentisme signifie la mort du projet ou son report à dans au moins un siècle, soit le temps d'assimiler tout ce beau monde. C'est de l'arithmétique de première année.
    Jean-Jacques Nantel, ing.

  • L'engagé Répondre

    16 octobre 2011

    Monsieur Pomerleau,
    Je souscris à l'essentiel de votre état des lieux, mais je ne suis pas d'accord la conclusion que vous en tirez.
    Pour l'état des lieux :
    « Bref, Ottawa n’avait pas l’intention de jouer le jeu démocratique. Et donc le comptage de bouts de papier qui donnent le pays était une illusion.»i
    «En fait "le seul et unique obstacle à l’indépendance" et qui s’est révélé clairement depuis 1995, c’est la volonté de l’État canadien de s’opposer à la souveraineté par tous les moyens, y inclus "l’argument ultime de la partition" (Claude G. Charron : La partition du Québec). Simple constat, depuis le dernier référendum, le Québec a frappé le mur de la realpolitik.»
    Ce qui suppose une véritable lutte, ce que j'appelle une guerre civile non-violente. C'est un changement radical que nous devons provoquer: ou nous augmentons le nombre de nos partisans ou nous augmentons le pouvoir de nuire de nos plus radicaux. Idéalement, on fait les deux : allez lire le texte de Pierre Marchand (mon mentor...) http://www.vigile.net/La-logique-et-l-art-de-la-lutte
    La stratégie et la tactique à utiliser pour obtenir le succès contre le Canada Anglais, les Canadiens Anglais au Canada Anglais et au Québec, doivent mettre, devront mettre, et mettront l’accent sur le mouvement constant de mouvements indépendantistes, indépendants des partis politiques, et devront reposer, et reposeront, notamment, sur un principe très simple, savoir avancer et savoir reculer.
    1. Quand l’ennemi avance, nous reculons.
    2. Quand l’ennemi recule, nous avançons.
    Ce qui correspond à quatre slogans (formules brèves et percutantes), que nous devons et devrons adapter à notre lutte :
    Les 4 slogans
    1. Lorsque l’ennemi progresse, nous battons en retraite.
    2. Lorsque l’ennemi arrête, nous harcelons.
    3. Lorsque l’ennemi cherche à éviter le combat, nous attaquons.
    4. Lorsque l’ennemi bat en retraite, nous poursuivons.

    À l'heure où nous nous parlons, le PQ fait-il cela? La gouvernance est-elle une doctrine qui favorise l'art de la guerre? Peut-elle être utilisée tout de suite? À ces trois question, la réponse est NON.
    Battre en retraite suppose de gagner l'initiative, c'est très différent que de se faire immobiliser par l'ennemi et ne plus savoir quoi faire. L'attentisme électoral du PQ n'est pas une tactique de guerre efficace.
    La gouvernance pourrait être une arme sémantique pour dissimuler une tactique dévastatrice ou secrète et il est vrai que l'on ne doit pas dévoiler de stratégie, mais cela supposerait que le PQ soit incroyablement farouche sur le plan de l'indépendance, qu'il soit fourbe et machiavélique.
    Aussant, Curzi, Lapointe et Beaudoin seraient-ils parti s'il existait un tel plan? On le leur aurait exposé. Au contraire, la saga de la loi 204 a montré que la gouvernance n'était pas accompagnée d'une campagne organisée pour véritablement garantir la promotion de l'indépendance.
    Ce faisant, ce qu'il nous reste, puisque que l'esprit pugnace est absent du PQ, c'est l'analyse de «la lettre» du contenu de cette gouvernance. Et là, Cloutier a fait une analyse assez sévère.
    On doit donc conclure que la gouvernance, c'est moins que les stratégies passées et que les personnes qui vont l'exécuter ont de moins bonnes qualités tactiques que lors de nos deux dernière stratégies perdantes.
    Comment ce qui est moins fort, moins bon que ce qui était mauvais peut-il nous conduire à la victoire?
    La gouvernance, ce n'est pas appliquer L'Art de la guerre, c'est oublier aussi la pédagogie de Séguin. Que l'on m'explique le contraire... Mais pour «gagner», «conquérir» l'indépendance, le PQ a besoin de tous ses alliés, il ne peut faire l'indépendance seul car il doit mobiliser la société civile, donc même s'il avait un super plan, il devrait le partager.
    Or le PQ n'est pas du tout dans cette logique de conciliation, il multiplie les appels à le rejoindre, sans faire de compromis sur son plan, alors qu'il a montré la faiblesse de ses stratégies, son incapacité à gagner des combats et surtout, à choisir ses batailles.
    Nous sommes plus faibles que les feds, nous n'avons ni l'argent, ni l'organisation, ni les médias pour gagner une guerre ouverte, mais nous pouvons faire une guerilla. C'est le seul type de guerre que nous pouvons gagner et qui peut nous faire gagner des partisans.
    C'est la seule conclusion logique qui découle de vos constat. D'ailleurs, en appelant l'union, vous désavouez le PQ actuel qui rejette de telles alternatives (il peut inviter les partisans de QS à voter pour lui, mais ce n'est pas additionner les forces conjointes des deux organisations).
    Comprenez-vous que des gens comme moi, ordinairement péquistes, mais indépendantistes d'abord, commencions à douter que le PQ veuille véritablement l'indépendance?
    On augmente le nombre de nos militants (la pédagogie), on lutte. Chercher à gagner le pouvoir politique provincial dans l'intervalle, en sacrifiant ces deux objectifs, c'est contreproductif.
    Ce n'est pas parce qu'on a fait une chose mauvaise pendant 40 ans qu'il faut la continuer. Sans examen de nos échecs et sans en tirer toutes les conclusions nécessaires, écoeurer le peuple est contreproductif.
    Et à ceux qui s'inquiètent que l'on démembre notre état et que l'on pille nos ressources dans l'intervalle, la constitution d'une opposition citoyenne forte et intégrée au travail d'émancipation permet de renouer avec l'idéal populaire de l'indépendance de la première heure. On construit un état souverain avec un peuple souverain et ce peuple, c'est à lui de se mobiliser contre un pouvoir provincial tout aussi complice.
    S'il n'est pas capable, ce peuple, d'empêcher l'extraction de notre gaz, de notre or, de notre bois si cela ne lui est pas profitable, alors il n'est pas plus capable de conquérir son indépendance. Si on ne peut pas mobiliser 20 000 indépendantistes pour occuper les radios pour imposer le respect de notre langue, alors on n'aura jamais assez de poids pour gagner contre le Canada-anglais.
    Obliger le gouvernement (qu'il soit libéral, adéquiste, péquiste ou caquiste) à respecter la loi 101 ou à la renforcer, c'est moins difficile que d'obtenir l'indépendance.
    TABARNAC, des écolos ont gagné contre le Suroît et des bourgeois ont gagné à Orford et nous, qui sommes 13, 15 ou 25% de la société, on ne serait pas capable de gagner nos batailles?

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    Message à Didier
    QS est "souverainiste" et veut une constituante citoyenne.
    QS et PQ pourraient faire une entente sur un projet de loi transitoire sur la nation québécoise qui déboucherait sur une constituante.
    L'entente est possible, mais il n'y a pas de volonté politique de le faire parce que les leaders de chaque parti mettent leurs petits égos de merde avant la patrie.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    Monsieur Pomerleau,
    Il ne peut y avoir de pacte entre le PQ et QS parce que le PQ est affairiste comme vous le dites si bien et que QS n'est pas affairiste, du moins il place la justice sociale avant le monde capitaliste des affaires ce qui n'est pas le cas pour le PQ.
    Le plus troublant quand vous dites qu'on ne peut laisser le Québec aux affairistes pour un autre mandat, c'est que c'est justement un affairiste avec qui les Québécois sont en amour présentement, monsieur François Legault.
    La majorité des Québécois voue un culte au monde capitaliste de la finance et des affaires, ne le saviez-vous pas? C'est ce qu'a déjà soutenu d'ailleurs le professeur Léo-Paul Lauzon.
    Et c'est ce que décrit aussi Pierre Falardeau dans sa caricature du Québécois qu'est le personnage d'Elvis Gratton...

  • Marcel Haché Répondre

    16 octobre 2011

    Avant toute chose et de toute nécessité, le P.Q. doit s’adresser à Nous. Il faut que cesse cette folie de craindre le West Island qui ne votera jamais pour l’indépendance, mais qui voterait au contraire à fond pour la partition, comme il a déjà voté pour les dé-fusions.
    Le P.Q. n’a pas pour mission de rallier tous les indépendantistes autour d’un nouveau paradigme. Il a pour mission de prendre le Pouvoir. Même si leur influence est grande, grande encore, les indépendantistes les plus déterminés comptent pour peu dans l’électorat. Mais je partage totalement votre point de vue, J.C. Pomerleau, à l’effet qu’une fin des illusions doive se faire. Il serait de très loin préférable que cette fin des illusions s’effectue bientôt, plutôt que sous un quatrième mandat de P.L.Q. du West Island…
    C’est en s’adressant à Nous, les premiers concernés, mais sans exclusive, que l’électorat répondra au P.Q. autrement qu’en « fuyant le Québec », comme il l’a fait le 2 Mai.
    L’électorat-Nous- est amplement capable de comprendre la game et un nouveau paradigme pour autant que le P.Q. s’adresse d’abord à lui, c’est-à-dire Nous.
    Mais si le P.Q. ne s’adresse pas à Nous, l’immense danger viendra rapidement que, d’une manière détournée, d’autres le feront avec un tout autre agenda que le nôtre, le « nôtre » étant ici celui de nous autres, les indépendantistes.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    Qui est le joueur de flûte qui a amené les enfants loin du village?
    Télévision, ordinateur, voiture, Ipod...
    Comment éduquer une bande de cruche qui sont déjà pleines.
    Je me résumerai en disant que personne ne veut le succès de l'Amérique du Nord, personne ne croit qu'il faudrait qu'Américains et Canadiens soient fiers de voir naître une autre entité en Amérique du Nord... Qu'il s'agit en fait d'un "happening" nord américain... D'une fierté collective, d'un projet déterminant pour le continent.
    L'amérique saigne depuis 250 ans...
    Et nous en sommes la plaie...
    Utilisez les mots que vous voulez, les routes que vous désirez...
    Le respect des hommes fut oublié en nos terres...
    Parfois, surtout lorsque l'on crée quelquechose de nouveau, il faut dire; "Au diable les livres".
    Et votre texte n'est que l'épisode 467 d'une éternelle série en rediffusion...
    Changez de poste...
    Aucun humain confronté sur le plan que j'avance ne pourrais prétendre à une autre vérité sans laisser paraître les ficelles qui le contrôle...
    Try it!... Or try me?
    Eric
    P.s.: Cette situation a fait couler des tonnes d'encres... Et du haut de notre modernité, on se maintient en échec face à l'avenir créatif de l'humanité...
    Médiocre humanité va...

  • Pierre Schneider Répondre

    16 octobre 2011

    Reprendre le contrôle d'un État démembré, certes mais pour moi la fin des illusions signifie la fin de l'étapisme et des référendums...tant que nous n'aurons pas un gouvernement qui s'engage à faire adopter une constitution d"État républicain.
    C'est la moindre des choses si on veut obtenir l'appui des autres pays déjà membre de l'ONU.
    La population veut un grand ménage, eh bien il faut le lui offrir à tous les niveaux des institutions encore sous le joug de la royale monarchie.
    L'État citoyen, c'est la République, un mot qui fait tellement peur aux politiciens toutes tendances confondues.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    [1] Non, non et non.
    [2] Nous pouvons marcher et mâcher de la gomme en même temps.
    [3] Nous pouvons faire une proposition de consolidation de l'État fédéré actuel et mettre une proposition d'indépendance sur la table lors de la prochaine élection, même si cette dernière proposition ne s'appliquera qu'en cas de référendum gagnant.
    [4] Ce n'est pas vrai qu'on va laisser tomber le principal pour le secondaire, le pays pour un plat de lentilles provincial.
    [5] C'est non et ce sera toujours non. Il n'y a pas d'union possible des forces souverainistes/indépendantistes dans ces conditions.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    Le grand ménage! C'est en plein ce que suggère l'ADQ depuis 10 ans, depuis son grand virage à droite (jusqu'au référendum, Mario faisait dans la constitution, pas dans la droite. C,est son mariage avec Jeff Fillion, à la fin du 20e, qui a tout changé)
    Le grand ménage, c'est ce que va nous proposer Legault-go.
    Le grand ménage avec juste la moitié de nos moyens. Que dale l'autre 50 milliards qui va atterrir dans des bateaux de 35G et des avions de 30G.
    Le débat gauche-droite va achever le PQ. Car en bout de ligne il vous reste quelle raison de voter PQ une fois qu'il n'y a plus de souveraineté en jeu et que le débat consiste maintenant à nettoyer la soue à cochon laissée par les Libéraux?