Sarkozy et le Québec

Depuis de Gaulle, la situation a beaucoup changé. Les indépendantistes ont subi deux défaites aux référendums de 1980 et 1995.

France-Québec : fin du "ni-ni"?



Sa redécouverte récente des références gaullistes n'a pas amené Nicolas Sarkozy, en visite au Québec, à mettre ses pas dans ceux du général de Gaulle. Le premier président de la Ve République avait enthousiasmé les indépendantistes et soulevé l'indignation des Canadiens fédéralistes en lançant, le 24 juillet 1967, depuis le balcon de l'hôtel de ville de Montréal, son fameux "Vive le Québec libre !".

M. Sarkozy a été plus sobre, même si, dans son discours devant l'Assemblée nationale du Québec, il a su trouver des mots personnels et chaleureux pour évoquer "la fraternité entre le peuple français et le peuple québécois". Auparavant, il avait employé, à la plus grande satisfaction de ses hôtes, un terme qui a longtemps suscité des polémiques, mais qui est maintenant accepté par les autorités fédérales canadiennes : celui de "nation québécoise".
Il était important pour le chef de l'Etat de dissiper quelques craintes. Après la fièvre pro-indépendantiste des années 1960, la politique française était revenue depuis longtemps à une position plus équilibrée. Le mot d'ordre était "ni ingérence ni indifférence". Mais M. Sarkozy avait semblé remettre en cause ce "ni-ni" qui convenait aux Québécois. Il s'en est expliqué en prônant des rapports plus étroits à la fois avec le Québec et avec le Canada.
Les deux ne sont plus incompatibles. Depuis de Gaulle, la situation a beaucoup changé. Les indépendantistes ont subi deux défaites aux référendums de 1980 et 1995. Les relations entre Paris et l'ancienne "Nouvelle-France" ont atteint une certaine maturité, dit-on maintenant à Québec, en même temps que les relations entre le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral se sont apaisées.
Le Québec et la France n'en veulent pas moins profiter de leurs liens privilégiés pour montrer l'exemple. Ainsi, M. Sarkozy et le premier ministre québécois, Jean Charest, ont signé un accord sur la mobilité de la main-d'oeuvre entre les deux pays, sans précédent en dehors de l'Union européenne. C'est une manière d'utiliser la marge de manoeuvre internationale que les Québécois se sont taillée, notamment au sein de la francophonie, sans se relancer dans des querelles institutionnelles stériles.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé