L'élection de Stephen Harper et la victoire de Stéphane Dion ont fait de 2006 l'une des années les plus riches en surprises. La table est mise pour une année 2007 fort occupée et totalement imprévisible... Allons-y tout de même pour les prédictions, même si c'est un exercice casse-gueule que l'on réserve généralement pour les discussions entre amis, autour d'un bon repas.
Les élections au Québec
C'est le Parti libéral qui gagnera les prochaines élections au Québec. Jean Charest déclenchera les élections le jeudi 15 mars, pour un scrutin le lundi 23 avril. Pourquoi le 23 avril ? Parce que le 2 avril impliquerait un déclenchement des élections le 28 février, pour une campagne de 33 jours en plein hiver. Ce serait trop risqué...
Impossible de voter le lundi de Pâques, le 9 avril, de même que le lundi suivant 16 avril, à cause du vote par anticipation qui se retrouverait en plein congé pascal. Nous voterons donc le 23 avril.
L'Assemblée nationale reprend ses travaux le 13 mars, le temps de déposer un budget et de déclencher les élections. Le congrès libéral prévu la fin de semaine des 24 et 25 mars se transformera donc en rassemblement électoral. M. Charest aura alors en poche la proposition fédérale sur le déséquilibre fiscal. Un bémol : Jean Charest ne déclenchera pas d'élections si le budget de Stephen Harper est défait aux Communes. M. Harper déposera son budget entre le 20 et le 28 février.
Les élections fédérales
Les pressés devront patienter, il n'y aura pas d'élections fédérales avant l'automne prochain. Stéphane Dion et Jack Layton ont besoin de temps pour regarnir les caisses de leurs partis. M. Dion, tout comme ses lieutenants Ignatieff, Rae et Kennedy, est épuisé et endetté après la longue course à la direction du PLC. Il sait qu'un scrutin hâtif serait favorable au Bloc québécois. Une victoire de Jean Charest à Québec lui éviterait les embûches d'un troisième référendum où il retomberait dans son rôle du fédéraliste pur et dur qui lui a tant fait mal dans sa province natale.
De plus, M. Dion a intérêt à attendre à l'automne pour profiter des déboires inévitables du contingent de Valcartier qui partira pour l'Afghanistan en août.
Qui gagnera les élections fédérales ? Les libéraux, à cause de la guerre en Afghanistan et de la faible crédibilité de Stephen Harper en matière environnementale. Mais je pourrais tout aussi bien prédire que Stéphane Dion trébuchera en campagne électorale et que Harper saura manoeuvrer tout aussi habilement sur l'environnement qu'il l'a fait sur la reconnaissance du Québec comme une nation. Je ne prends donc aucun pari sérieux sur ma prédiction d'une victoire libérale.
Jean Charest
Jean Charest présentera une machine libérale bien huilée et d'autant plus motivée qu'André Boisclair n'est pas parvenu à se présenter comme une solution de rechange crédible au poste de premier ministre. La possibilité d'une deuxième victoire libérale lui permettra de recruter des candidats de prestige.
André Boisclair
André Boisclair se barrera les pieds sur sa stratégie référendaire et sur sa crédibilité personnelle. Le Parti québécois cherchera un nouveau chef. Les spéculations ramèneront Bernard Landry et Pauline Marois, mais ils seront mis de côté rapidement. Gilles Duceppe aura 60 ans en juillet. Il restera à Ottawa en attendant de toucher sa généreuse pension fédérale. C'est donc entre François Legault et Diane Lemieux que se fera la prochaine course à la direction du PQ.
Mario Dumont
La population de Rivière-du-Loup ne laissera pas tomber "Super Mario" aux prochaines élections. C'est M. Dumont qui prendra l'initiative de quitter la politique, peut-être à la fin de 2007, mais plus probablement en 2008. Après plus de 12 ans à la tête de l'ADQ, il ira faire de l'argent dans le secteur privé, en se disant qu'il aura toujours le temps de revenir un jour. Après tout, il n'aura que 37 ans en mai...
Le déséquilibre fiscal
Le débat sur le déséquilibre fiscal va disparaître du vocabulaire politique. Les provinces reviendront à la vieille méthode de conclure des ententes bilatérales avec le gouvernement fédéral. De plus, le ralentissement de l'économie nord-américaine et les concessions fiscales déjà accordée par Stephen Harper vont gruger les surplus d'Ottawa. Stephen Harper fera une proposition dans son budget de février. Attendez-vous à un gros montant, mais réparti sur 5 ou 10 ans, qui sera plus facile à défendre en campagne électorale. La péréquation sera également modifiée. Ottawa tiendra dorénavant compte des revenus de toutes les provinces, incluant ceux des ressources naturelles. Pour consoler Terre-Neuve et la Saskatchewan, Stephen Harper leur accordera une aide spéciale, similaire à celle qu'on offre au Québec en aéronautique ou à l'Ouest en agriculture.
L'Afghanistan
Les troupes canadiennes resteront en Afghanistan jusqu'en 2009. Stéphane Dion ne les rappellera pas au pays, mais verra à ce qu'elles se retirent le plus possible des zones de combat, afin de minimiser les risques.
L'environnement
Stephen Harper nommera l'Ontarien Tony Clement au ministère de l'Environnement en janvier, avec pour mandat de rebâtir la crédibilité de son parti en ce domaine. Mais M. Harper ou M. Dion ne seront pas en mesure de respecter les cibles du Protocole de Kyoto, parce qu'il est déjà trop tard par rapport aux échéanciers établis.
Stéphane Dion et le Québec
Le nouveau chef libéral gagnera quelques circonscriptions de plus au Québec, mais n'y fera pas de percée spectaculaire. Les militants libéraux, qui avaient boudé le PLC au dernier scrutin à cause du scandale des commandites, seront à nouveau sur le terrain. Mais il n'y aura pas d'histoire d'amour entre Stéphane Dion et les Québécois.
Pour joindre notre chroniqueur : glavoie@lesoleil.com
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