Revenir au bas de laine

L'affaire de la CDPQ — le scandale



À la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), on n'aime pas l'expression «bas de laine». Elle donne une image trop «pépère» de l'organisation. À la lumière des résultats catastrophiques obtenus en 2008, on doit conclure que les gestionnaires de la Caisse, de même que la société québécoise et ses élus, auraient avantage à revenir à une vision beaucoup plus conservatrice de la mission de l'institution.
Le rôle de la Caisse, c'est de gérer les fonds des régimes de pension et d'assurance de façon à permettre à ceux-ci de remplir leurs obligations à un coût raisonnable pour les cotisants. Point.

On doit espérer, bien sûr, que les rendements obtenus par la CDPQ soient comparables à ceux des autres grandes caisses de retraite. Mais elle n'a pas à se lancer dans une course à finir avec Teachers' ou OMERS. Si Teachers' «bat» la Caisse une année donnée mais que le rendement obtenu par la Caisse correspond aux besoins des déposants, on ne devrait avoir rien à redire. Il n'y a pas de compétition, la fierté québécoise n'est pas en jeu.
Si des cracks de l'investissement veulent s'amuser avec des produits financiers incompréhensibles et excessivement risqués, qu'ils aillent travailler au privé. On aurait aimé lire dans le communiqué de presse diffusé hier par la Caisse ce qu'on a trouvé dans celui publié par la caisse de retraite des employés municipaux de l'Ontario: «OMERS a évité une exposition directe à certains types de placements risqués (...)»
Malheureusement, les gestionnaires de fonds de la Caisse ont cédé à la tentation. Ils ont sous-estimé le risque des papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA), que plusieurs investisseurs avaient pourtant bel et bien vus. Pertes en 2008 (provisions et pertes réalisées): 4 milliards. De plus, selon les informations révélées hier par le PDG Fernand Perreault, les responsables de la répartition d'actifs ont réalisé des transactions particulièrement risquées dans des produits dérivés, transactions qui ont coûté quelque 1,5 milliard.
Les partis de l'opposition ont raison d'exiger que la commission parlementaire mandatée pour analyser les activités de la Caisse de dépôt dispose de tout le temps nécessaire pour aller au fond de choses. Ils devraient toutefois éviter de semer la confusion quant aux causes de ce qui est arrivé. En particulier, il n'y a de toute évidence aucun lien entre les pertes subies en 2008 et le rôle, réel ou souhaité, de la Caisse dans le développement économique du Québec.
Si les politiciens québécois veulent que l'État intervienne pour sauver des «fleurons» de l'économie québécoise d'une mainmise extérieure, ils devraient le faire directement, par le biais de la SGF par exemple, plutôt que d'utiliser les fonds déposés à la Caisse. Nous insistons : la mission de la Caisse doit être, uniquement, de gérer les fonds des déposants pour permettre à ceux-ci de remplir leurs obligations.
En somme, la Caisse doit redevenir le «bas de laine» des Québécois. Et en être fière.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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