La Caisse : l’avant-match

L'affaire de la CDPQ — le scandale

Pierre Duhamel - Quelques repères et réflexions à la veille de la publication des résultats de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
1. Les résultats de la Caisse de dépôt et de placement du Québec sont épouvantables et inacceptables.
2. On peut facilement expliquer la moitié des pertes par les conditions exécrables du marché.
3. Pour mettre son actif à l’abri du risque et obtenir de meilleurs rendements à court terme, les dirigeants de la Caisse ont eu recours à la toute la panoplie de produits financiers sophistiqués. Cela leur a explosé en pleine face quand la crise financière a éclaté.
4. La Caisse n’est pas la seule institution financière à avoir joué avec ces véhicules qui se sont avérés fabuleusement toxiques et explosifs, mais parmi les caisses de retraite elle s’est misérablement distinguée. Toute l’industrie du placement est basée sur la gestion du risque et quelquefois on se fait solidement ramassé. Un gestionnaire de caisses de retraite devrait être particulièrement prudent et conservateur, ce qui n’a pas été le cas.
5. Les dirigeants de la Caisse se sont fourvoyés complètement. Mais jusqu’à preuve du contraire, ils ne sont pas responsables d’aucune malversation, infraction ou crime. C’est une bêtise énorme et coûteuse, mais effectuée de bonne foi.
6. Il n’y a d’ailleurs pas que les dirigeants de la Caisse qui n’y ont vu que du feu. Le comité du conseil d’administration responsable de la gestion du risque est composé d’un PHd en gestion, d’un PHd en économie et d’une doctorante en mathématique. On y retrouve celui qui dirigeait le Mouvement Desjardins, Alban D’Amours, et l’une des meilleures têtes du milieu des affaires québécois, Yvan Allaire.
7. J’ai déjà fait mention des énormes problèmes de gouvernance observés à la Caisse. Les déposants ont-ils été suffisamment clairs et prudents quand ils ont confiés leur argent aux gestionnaires de la Caisse ? Pourquoi le ministère des Finances n’est-il pas représenté au conseil ? Pourquoi le mandat de la majorité des membres du conseil n’a-t-il pas été renouvelé ? Pourquoi se retrouve-t-on sans président ? À quand la nouvelle politique de placement et de gestion du risque ?
8. Il faut lire ce matin dans [Le Devoir les propos de Léo Courville->18172], qui a été le numéro 2 de la Banque Nationale du Canada pendant plusieurs années.
9. Léon Courville affirme qu’une perte de 38 milliards, comme celle qu’on impute à la Caisse, se traduirait par une perte de plus d’un 1,628 billion de dollars aux États-Unis. Je trouve ici que Léon Courville va vite en affaires. Pour arriver à ce chiffre spectaculaire, il fait une petite règle de trois à partir de la population respective du Québec et des États-Unis. Je préfère comparer les résultats de la Caisse à ceux de CalPERS, plus importante caisse de retraite publique américaine. À cette échelle, la perte de la Caisse - si elle était aux États-Unis - serait de 48 milliards de dollars, pas de 1,6 billion ! Pourquoi amplifier ? 38 milliards, c’est assez gros comme ça !
10. Je ne veux pas de tribunal d’inquisition car on sait ce qui s’est passé. Mais je veux une entière reconnaissance des torts et des excuses de la part des dirigeants de la Caisse et aussi du gouvernement.
11. Et nommons au plus vite un nouveau président du conseil, un nouveau PDG et discutons en commission parlementaire de la nouvelle politique de placement et de gestion de risque de l’institution. Pensons à l’avenir.
12. Entre-temps, il semble que 2009 sera aussi une année de misère sur les marchés…


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé