Revendications autochtones: les francophones moins favorables

Autochtones

Soixante-trois pour cent des Québécois, toutes langues confondues, estiment que les habitants originels du pays se nuisent à eux-mêmes en dressant des barricades comme celle à Kanesatake en 2004. (Photothèque Le Soleil)


Jean-François Cliche - Il faut croire que la lune de miel entre les Amérindiens et les francophones du Québec ne commencera pas aujourd’hui. Pas moins de 67 % de ces derniers estiment en effet que les Amérindiens se tirent dans le pied en menaçant de bloquer les routes, et 40 % croient que la plupart de leurs revendications sont « exagérées », des proportions plus élevées que chez les anglophones et les allophones de la province.
C’est ce qui ressort d’un sondage SOM—La Presse mené du 6 au 18 juin auprès de 1006 personnes — ce qui donne une marge d’erreur de 4,2 %, 19 fois sur 20. Toutes langues confondues, seulement 15,5 % des Québécois sont d’avis que les revendications amérindiennes sont généralement fondées, alors que 36,8 % pensent le contraire et 39,2 % ont une opinion mitigée.
De même, moins de un sur cinq (17 %) croient que les menaces de barricades aident la cause des Premières Nations, et autant n’y voient aucun effet. Cependant, 63,3 % des Québécois estiment que les habitants originels du pays se nuisent à eux-mêmes par de telles protestations.
Comme le montre notre tableau, des différences assez nettes séparent les francophones des autres Québécois sur ces questions, ceux-ci étant apparemment plus empathique envers la situation des Amérindiens.
Ce bref sondage de huit questions a également provoqué de drôles de réponses. Alors qu’environ 60 % des sondés disent que les gouvernements s’occupent « assez bien » ou « très bien » des revendications autochtones, ces mêmes personnes jugent majoritairement (52,6 %) qu’Ottawa et Québec devraient être plus ouverts à tous les types de demandes — territoire, autonomie gouvernementale et financement des programmes sociaux.
Les sondés qui ont choisi seulement une de ces trois catégories de doléances ont toutefois montré une nette préférence pour le financement des programmes sociaux (27,5 %), qui est plutôt neutre du point de vue de l’identité. Les questions de territoire (5,9 %) et de gouvernement (8,4 %) sont nettement moins populaires.
« Quand on parle de pouvoir et de territoire, dit Guy Larocque, sondeur chez SOM, si quelqu’un en a plus, ça veut dire que quelqu’un d’autre en a moins. Alors que les demandes de financement pour les programmes sociaux, elles, concernent des programmes comme il y en a pour tous les Québécois. Donc, ça ne les prend pas de front. »
Les gens qui ont reçu une instruction de niveau universitaire sont en moyenne plus réceptifs que les autres à la cause amérindienne, souligne M. Larocque, mais ils sont aussi plus sévères sur les questions d’argent. Pas moins de 71,7 % d’entre eux jugent que les sommes imparties aux communautés sont assez ou très mal gérées, alors qu’entre 60 et 65 % des autres sont du même avis.
Notons enfin que 69,2 % des Québécois estiment suffisante (51,5 %) ou excessive (17,7 %) l’aide financière aux autochtones. « Alors je me pose une question, dit M. Larocque : devant ce 69 % de Québécois qui jugent que c’est suffisant ou excessif, quelle sera la réaction des gouvernements du Québec et du Canada devant
les revendications autochtones ? C’est leur électorat qui pense ça. Alors pour le moment, le contexte n’est pas très favorable.
« Et deuxièmement, les autochtones le savent aussi. Alors j’ai l’impression qu’ils vont se sentir un peu coincés. »


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