LE SOLEIL - POINT DE VUE

Rabaska : nécessaire aux manufacturiers et aux exportateurs

Rabaska

Le 4 octobre dernier, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Claude Béchard, annonçait que le gouvernement du Québec retirait le projet Rabaska de l'analyse de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).
Le ministre indiquait qu'il souhaitait ainsi activer le projet et faire en sorte qu'il se réalise rapidement. Par sa décision, il envoyait alors un message clair et positif aux investisseurs et aux promoteurs du projet afin qu'ils puissent passer à des étapes plus avancées de négociation.
Le ministre invoquait alors l'urgence pour le Québec de pouvoir diversifier ses approvisionnements énergétiques en misant entre autres, sur un terminal méthanier pouvant accueillir par bateaux, du gaz naturel liquéfié (GNL) et le stoker à Lévis, en banlieue de Québec.
Par cette décision du ministre des Ressources naturelles et de la Faune, le gouvernement du Québec considère qu'il a en main l'information nécessaire pour aller de l'avant dans le processus d'approbation du projet et ce, conformément aux lois et règlements du Québec.
Le processus d'examen du projet Rabaska s'est entamé il y a trois ans. Il a fait l'objet d'études approfondies par le comité Termpol sur le transport maritime et de la Commission d'examen conjoint du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) et de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale (ACEE). Le projet a d'ailleurs reçu une recommandation favorable du BAPE et de l'ACEE en juillet dernier après que ceux-ci eurent évalué près de 700 mémoires.
Le contexte manufacturier
À l'instar des secteurs manufacturiers occidentaux, les manufacturiers québécois sont frappés par ce que plusieurs ont qualifié d'une tempête parfaite (perfect storm).
La devise canadienne a atteint il y a quelques semaines la parité avec la devise américaine; une première depuis 30 ans ce qui pénalise les exportations du Canada en destination des États-Unis, de loin notre partenaire commercial le plus important. Imaginez, à chaque fois que le dollar canadien s'apprécie d'un cent par rapport au dollar américain, les exportateurs québécois affichent un manque à gagner de 400 millions de dollars sur une base annuelle.
La mondialisation vient aussi perturber fortement la situation des manufacturiers exportateurs puisque plusieurs de leurs concurrents internationaux affichent des coûts de production beaucoup moins élevés.
Enfin depuis quelques années, les coûts d'énergie se sont largement appréciés, toutes formes confondues. Étant donné que l'énergie représente une part importante des coûts de production des manufacturiers, on constate alors un nouveau facteur pénalisant pour les entreprises manufacturières québécoises.
Le gaz naturel n'y échappe pas
Dans son allocution du 27 septembre dernier devant les membres des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu, a indiqué que les industriels québécois ont dû accroître leur consommation de mazout lourd depuis 2001, notamment en raison de la hausse des prix du gaz naturel; hausse attribuée au fait que la demande continentale pour le combustible propre a dépassé l'offre. Ceci aurait fait perdre à Gaz Métro près de 10 % de ses livraisons au profit du mazout lourd; un combustible beaucoup plus polluant que le gaz naturel puisqu'il produit 40% moins de gaz à effet de serre (GES) que le mazout lourd.
Le projet Rabaska dans le contexte manufacturier
Madame Brochu a également indiqué dans son allocution que le Québec avait besoin d'un port méthanier pour assurer ses approvisionnements et aussi, pour créer un environnement susceptible de créer une pression à la baisse sur les prix du gaz naturel.
Notre association appuie les propos de la présidente et chef de la direction de Gaz Métro.
En effet, en février dernier, nous avons soutenu le projet Rabaska devant les représentants du BAPE. Notre appui envers ce projet se résume aux éléments suivants :
1- Le gaz naturel est un intrant indispensable pour le secteur manufacturier. En effet, près de 55% du gaz naturel vendu au Québec est consommé par les industriels;
2- Les terminaux méthaniers permettent de diversifier et de sécuriser nos approvisionnements à moyen et long terme. Ceux-ci réduisent ainsi notre dépendance énergétique face à des approvisionnements provenant de l'Ouest canadien;
3- Les terminaux méthaniers permettent d'entrevoir le maintien des prix du gaz naturel à un niveau concurrentiel. Ils améliorent les chances de l'industrie d'avoir accès à un approvisionnement fiable et suffisant à prix compétitif;
4- Le GNL importé pour le projet Rabaska vise à approvisionner le Québec et l'Ontario.
5- Finalement, l'association des MEQ jugeait important que le projet mise sur la collaboration de manufacturiers régionaux durant la phase de construction du projet.
À ceci, nous pouvons maintenant ajouter que le gaz naturel constitue une option énergétique plus responsable que le mazout au niveau de la durabilité.
Finalement, nous appuyons la récente décision du gouvernement de vouloir procéder rapidement avec le projet. La demande internationale en GNL est présentement supérieure à l'offre, ce qui se traduit déjà par une concurrence féroce entre acheteurs de GNL. Le Québec doit donc se positionner rapidement sur cet échiquier pour sécuriser ses approvisionnements en GNL.
Nous considérons donc que la réalisation d'un projet de terminal méthanier et ce rapidement, devient donc essentielle pour la sécurité énergétique du Québec et la compétitivité de ses entreprises manufacturières. De plus, nous considérons que le processus d'examen du projet est suffisant et a permis d'évaluer suffisamment son impact en termes de durabilité. Il est maintenant temps de procéder à son autorisation et à sa mise en œuvre.
Les manufacturiers et exportateurs du Québec
Le secteur manufacturier québécois est composé d'environ 10 000 entreprises qui emploient environ 550 000 emplois. Les manufacturiers génèrent 20% du PIB, 86% de nos exportations et 75% des efforts de recherche et de développement privés. Chaque dollar de production manufacturière génère plus de 3$ d'activité économique totale au Canada, soit le plus important multiplicateur économique au pays.
L'association des MEQ représente le secteur manufacturier québécois auprès des gouvernements québécois et canadien. Nos priorités d'intervention consistent à améliorer la productivité des entreprises manufacturières, notamment par la diversification de ses marchés d'exportations, par la création d'une fiscalité favorable et par une réglementation simplifiée, ainsi que par la formation continue de notre main-d'œuvre.
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Jean-Luc Trahan
Président-directeur général

Manufacturiers et Exportateurs du Québec


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