RABASKA: Mulcair sonne l'alarme

Approuver le projet de port méthanier serait une erreur, juge l'ex-ministre de l'Environnement

Rabaska



Pelchat, Martin - En dépit du feu vert du BAPE et même s'il note que le chef de cabinet de Jean Charest est un "fervent défenseur" du projet de terminal méthanier à Lévis, l'ancien ministre libéral de l'Environnement, Thomas Mulcair, appelle le Conseil des ministres à couler Rabaska.
Aujourd'hui candidat du NPD dans la circonscription fédérale d'Outremont, M. Mulcair soutient qu'un feu vert du gouvernement à Rabaska reviendrait à renoncer aux objectifs de Kyoto et à ignorer les risques environnementaux et de sécutité que le projet fait peser. De plus, dit-il, l'approbation récente par Québec du projet de terminal méthanier à Cacouna a enlevé toute légitimité à Rabaska.
"Il n'y a aucun besoin pour le marché québécois pour ce gaz naturel, puisque que Cacouna est déjà approuvé. Et il y a des questions très réelles de sécurité qui demeurent, si proche d'un très grand centre de population. Ce serait une erreur de l'approuver."
Même si le Québec s'est distingué avec son plan de lutte aux changements climatiques, l'exercice ne lui permet déjà pas d'atteindre les objectifs de Kyoto, note Tom Mulcair. "L'ajout de Cacouna nous mettait encore plus loin du compte. Et si on devait ajouter Rabaska, oubliez Kyoto pour le Québec. Il n'y a pas d'autres sources qui permettent de compenser un tel ajout."
Développement durable
Les libéraux paraîtraient d'autant plus mal selon lui en approuvant Rabaska que le Parti vient d'entamer une réflexion post-électorale sur trois thèmes dont le développement durable. Or, le gouvernement tarde à livrer le plan de développement durable qu'il s'était engagé au printemps 2006 à produire, note M. Mulcair. "Je vois très difficilement comment des gens qui ouvrent une réflexion sur le développement durable, qui disent que c'est un des dossiers, à cause notamment d'Orford, où il y avait une disjonction entre le discours et la réalité, je les vois très difficilement regarder le public québécois en face et dire : "même si on n'en a pas besoin pour notre consommation, même s'il y a des risques pour la sécurité et des risques environnementaux, on va approuver Rabaska". S'ils font ça, ils peuvent faire tous les comités qu'ils veulent. On juge un arbre à ses fruits."
Thomas Mulcair a été chassé du cabinet en mars 2006, notamment en raison de sa dissidence dans les dossiers du mont Orford et de Rabaska. Dans ce dernier débat, il était aux antipodes du chef de cabinet de Jean Charest, Stéphane Bertrand, ex-vice-président de Gaz Métro (membre du consortium Rabaska). "Je sais que M. Bertrand a toujours été un fervent défenseur du projet Rabaska, je n'ai aucune hésitation à vous le confirmer", dit-il.
Conclusions surprenantes
Les conclusions du BAPE, rendues publiques jeudi, ont surpris l'ex-ministre, qui s'était lui-même penché sur la sécurité des terminaux en visitant celui d'Everett, près de Boston, avant de perdre son poste. "Pour avoir rencontré notamment les gens de la Garde côtière américaine, j'estimais qu'il y avait des risques de sécurité non-négligeables et que ça pouvait même être un empêchement d'un tel site."
Le Maine a d'ailleurs rejeté plusieurs projets, rappelle-t-il. "Si on pouvait arguer jusqu'à un certain point que Cacouna représentait le marché du Québec en matière de gaz naturel, il est très clair que si on avait les deux, ce serait pour le marché américain. Alors nous, dans un écosystème fragile, on va prendre deux ports que les Américains ont refusés eux-mêmes pour alimenter le marché américain ?"
"Les méthaniers qui rentrent dans le port d'Everett sont alimentés exclusivement à Trinidad et Tobago parce que les Américains contrôlent le site d'approvisionnement, poursuit l'ex-ministre. Les méthaniers qui arriveraient à Cacouna et Rabaska viennent respectivement de Russie et d'Algérie. Et les Américains n'accepteraient jamais ces bateaux dans leurs eaux territoriales pour des raisons de sécurité. Alors nous, on est en train de jouer avec des questions très sérieuses ici."
mpelchat@lesoleil.com


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