Qui sème le vent récolte la tempête

2ff2ff890078f1774a74fe8a60ac5dfd

« Ça revient à soutenir chaque emploi à hauteur de 4 millions $ par année ! Ça n’a pas de bon sens. »

Que le projet éolien Apuiat fasse perdre à Hydro-Québec de 1,5 à 2 milliards de dollars ne semble avoir aucune importance aux yeux du gouvernement Couillard.


Séduction électorale oblige, le premier ministre Philippe Couillard et son ministre Pierre Moreau ont tordu le bras du grand patron d’Hydro-Québec, Éric Martel, pour l’inciter à donner le plus rapidement possible son aval à ce projet éolien de la nation innue, en partenariat avec Boralex.


Aux yeux du ministre Moreau, ce n’était pas une opération de tordage de bras, mais plutôt un « ajustement » qui permettra, dans le cadre de ce projet éolien, de mener à bien les négociations, et ce, au bénéfice, dit-il, d’une bonne relation entre le gouvernement du Québec et les Innus.


Oh ! Les pales


Selon le ministre Moreau, le président-directeur général d’Hydro, Éric Martel, partage maintenant les objectifs du gouvernement.


Ça nous fait une belle jambe de voir le gouvernement Couillard effectuer autant de pression sur Hydro-Québec pour forcer la société d’État à s’engager pendant 25 ans à acheter de l’électricité du projet éolien Apuiat, alors qu’elle n’en a aucunement besoin en raison de ses énormes surplus.


Financièrement parlant, on parle ici d’une dépense inutile de 1,5 à 2 G$ sur 25 ans. Hydro n’a pas besoin de cette électricité.


Point à la ligne.


Retombées inexistantes


Cela dit, on sait que les gouvernements Charest, Marois et Couillard ont appuyé le développement de l’énergie éolienne dans le but de soutenir économiquement les régions productrices.


Mais avec le projet Apuiat, il y a un important bémol : selon Éric Martel, non seulement Hydro ne peut estimer la rentabilité projetée du projet, mais en outre, les retombées économiques potentielles pour la communauté innue « pourraient être faibles ou inexistantes », a-t-il écrit dans sa récente lettre aux chefs de la nation innue, dont mon collègue Alexandre Robillard avait obtenu copie.


Comme projet soi-disant « structurant et rassembleur pour les communautés innues », on risque de passer carrément à côté de l’objectif visé par l’achat d’électricité d’un tel projet éolien.


Pourquoi condamner Hydro à éponger des pertes de 1,5 à 2 G$ alors que les Innus risquent de ne récolter que des miettes de retombées économiques ? Pendant les 25 années d’activité de l’éventuel projet Apuiat, on est censé soutenir 10 à 15 emplois. Ça revient à soutenir chaque emploi à hauteur de 4 millions $ par année ! Ça n’a pas de bon sens.


Les défenseurs du projet Apuiat vont me dire que la phase de construction du projet Apuiat (évaluée à 600 millions $) procurera du travail à quelque 300 à 400 travailleurs. Oui ! mais pour un an ou deux.


Boralex


À l’heure actuelle, c’est Boralex, à qui la nation innue a confié la réalisation du projet Apuiat, qui est en voie de récolter le jackpot. Qui est le principal actionnaire de Boralex ? La Caisse de dépôt et placement du Québec, avec presque 20 % des actions en circulation.


À mon avis, le gouvernement du Québec et la nation innue devraient plutôt travailler conjointement sur des projets susceptibles de créer énormément plus d’emplois à long terme que le projet Apuiat.