Qui a intérêt à l'affaiblir?

IDÉES - la polis

Elle est pourtant jeune. Déjà que sans indépendance elle est tronquée. Ces jours-ci, au Québec, la démocratie subit les pires assauts. La confiance dans les institutions a fléchi dramatiquement. Envers le premier ministre, la perte est de l'ordre de 81%. L'effet sur l'ensemble de la classe politique est historique. L'État, l'agir public, le projet social, l'avenir de la nation, tout ce qui a trait à la décision collective est enrayé. La démobilisation est immense. Le Québec est en situation de pré-régression rapide. Qui a intérêt à affaiblir la démocratie?
Celles et ceux qui sont habités par des idéaux de justice, d'équité et de cohésion sociale ou les "me, myself and I" de l'info spectacle aux égos gros comme des autobus?
Celles et ceux qui veulent contribuer à la définition collective du vivre ensemble ou les obscurantistes conservateurs qui éliminent les recensements, entravent l'accès à l'information, empêchent la reddition de comptes des conseillers politiques devant les commissions parlementaires et font tuer par le sénat peuplé de fioles politiques, sans aucun débat, une loi favorable à l'environnement adoptée par la majorité des élus de la chambre des communes du Canada?
Celles et ceux pour qui l'État est un arbitre et un régulateur des intérêts divers de la société ou les profiteurs libéraux qui quittent leurs ministres en courant pour aller se brancher sur l'industrie des gaz de schiste et profiter de la législation "free mining du Far West" hérité du 19ième siècle qui tient lieu de régime d'exploitation (quel mot juste!) des ressources naturelles?
Celles et ceux qui, appartenant à l'une des rares et dernières nations à ne pas avoir déclaré son indépendance alors qu'elle en a toutes les capacités, comptent sur les espaces publics de délibération pour construire la conscience nationale nécessaire à l'ultime décision ou les fédéralistes qui multiplient les coups de la Brink's, les vols par effraction, les faux communiqués, les love-in hypocrites, les commandites, les enveloppes brunes et les refus de faire la lumière sur les systèmes mafieux d'octroi des contrats publics et de financement des partis politiques?
Quand, ici, la chose publique et politique ne fait plus se déplacer bientôt la majorité des citoyens pour poser le premier geste de l'exercice de la démocratie qu'est le vote, quand, au surplus, cette non majorité s'apprête à reconduire dans les mandats de réprésentation des élus appartenant aux partis qui ont massivement fossoyé les mécanismes de la démocratie, qu'est-ce qui différenciera les Canadiens de Harper des Québécois de Charest des Italiens de Berlusconi?
Rien. Tous auront été victimes du saccage des institutions et de leur substitution par des forces occultes économiques et idéologiques à l'éthique dépravée.


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