Dans le texte du SPQ Libre, intitulé « Vers une alliance NPD-Québec solidaire », que j’ai signé avec Marc Laviolette, nous parlons de la présence d’une aile fédéraliste au sein de Québec solidaire. Nous écrivions :
« Rappelons que de nombreux militants de Québec solidaire ont pris position, ont milité et ont même été candidats – le plus connu étant Alexandre Boulerice – pour le NPD lors de cette élection. Ses dirigeants avaient appelé à voter contre Harper, mais sans prendre position en faveur du Bloc. Québec solidaire est devenu officiellement indépendantiste, après beaucoup de tergiversations, mais a conservé en son sein une aile fédéraliste qui, soyons en assurés, doit déjà bomber le torse. »
Certains militants de Québec solidaire s’en sont offusqués. Selon eux, Québec solidaire est résolument souverainiste. Nous ne contestons pas le fait que QS se soit prononcé en faveur de la souveraineté du Québec.
Mais, on ne peut nier qu’un certain nombre de nouveaux députés du NPD – un parti fédéraliste – comme Alexandre Boulerice, Claude Patry au Saguenay et sans doute quelques autres sont membres de Québec solidaire. Ils seront les porte-étendards d’une aile fédéraliste au sein de ce parti.
Pour replacer les choses en contexte, il n’est pas inutile de revenir sur certains événements de la création et de l’histoire récente de ce parti. Dans un livre, La gauche au Québec depuis 1945, récemment publié par le Bulletin d’histoire politique, l’historienne Josiane Lavallée retrace l’histoire de Québec solidaire dans un article intitulé « Du Parti de la démocratie socialiste à Québec solidaire : 1995-2010 ». Citons en quelques extraits pertinents:
« Un an plus tard, les principaux leaders de D’abord Solidaires, dont Françoise David et François Saillant, décidèrent de fonder en mai 2004 le mouvement Option citoyenne en vue de la fondation d’un nouveau parti de gauche féministe, écologiste et altermondialiste pour 2005.
« Au sujet de la question nationale, le membres d’Option citoyenne ont préféré attendre et effectuer le débat sur la question avant de se prononcer à savoir s’ils allaient promouvoir l’indépendance du Québec et inscrire ce projet dans leur programme politique.
« Pendant ce temps, en novembre 2004, l’exécutif d’Option citoyenne (OC) débuta les négociations avec l’exécutif national de l’Union des forces progressistes dans l’éventualité d’une fusion pour la création d’un parti de gauche unifié au Québec.
« À partir de ce moment-là, le point qui aurait pu compromettre la fusion de l’UFP avec OC demeurait, sans contredit, la question nationale car la majorité des membres de l’Union des forces progressistes qui étaient pour l’indépendance du Québec refuseraient de se joindre au mouvement de Françoise David tant et aussi longtemps que les membres d’Option citoyenne n’auraient pas clairement pris position pour l’indépendance du Québec.
« Tout au long de l’année 2005, les négociations entre l’Union des forces progressistes et l’Option citoyenne se continuèrent pour aboutir à la création d’un nouveau parti au début de l’année 2006.
(…)
« Au moment d’écrire ces lignes, le premier grand enjeu Comment réaliser un Québec démocratique, pluraliste et souverain s’est terminé lors du dernier congrès à Laval en novembre 2009, avec l’adoption par les délégués du contenu programmatique de cet enjeu.
« Encore une fois, le débat en ce qui a trait aux moyens à prendre pour accéder à la souveraineté ou l’indépendance a suscité de nombreuses discussions et pourparlers entre les militants réunis en Congrès.
« Il en est ressorti que seule une Assemblée constituante élue par les Québécois et les Québécoises pourra déterminer si oui ou non s’il y aura un référendum sur la souveraineté du Québec advenant l’élection d’un gouvernement de Québec solidaire. Pour plusieurs militants, cette manière de s’y prendre ressemble beaucoup à l’étapisme d’un Claude Morin.
« Et certains militants déplorent également la présence au sein du parti d’une cinquantaine de membres de tendances fédéralistes qui ne se cachent pas pour dire à qui veut l’entendre qu’ils ont voté NON au référendum de 1995 et qu’ils voteraient dans le même sens advenant un autre référendum.
« La présence de ces membres au sein du parti explique, en quelque sorte, les positions mitigées des dirigeants de QS au sujet des moyens à prendre pour promouvoir et réaliser l’indépendance du Québec.
***
Source : La gauche au Québec depuis 1945
_ Bulletin d’histoire politique
_ VLB Éditeur, 2011
Photo : Jacques Nadeau
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