Contrairement à ce que souhaite l’Union des producteurs agricoles (UPA), le gouvernement du Québec n’est pas en mesure d’empêcher la Caisse de dépôt et placement et le Fonds de solidarité FTQ d’investir dans Pangea, une société qui se spécialise dans l’acquisition de terres agricoles.
En prévision d’une annonce qui était attendue en principe vendredi, l’UPA a demandé au gouvernement Couillard de « bloquer immédiatement » la transaction, estimant « inacceptable » que « deux organismes mis en place grâce aux fonds publics » participent au modèle d’affaires de Pangea.
« Le ministre de l’Agriculture [Laurent Lessard] est très conscient de son rôle dans la protection du territoire agricole,a dit vendredi son attaché de presse, Mathieu Gaudreault. Il a pris des engagements envers la Fédération de la relève agricole de protéger le modèle québécois des fermes familiales. »
« Pour ce qui est de bloquer la transaction, il ne possède pas les outils nécessaires pour ça », a ajouté l’attaché de presse lors d’un entretien.
Partenariats agricoles
Le modèle d’affaires de Pangea, fondée en 2012, est connu depuis des années. En gros, l’entreprise fait équipe avec un agriculteur local et crée une société de production. Les parties continuent de posséder leurs terres respectives, mais les équipements sont mis en commun, tout comme les bénéfices d’exploitation. Au final, 49 % de ceux-ci reviennent à Pangea et 51 % à l’agriculteur.
Selon ce qu’a appris Le Devoir, la Caisse et le Fonds FTQ devaient chacun investir 10 millions dans Pangea, alors qu’une autre tranche de 30 millions serait venue de partenaires privés. Pangea avait confirmé au journal que l’annonce aurait lieu vendredi.
Or, en fin de journée vendredi, rien n’avait encore été annoncé. Pangea a refusé d’offrir plus de commentaires que ceux déjà fournis par son directeur et cofondateur, Serge Fortin, et n’a pas voulu se prononcer sur le moment d’une annonce.
Si l’UPA s’oppose aux pratiques de Pangea, dont l’autre cofondateur est l’homme d’affaires Charles Sirois, c’est qu’elle estime que son modèle d’affaires fait grimper la valeur des terres et complique leur achat par des agriculteurs de la relève. M. Fortin a affirmé lors d’une entrevue au Devoir plus tôt cette semaine que sa société d’investissement ne fait pas de surenchère.
Pas de chèque en blanc
De son côté, le Parti québécois a souhaité vendredi que des « balises claires » puissent protéger la propriété agricole. « Depuis trois ans, l’incertitude perdure quant à ce modèle qui prend constamment de l’expansion, alors que les balises ne sont pas toutes définies et que plusieurs questions demeurent sans réponse »,a affirmé le député de Berthier, André Villeneuve, qui a déposé l’an dernier un projet de loi (599) visant à « contrer l’accaparement des terres ».
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