Nourrir le Québec est un titre de chapitre du livre mémoires de Jean Garon, Pour tout vous dire sorti en 2013 en coédition VLB/La Vie agricole. Il rappelait l’importance de s’assurer de l’autosuffisance alimentaire du Québec. Des mots qui résonnent en cette période trouble de replis sur soi depuis la déclaration de la pandémie Covid19
L’ancien ministre de l’Agriculture écrivait alors : « La finalité d’une politique agro-alimentaire ne peut pas être seulement de maximiser les revenus des producteurs. Il faut que ces derniers puissent bien vivre et avoir assez de marge de manœuvre pour réinvestir et se développer, mais le but de tout cela est de nourrir les gens. Avec le thème « nourrir le Québec», le couple producteur-consommateur s’est retrouvé au centre de la vaste politique agro-alimentaire développée sous les gouvernements de René Lévesque à coups de conférences socio-économiques, de lois progressistes et de budgets en hausse constante. Trop longtemps, ce couple avait été comme séparé. Trop longtemps, les consommateurs n’ont pas fait partie du portrait de famille de l’agriculture québécoise. Et trop longtemps, le monde agricole ne les a pas écoutés et ne leur a pas parlé. Il fallait y remédier».
(…) Pour la première fois, les consommateurs ont pu s’asseoir à la même table que les autres décideurs pour discuter des grandes orientations que le Québec allait donner à la plus importante de ses industries de base, celle qui emploie le plus de gens de toutes les régions, qui est la plus déterminante pour l’occupation de notre territoire et qui, ultimement, a un énorme impact sur la santé des gens et sur ce que j’appelais le « bonheur national brut».
(…) J’ai commencé à parler aux consommateurs comme sans doute aucun ministre de l’Agriculture ne l’avait fait auparavant. Mon grand thème de l’autosuffisance alimentaire les concernait autant que les producteurs, et je leur expliquais qu’ils avaient entre leurs mains un formidable outil de développement économique : leur panier d’épicerie.
(…)
Vivres du Québec
Sur le grand thème de « Nourrir le Québec», une vaste stratégie de développement économique s’était mise en place. L’autosuffisance alimentaire était le grand objectif, les conférences socio-économiques étaient l’instrument de la concertation, et le levier politique résidait dans l’appui du premier ministre et les budgets que j’étais capable d’obtenir avec Jacques Parizeau aux Finances.
(…)
Nous cherchions un thème général qui pourrait être véhiculé d’une campagne à l’autre, une sorte de signature qui aurait accru l’efficacité de tous ces efforts. C’est ainsi qu’est né « Vivres du Québec» qui a été, je crois, la première tentative sérieuse d’identifier comme tels tous les aliments produits au Québec.
Nourrir le monde
Vers la fin de mon mandat, nous en étions à préparer un nouveau volet, cette fois sur le thème de «Nourrir le monde», qui aurait mis l’accent sur le potentiel du secteur agro-alimentaire à l’exportation. Avec un taux d’autosuffisance désormais supérieur à 80 %, c’était la direction logique à prendre.
Jean Garon conclut ce passage en spécifiant que vu la chute drastique en 2013 du taux de l’autosuffisance alimentaire, que le Québec ne pouvait selon lui déjà plus s’atteler il y a 7 ans au message : « Nourrir le monde».
Des mots qui résonnent en cette période de replis sur soi et d’inquiétudes face à la pandémie qui s’annonce.