Québec-Canada-France: délicat ménage à trois

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France-Québec : fin du "ni-ni"?


Nicolas Sarkozy et Michaelle Jean - Photo Reuters - Qui a dit que la France de Sarkozy était en train de réorienter sa politique canado-québécoise en faveur d’Ottawa? Apparemment l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin aurait déclaré qu’il fallait remettre en question la formule «non-ingérence et non-indifférence» au profit d’une autre, plus «positive». Mais quelques jours plus tard, il s’empressait de démentir les propos qu’on lui avait attribués. Et dont la signification n’était pas claire: cela signifiait-il vraiment un changement de politique?

Croisé à La Rochelle où il est venu assister au départ des grands voiliers pour Québec et les festivités du 400e, l’ancien ministre Pierre-André Wiltzer, important pilier des relations France-Québec depuis trois décennies, ne croit pas à un bouleversement des équilibres dans le délicat «ménage à trois» entre Paris, Ottawa et Québec.
«Ce serait stupide de modifier l’équilibre actuel, dit-il. Pour la bonne raison que personne ne le réclame, ni Québec ni Ottawa. Mais je ne crois pas que ce soit dans les intentions du président Sarkozy. (…) Et je serais fort étonné que l’ancien premier ministre Raffarin, qui a des liens personnels de longue date avec le Québec, soit partisan de je ne sais quel rééquilibrage.»
Et d’ajouter: «Et finalement, il me paraîtrait étonnant que Nicolas Sarkozy ait l’intention de modifier le schéma actuel en faveur d’Ottawa alors qu’il vient à la fois pour le 400e et le Sommet de la francophonie.»
En tout cas, au regard de la très forte participation politique française aux fêtes du 400e d’ici à l’automne prochain, on peut se demander en quoi la France manifesterait plus de tiédeur vis-à-vis du Québec.
En juillet, on aura la visite du premier ministre François Fillon. Et à la mi-octobre, la venue du président Sarkozy à l’occasion du Sommet de la francophonie. Et entre les deux, une flopée de ministres, dont certains de premier plan, et plusieurs personnalités politiques majeures.
Deux anciens premiers ministres, et vieux amis du Québec, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, viendront à plusieurs reprises. Mais aussi des ministres importants du gouvernement, et qui ne font pas partie des habitués: la ministre de l’Économie et des finances, Christine Lagarde, la titulaire de la Culture, Christine Albanel. Le responsable de l’Agriculture, Michel Barnier. Et, très probablement, la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, Roselyne Bachelot. Plus trois ou quatre secrétaires d’État moins connus. Certains de ces ministres, précise le délégué général du Québec en France, Wilfrid Licari, «n’iront pas nécessairement à Ottawa» au cours de leur séjour.
Côté politique, donc, le beau fixe. En ce qui concerne les festivités prévues en France, le lancement de la Grande Traversée – avec participation d’un célèbre trois mats d’époque, le Belem –, constituera en quelque sorte le coup d’envoi de la saison. Avec de nombreux événements dans de grandes villes françaises: Bordeaux, Lyon, Reims.
Seule fausse note, mais fort embarrassante: l’annulation in extremis d’un grand événement prévu à Saint-Malo autour de la venue d’une vingtaine d’Amérindiens. Pour des questions budgétaires dont on ne sait pas avec précision si elles relèvent à parts égales de Québec et Ottawa, la manifestation a donc été supprimée. Les Amérindiens et la ville de Saint-Malo ont été mis devant le fait accompli. «On ne sait pas encore exactement qui a fait quoi dans cette affaire, dit un responsable québécois. Il est possible qu’il y ait eu un malentendu avec la ville de Saint-Malo. Car c’était une opération chère, autour du demi-million de dollars.»
Indéniablement un couac fâcheux en plein lancement de la saison.


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