Mon premier budget a été inspiré par la rigueur et la transparence. Celui-ci est marqué par la prudence et la discipline. Ce budget a été élaboré dans un contexte qui a beaucoup changé par rapport à l'an dernier. Notre économie se porte bien malgré le fait que nous faisons face à une période de ralentissement économique. Lorsque la mer est agitée, nous devons tenir le gouvernail bien en main afin de garder le cap sur nos objectifs. [...]
Nous prévoyons une croissance économique de 1,5 % au Québec en 2008. Lors de la présentation du précédent budget du Québec, la prévision de croissance économique était de 2,5 % pour l'année en cours. En d'autres mots, notre marge de manoeuvre est réduite.
Prévoyance
Notre gouvernement a été prévoyant. Nous avons constitué une réserve budgétaire de 1,8 milliard de dollars. Cette réserve provient de revenus supplémentaires dégagés au cours des derniers exercices financiers. Nous avons choisi de les engranger plutôt que de les dépenser. Cette réserve sera utilisée pour équilibrer les budgets des deux prochains exercices financiers. Ainsi, nous pourrons absorber le choc du ralentissement économique sans augmenter les taxes ou les impôts et sans réduire les services publics. C'est ce que j'appelle gouverner de façon responsable. C'est ce que j'appelle agir en bonne mère de famille.
L'heure est à la prudence et à la discipline. J'annonce que ce budget s'accompagne d'un cadre financier sur cinq ans qui démontre que nous respectons l'équilibre budgétaire et que, contrairement à ce que certains souhaitent, le présent budget ne comporte aucune hausse d'impôt ou de taxes. Ce budget est réaliste malgré les vents contraires. La politique, c'est faire des choix. C'est d'autant plus vrai lorsque les marges de manoeuvre sont limitées. Nous faisons le choix de poser des gestes structurants qui contribueront à propulser l'économie du Québec. [...]
L'investissement
[...] Une façon directe de stimuler les investissements et les gains de productivité est de réduire le poids de la taxe sur le capital. Cette taxe est un frein à l'investissement. J'annonce l'abolition complète et immédiate de la taxe sur le capital pour toutes les entreprises manufacturières. Nous encourageons ainsi 14 300 entreprises de plus à investir et à se moderniser. [...]
Nous croyons à ce combat pour la productivité et, pour cette raison, nous allons encore plus loin. Non seulement nous allons détaxer l'investissement, nous allons le promouvoir et le récompenser.
J'annonce un nouveau crédit d'impôt à l'investissement de 5 % applicable à l'achat de matériel de fabrication et de transformation pour toutes les entreprises. C'est une prime à l'investissement. Ce crédit sera d'au moins 5 % pour toutes les entreprises, mais il sera majoré selon l'éloignement des régions. [...]
Investir dans les activités innovantes
Le défi de la productivité fait appel au secteur des technologies de l'information. Ce secteur occupe une place prépondérante dans la nouvelle économie. C'est un secteur en forte croissance. Mais surtout, l'utilisation des technologies de l'information dans les procédés de fabrication et de gestion est un puissant levier pour accroître la productivité.
J'annonce un crédit d'impôt remboursable pour les entreprises des nouvelles technologies de l'information correspondant à 30 % des salaires des emplois liés à des activités innovantes, telles que les services-conseils et la conception de solutions de commerce électronique.
J'annonce que ces aides fiscales seront dorénavant disponibles sur l'ensemble du territoire du Québec. De plus, j'annonce que l'accès à Internet haute vitesse sera accessible dans toutes les régions du Québec grâce au nouveau programme «Communautés rurales branchées».
À ce jour, grâce aux mesures que nous avons prises, 90 % des ménages et des entreprises peuvent se brancher à Internet haute vitesse. Aujourd'hui, nous franchissons une nouvelle étape. Nous complétons le développement de ce réseau. [...]
Développer le savoir
Nos universités, nos cégeps et nos écoles techniques jouent un rôle stratégique dans toutes nos régions et notre société. Ces institutions doivent avoir les moyens pour effectuer de la recherche de pointe et attirer et retenir les meilleurs professeurs.
Notre marge de manoeuvre est limitée et nous devons faire des choix. Nous faisons le choix de l'éducation. J'annonce ainsi un investissement supplémentaire de 250 millions de dollars sur cinq ans dans nos universités, comme nous nous y étions engagés. Cet investissement s'ajoute aux 187 millions de dollars par année en transferts supplémentaires du gouvernement fédéral, soit 112 millions pour les universités et 75 millions pour les cégeps. [...]
Pacte pour l'emploi
J'ai évoqué l'enjeu croissant des pénuries de main-d'oeuvre. Par ce budget, nous donnons le coup d'envoi à une initiative sans précédent de formation. J'annonce la mise en oeuvre du Pacte pour l'emploi dans lequel nous investirons avec le présent budget 196 millions de dollars sur cinq ans.
Ces investissements permettront d'offrir une formation aux travailleurs qui veulent parfaire leurs compétences, d'accompagner les chômeurs vers l'acquisition de nouvelles qualifications, de soutenir les prestataires de l'aide sociale qui veulent retourner en emploi et de lever les obstacles à l'embauche des nouveaux arrivants.
Le Pacte pour l'emploi se donne des cibles précises: réduire de 50 000 le nombre de prestataires de l'aide sociale et offrir une formation à 250 000 travailleurs de plus. Aussi, plus de 4800 entreprises pourront bénéficier d'un accompagnement accru pour la formation de leurs travailleurs.
Nouveaux arrivants
L'immigration enrichit nos vies, notre culture. Elle ouvre nos horizons. Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, nous avons besoin d'une immigration qualifiée. Et la concurrence sera vive entre les pays d'accueil pour attirer une main-d'oeuvre qualifiée.
L'immigration est une responsabilité qui doit être partagée entre la société d'accueil et le nouvel arrivant. Pour la société d'accueil, c'est le devoir de faciliter l'intégration. Pour celui qui arrive, c'est faire l'effort de s'intégrer. J'annonce que les crédits accordés à l'immigration augmenteront de 20 %. Les programmes d'intégration au marché du travail et d'apprentissage du français seront grandement renforcés. [...]
Le français au travail
Le gouvernement entend assurer la protection et la promotion de la langue française au Québec, renforcer son usage public, valoriser sa maîtrise et accroître sa qualité. Le français, c'est la langue de l'école, du commerce, du travail. C'est la langue du Québec.
Pour valoriser le français comme langue d'usage au travail et faciliter l'intégration des immigrants dans les entreprises, j'annonce un nouveau crédit d'impôt remboursable pour la francisation. Toutes les entreprises, y compris celles de 50 employés et moins, y auront droit.
Cette mesure fera partie du plan d'action pour promouvoir la langue française. Ce plan d'action s'accompagne de crédits supplémentaires de près de dix millions de dollars sur deux ans. [...]
La famille
Je l'ai dit d'entrée de jeu: le progrès économique n'a de sens que s'il s'accompagne de progrès social. Ce budget veut accroître le bien-être de toutes les familles. [...] J'annonce la création de 20 000 places additionnelles en service de garde sur cinq ans. Cela portera à 220 000 le nombre de places dans le réseau des garderies subventionnées.
Plusieurs observateurs ont soulevé l'iniquité entre les familles qui utilisent les services de garde à 7 $ [par jour] et celles qui ont recours aux garderies privées non subventionnées. Après analyse, j'ai conclu qu'il fallait en faire davantage pour les familles qui ont recours aux garderies privées non subventionnées.
J'annonce une bonification importante du crédit d'impôt pour frais de garde. Ainsi, le coût des services de garde sera le même, qu'on ait recours à une garderie subventionnée ou à une garderie privée non subventionnée, jusqu'à un revenu familial de 80 000 $.
Enfants et aînés
[...] J'annonce un nouveau partenariat avec la famille Chagnon pour la création d'un fonds de 400 millions de dollars sur dix ans afin de favoriser le développement des enfants de zéro à cinq ans vivant en milieu vulnérable. Ce fonds financera des initiatives visant à favoriser le développement global des enfants, tant sur le plan physique que sur les plans psychologique, cognitif et moteur, afin de mieux les préparer à la scolarisation.
Nous allons en faire davantage pour nos aînés. [...] J'annonce une majoration du taux de crédit d'impôt pour maintien à domicile de 25 % à 30 %. C'est 35 millions de dollars de plus par année pour les aînés. Ce crédit d'impôt sera également simplifié. J'annonce une enveloppe supplémentaire annuelle de 80 millions de dollars dans le secteur de la santé et des services sociaux destinée à l'accélération du développement des services de soins à domicile. [...]
Développement durable
J'annonce un financement additionnel de 12 millions de dollars sur quatre ans pour soutenir l'innovation dans le secteur des technologies propres. Ces sommes seront destinées aux technologies innovantes dans les domaines de l'eau et des sols.
Cette initiative s'ajoute aux 225 millions de dollars déjà disponibles pour développer de nouvelles technologies, notamment dans les domaines de l'efficacité énergétique et de la réduction des gaz à effet de serre. [...]
Finances publiques
Notre gestion rigoureuse a permis d'alléger le fardeau fiscal des contribuables. Depuis 2003, l'écart du fardeau fiscal avec les autres provinces a été réduit de près de 70 %. Nous ne sommes plus les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord!
Nous maintenons la même discipline. La croissance des dépenses sera limitée à 4,2 % en 2008-09 et à 3 % en 2009-10. Je compte sur la collaboration habituelle de mes collègues pour atteindre ces objectifs. La santé, l'éducation et la famille demeurent les grandes priorités du gouvernement, comme en témoignent les sommes qui leur sont allouées. Le budget dévolu à la santé augmente de 5,5 % alors que l'enveloppe consacrée à l'éducation est majorée de 4,6 %. Le budget consacré à la famille et aux aînés s'accroît de 5,5 %.
Pour maintenir une gestion rigoureuse des dépenses, nous aurons des gestes à poser dans les prochaines années, notamment pour solutionner le défi du financement à long terme du système de santé. Le rapport du Groupe de travail sur le financement de la santé, présidé par M. Claude Castonguay, nous a fourni des pistes de solution.
Nous avons fermé la porte à une hausse de la TVQ, qui serait à notre avis contre-productive dans le contexte actuel. Nous allons examiner les autres propositions qui visent à mieux contrôler la croissance des coûts. Je pense notamment au financement des établissements par épisode de soin, à la décentralisation accrue des prises de décision et à une modernisation de la gouvernance du réseau de la santé. [...]
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Monique Jérôme-Forget, Ministre des Finances, ministre des Services gouvernementaux, responsable de l'administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor. Nous publions des extraits du budget 2008-09 présenté hier à l'Assemblée nationale.
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