Prioriser les délais

Santé - le pacte libéral



Les listes d'attente sont-elles solubles dans l'argent? Depuis quelques années, Québec et Ottawa ont dépensé des sommes considérables pour améliorer l'accès aux soins de santé. Pour certains traitements, comme les chirurgies cardiaques ou la radio-oncologie, ça semble donner de bons résultats. Dans le cas des chirurgies de la hanche et du genou, par contre, les progrès tardent à se faire sentir.
Avant d'engloutir des millions supplémentaires dans les blocs opératoires, le prochain ministre de la Santé devrait consulter la nouvelle étude de Statistique Canada sur l'insatisfaction des patients soumis à l'attente.
Jusqu'ici, Québec s'est surtout efforcé d'améliorer l'accès aux traitements - chirurgies, radiothérapie, etc. C'est logique, personne ne rêve de poireauter neuf mois avant d'être opéré à la hanche. Mais il y a pire, nous apprend Statistique Canada. Ce que les patients trouvent le plus pénible, c'est d'attendre un rendez-vous avec un spécialiste. Ensuite, c'est le délai pour subir un examen diagnostic. Les chirurgies électives n'arrivent qu'en troisième lieu et ce, peu importe le nombre de semaines nécessaires pour obtenir l'un ou l'autre de ces services.
Dans le fond, ce n'est pas surprenant, car l'attente d'un rendez-vous ou d'un test entraîne beaucoup d'incertitudes. Que va dire le spécialiste? Que va révéler la mammographie? Vingt pourcent des patients qui finissent par voir un spécialiste signalent que leur vie a été affectée par l'attente. C'est deux fois plus que les malades qui ont subi une chirurgie élective.
C'est la première fois qu'on s'intéresse aux facteurs qui rendent l'attente inacceptable aux yeux des Canadiens. L'échantillon est considérable: 32 000 personnes qui ont reçu des services médicaux durant la dernière année.
Deux conclusions s'imposent. D'abord, Québec ne peut pas miser uniquement sur l'augmentation du volume de chirurgies. Il doit aussi améliorer l'accès aux spécialistes et aux tests diagnostiques. On a fait un pas dans la bonne direction en achetant des appareils d'imagerie médicale, mais il reste beaucoup de besoins à combler.
Ensuite, les professionnels et les gestionnaires de la santé ne peuvent pas exiger des malades qu'ils acceptent les délais avec détachement ou fatalisme, comme eux-mêmes peuvent être parfois tentés de le faire. Ils doivent au contraire s'efforcer de diminuer l'inquiétude que suscite cette attente. C'est possible, puisque certains médecins communiquent mieux avec leurs patients et que certains établissements gèrent mieux leurs listes que d'autres. L'information, dans un cas comme dans l'autre, est primordiale. Le malade qui comprend que son état de santé est stable et qui se voit attribuer une date d'opération ferme sera sûrement moins affecté par l'attente que celui qui est plongé dans l'incertitude ou qui voit sa chirurgie reportée à plusieurs reprises.
akrol@lapresse.ca


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