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La guerre est déclarée entre le ministre québécois Raymond Bachand et son homologue fédéral Jean-Pierre Blackburn, ci-devant responsable du développement régional pour le Québec. Unilatéralement, Ottawa a décidé de se retirer du financement d'une soixantaine d'organismes sans but lucratif (OSBL) voués au développement économique de leur région. Ce sont aussi bien de petits organismes, comme le TechnoCentre éolien de Gaspé, que des grands, comme Montréal International. Les deux millions de dollars que cet organisme reçoit de l'Agence de développement économique du Canada représentent 25 % de son budget de fonctionnement.

Le ministre Blackburn se justifie en disant vouloir mettre fin à la «culture du tout cuit dans le bec». Peu portées à penser «business», les organismes touchés attendent tout de l'État. S'ils sont essentiels à leur milieu, ils obtiendront un «soutien suffisant pour combler ses besoins financiers de base», fait-il valoir. Pour sa part, le ministre québécois du Développement économique voit dans ces organisations des outils de mobilisation et de concertation de leur milieu. Elles doivent être aidées pour l'effet structurant qu'elles ont sur l'économie régionale.
Le gouvernement fédéral économisera, lorsqu'il aura terminé, en 2010, son retrait du financement de ces OSBL, une cinquantaine de millions qui serviront à financer des projets qui ont un «début, un milieu et une fin». Par exemple, pour aider à acheter un vieux sous-marin pour attirer des touristes à Rimouski. Une trop grande part de son budget allant à ce qu'il considère comme des «bureaucraties communautaires», le ministre est frustré de ne pouvoir dispenser ses largesses au tout-venant.
Choqué, Raymond Bachand compare Jean-Pierre Blackburn à Maurice Duplessis qui faisait parader dans son bureau les entrepreneurs qui demandaient l'aide de l'État. Il n'a pas tout à fait tort puisque le ministre responsable de Développement économique Canada a la réputation d'intervenir dans la sélection des projets subventionnés. Il les choisit bien sûr davantage en fonction de leur bénéfice électoral que de leur impact sur l'économie des régions à moyen et long terme.
On peut trouver que 200 millions est bien peu pour soutenir l'action du gouvernement fédéral en matière de développement régional au Québec, surtout si la majeure partie est attribuée statutairement à des organismes liés par entente avec le ministère de M. Blackburn. Ce que ce dernier ne dit pas toutefois, c'est que son budget qui était de 358 millions l'an dernier diminue comme peau de chagrin. Il ne sera que de 196 millions l'an prochain et de 176 millions l'année suivante. Que conclure, sinon, que Jean-Pierre Blackburn n'a pas de poids dans le gouvernement Harper. Incapable de défendre ses budgets auprès du ministre des Finances, il est réduit à détourner les fonds dévolus au développement régional pour pouvoir jouer au père Noël.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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