On ne joue pas avec le poids du Québec à la Chambre des communes sans provoquer d'étincelles. Dans le contexte actuel, Stephen Harper mise gros en proposant de modifier la carte électorale. Mais on ne peut lui donner tort sur le fond.
Dès le départ, le plan du premier ministre contenait des ingrédients politiquement explosifs. Mais c'est surtout parce que la cuisine était déjà trop chaude que les flammèches sont apparues.
La température grimpait depuis l'automne dernier, depuis que les conservateurs ont décidé - en se moquant du Québec cette fois-là - de changer le mode de sélection des sénateurs. Ils ont joué avec le feu en y ajoutant la réforme de la carte électorale.
Dans les circonstances, ils ne devraient pas s'étonner que les élus du Parlement québécois leur demandent de retirer les deux projets d'un coup.
Si cette réplique est venue aussi rapidement, c'est parce qu'il est plus payant que d'habitude de donner du poing sur la table contre Ottawa dans une configuration de gouvernement minoritaire. À ce jeu, Mario Dumont a d'ailleurs tapé plus fort que le péquiste Sylvain Simard.
Pris isolément, le projet modifiant la carte électorale repose pourtant sur une logique incontestable. Il s'appuie sur un principe sacré du parlementarisme, celui de la représentation équitable des citoyens.
Il est normal que les provinces qui connaissent une poussée démographique, comme l'Alberta, la Colombie-Britannique et l'Ontario, obtiennent davantage de sièges à la Chambre des communes.
Le Québec n'en aura toujours que 75 en 2014, année où la nouvelle configuration est censée entrer en vigueur. Cette situation reflète sa réalité démographique. Le problème est que le niveau de représentation de la députation québécoise glissera de 24,4 % à 22,7 %.
D'où la question suivante, posée par plusieurs : pourquoi ne pas garantir que le Québec ait toujours 25 % de la représentation parlementaire à Ottawa ? Voilà en effet un élément qui permettrait de reconnaître concrètement que le Québec forme une nation.
Cette idée est belle sur papier, mais elle ne tient pas la route. Nous ne sommes plus à l'époque de l'accord de Charlottetown.
Sur quelle base le reste du Canada l'accepterait-elle aujourd'hui ? C'est bien beau de s'agiter, mais il faudrait présenter des arguments solides pour contourner le principe de la représentation équitable entre les citoyens. Or, personne n'en a soumis.
Que dirions-nous si les circonscriptions du Québec comptaient plus de citoyens que celles situées ailleurs au Canada ? Nous déplorerions que le vote d'un Québécois pèse moins que celui d'un Ontarien. Nous exigerions des correctifs. Or, il se trouve que les députés de l'Ontario représentent 21 000 citoyens de plus en moyenne que ceux des autres provinces. Des disparités comme celle-là ne se justifient pas.
Le Québec doit-il pour autant se résigner à voir sans cesse son poids fondre au Parlement canadien ? Absolument pas. Mais c'est dans une ronde constitutionnelle qu'il réglera ce genre de questions. Elle est là la bataille à mener. Il faut viser un rééquilibrage des pouvoirs au sein des deux institutions du Parlement canadien, la Chambre des communes et le Sénat. Il faut aussi viser un meilleur partage des champs de compétence entre les provinces et le fédéral.
Un jour ou l'autre, l'ouverture de la Constitution deviendra inévitable.
Ajoutons que ce n'est pas d'un arsenal strictement défensif que le Québec a besoin. Il a besoin de davantage de prospérité économique, ce qui éviterait que tant de Québécois s'expatrient ailleurs au Canada pour vivre et travailler. Cela ferait aussi en sorte que plus d'immigrants s'établiraient chez nous.
Poids plume?
Dans le contexte actuel, Stephen Harper mise gros en proposant de modifier la carte électorale. Mais on ne peut lui donner tort sur le fond.
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