Le 15 janvier 2009, un Airbus A320 de la USAirways perd ses moteurs frappés
par des bernaches du Canada. Le pilote Chesley Sullenberger et son copilote
Jeffrey Skyles annoncent aux contrôleurs de La Guardia qu’ils se dirigent
vers la rivière Hudson pour leur amerrissage forcé.
Quelques minutes plus tard, eux, leurs coéquipiers et 150 passagers sont
sains et saufs, récupérés par divers navires et vedettes. Il n’y avait plus
de moteurs, mais quelqu’un est resté aux commandes. Il n’y a pas
d’occasions tragiques, il y a ce que nous en faisons. L’héroïsme consiste à
faire ce que chacun devrait faire quand il n’y a pas d’autres choix. Ce
n’est pas donné à tous.
En politique, il y a deux moteurs, la responsabilité et la conviction.
Est-ce le moment de larguer le pilote et son copilote en moment de crise?
Mme Marois s’est excusée pour sa responsabilité dans l’affaire du Colisée
de Québec. Mme Maltais a affirmé sa bonne foi, son intégrité et sa vue
entière visant à servir la population de Taschereau. Est-ce suffisant?
L’avion n’a pas amerri. Les observateurs sont restés en attente.
Assumer sa responsabilité, de la part de Mme Marois, demanderait de
répondre en partie aux nombreux et bons arguments de celui et celles qui
ont laissé le Parti. Leurs questions demeurent parce que nous les
entretenons tous en nous. Il y a un malaise. On ne fera pas un pays sur
cette base politicienne. Rien ne presse, mais il faudra y revenir avec tout
le protocole qu’il mérite. Son rôle de grande pilote exige qu’elle
entretienne ces questions au lieu de les escamoter. La démocratie l’exige.
Clamer sa conviction, comme le fait Mme Maltais, ne constitue que la base
primaire de toute prise de parole en politique. On s’y attendait qu’elle
aime les gens de Taschereau. Mais ce projet, le marchandage de Labeaume,
ses liens avec une entreprise privée demanderaient un minimum de
transparence et de distance honnête. On ne le demandera pas au maire
Labeaume, mais on s’y attend de la part de Mme Maltais en tant que copilote
d’un projet beaucoup plus grand, construire un pays. Pour le moment, elle
perd de vue l’ensemble pour un détail. Capital politique? Préoccupation
particulariste? Partisanerie? Opportunisme? À elle de voir. Nous parler de
« fenêtre d’opportunité », cela pue la langue de bois et ne respecte pas
nos intelligences. Une chose est certaine, son engagement immédiat
l’aveugle dans son obligation de gérer un projet de plus grande envergure.
Il faut une dose de courage, d’énergie et de présence pour planer sans
moteur. Il en faut tellement qu’une seule idée en tête prévaut.
L’amerrissage sans dégâts au bénéfice de tous. Au PQ, on s’en va partout et
nulle part, à la fois. On veut tellement plaire qu’on déplait à tout le
monde. Rester aux commandes exige de reprendre possession des deux moteurs
de la politique : conviction et responsabilité. L’un ne peut contredire
l’autre. Les deux doivent s’allier.
Benoît Cazabon
Gatineau, 13 juin 2011
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
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1 commentaire
Marcel Haché Répondre
13 juillet 2011Beaux principes. C’est important les principes.
Il y a un dicton de je sais plus où qui dit approximativement ceci : les héros du jour sont souvent les lâches de la veille. Il en va ainsi de l’indépendance, qui sera faite par ceux qui y croiront très fort, par d’autres qui n’y croiront pas fort, et d’autres qui n’y croiront pas du tout. L’indépendance Nous dépasse tous. Et un seul moteur à l’avion, la conviction, peut suffire à faire la navette jusqu’aux portes de l’enfer, si nécessaire, pour qu’advienne la liberté.
Un aréna ne pèse rien dans la balance. Et le protocole, ma foi, c’est bon pour ceux de la veille…