Pire que «has been»

Si le Parti québécois veut se rebrancher sur le Québec, ses militants et députés devront se résoudre à entendre ces messages plutôt que de tirer sur les messagers.

Climat politique au Québec


Louise Harel s'est vite excusée d'avoir traité André Caillé et Jean Garon de has been. Des propos tenus par d'autres députés péquistes sont pourtant tout aussi insultants, sinon davantage. «Je me questionne sur la sincérité de leur réflexion», a lancé Stéphane Bédard. «Il y a toujours des gens qui, quand ils voient les tendances, les suivent et pilent un peu sur ce qui les a passionnés toute leur vie», a renchéri François Legault. Autrement dit, MM. Caillé et Garon ne seraient que de vulgaires opportunistes.


C'est une constante chez beaucoup de souverainistes québécois: ils conçoivent difficilement qu'un des leurs puisse déserter le navire. À ces traîtres, ils font immanquablement un procès d'intention. Les exemples sont légion: l'ancien député bloquiste Pierre Brien, passé à l'ADQ en 2003; l'ancien conseiller de René Lévesque, Raymond Bachand, passé au PLQ; l'ancien chef péquiste Pierre Marc Johnson, qui ne voit pas la nécessité d'un autre référendum; l'écrivain Michel Tremblay, qui n'appréciait pas l'évolution du discours indépendantiste; l'homme de théâtre Robert Lepage, qui n'avait en lui qu'un «reste de sentiment souverainiste». Tous ont été cloués au pilori, à tel point que M. Johnson refuse désormais d'aborder le sujet tandis que MM. Tremblay et Lepage ont préféré rentrer au bercail de l'orthodoxie.
Les condamnations sont non seulement sans appel, elles sont instantanées. C'est ainsi que l'ancien premier ministre Bernard Landry a pu excommunier Michel Tremblay... avant de constater que l'écrivain, loin d'avoir quitté le bateau, avait seulement exprimé quelques réserves sur l'argumentaire employé.
Cette intolérance est profondément injuste pour des Québécois qui, sans moins aimer leur peuple, ont changé d'idée sur l'opportunité ou sur l'urgence de la souveraineté. De plus, elle empêche les indépendantistes de méditer sur le sens de la démarche de leurs anciens compagnons d'armes. Or, on est en présence d'un courant de pensée significatif parmi les Québécois qui ont déjà voté Oui.
Ceux-là croient, comme M. Brien, que l'indépendance est hors de portée dans un avenir prévisible. «Penser que le chemin à parcourir pour la réalisation de la souveraineté du Québec ne repose que sur 30 000 votes de plus pour le Oui relève de la pensée magique ou du discours de motivation, pas du réalisme politique. Une différence doit être faite entre une nécessaire victoire référendaire et la réussite du projet de la souveraineté», disait-il en 2003.
Ils pensent aussi, à l'instar de Raymond Bachand, que le Québec a déjà en main l'essentiel des outils dont il a besoin pour se développer. «Personne ne va faire de cadeau, il faut prendre sa place, mais on a tout l'espace voulu pour se développer dans le cadre fédéral actuel», disait M. Bachand en annonçant son passage au PLQ.
Si le Parti québécois veut se rebrancher sur le Québec, ses militants et députés devront se résoudre à entendre ces messages plutôt que de tirer sur les messagers.
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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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