Pauvre Jean...

Tout innocent peut être un coupable qui s'ignore

L'affaire Bellemare - la crise politique

Quelqu’un, dans un article publié sur ce site, a affirmé que Jean Charest, sur le plan de la moralité publique, était allé plus loin que Duplessis, ce qu’on prétend avéré. En effet, gratifier un électeur influent dans son rang, sa paroisse ou son village d’un réfrigérateur ou de trois tonnes de gravier est sans aucun doute plus bénin que de lui offrir un poste rémunérateur, un siège de juge peut-être, une prime de 35% sur un contrat de plusieurs kilomètres de pavage à asphalter ou, pire, à construire.
En revanche, en dépit des quelques milliards perdus, on ne peut accuser Charest d’avoir assurément contribué à la pendaison d’un innocent, par exemple Wilbert Coffin, ni à la ruine d’un restaurateur dont le seul crime était d’avoir payé la caution de Témoins de Jéhovah (Roncalli). Bien sûr, aujourd’hui, on ne défère plus au tribunal les adeptes d’une religion ou d’une secte à qui on ne peut reprocher aucun accroc au code criminel, et la peine de mort a été abolie. Voilà au moins des progrès sociaux qui sauvent le Premier ministre de certaines accusations et, sait-on jamais, de mauvaises pensées. Non que je croie Jean Charest capable de telles velenies. Au fait, je ne sais plus vraiment quoi croire ou ne pas croire à propos de cet homme ou de ses déclarations.
Je n’arrive même pas à savoir s’il a réellement, comme il le dit lui-même, les deux mains sur le volant. Il me paraît davantage possible de supposer que, si jamais cela correspondait à la vérité, cette dernière ne signifierait pas que ses deux mains lui appartiennent en propre (ni qu’elles le soient), mais qu’il s’agirait plutôt d’un prêt à intérêt, quoique discuter de la différence entre celui qui tient le sac et celui qui le remplit équivaille à une querelle d’Allemand. Or, c’est bien connu, il a tout au plus quelques gouttes de sang anglo-saxon, ce qui suffirait à le prévenir de s’inféoder à un baron ontarien de la finance canadienne-française. C’est bien pour dire : plus j’essaie consciencieusement de l’innocenter, plus je sens que je n’y arrive pas. Je remercie le ciel de n’être pas avocat de la défense, j’en serais sans doute réduit à nuire innocemment à mes clients...


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3 commentaires

  • Raymond Poulin Répondre

    14 avril 2010

    Monsieur Lachaîne, si le sens de l’ironie ne vous est pas étranger, vous aurez sans doute compris que je suis très loin de défendre Jean Charest... En clair, nous pensons lè-dessus la même chose.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2010

    Monsieur Poulin,
    Je diffère d'opinion concernant Jean Charest.
    Non il n'a pas envoyé un Coffin à l'échafaud comme Duplessis l'a fait et il n'a pas agi comme Duplessis dans des situations comme les Témoins de Jéhovah etc. Cependant je crois qu'il a fait bien pire. Je crois qu'il a irrémédiablement blessé le peuple du Québec et cela est pire que d'envoyer une personne à l'échafaud. Même si les allégations de monsieur Bellemare s'avèrent incorrectes ou fausses, Charest a réussi à rendre la très grande majorité de la population du Québec, cynique, désabusée et inquiète pour son avenir et celui de ses enfants et petits enfants.
    Duplessis n'a jamais endetté le Québec. Charest, avec le dernier budget, frappe les petits au point qu'ils auront énormément de difficultés à survivre financièrement.
    Je crois monsieur Poulin, que pour rester dans le bon sens des choses, la chance à donner à Charest c'est de lui demander de partir.
    Et il ne faut pas oublier les autres: Courchesne avec les écoles juives. Le ministre de la Famille (Tomassi ?) qui perçoit de l'argent pour PLQ sur le dos des enfants. L'ancien ministre Whissel avec son éthique élastique etc et etc.
    Non monsieur. Ce soir je me sens un citoyen oublié par son gouvernement parce que le premier ministre est plus intéressé à sa réputation que de s'occuper du bien-être du peuple québécois.
    Beaucoup comme moi n'ont aucune sympathie pour cet homme sans éthique morale et souhaite qu'il parte au plus vite.
    Fernand Lachaine

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    14 avril 2010

    Sur le site lequebecois.org on peut lire en substance ceci:
    Jean Charest et les juges
    Si les révélations de l'avocat Marc Bellemare à l'effet que les grands financiers du PLQ ont leur mot à dire dans la nomination des juges au Québec s'avèrent fondées, il faudra en conclure que Jean Charest n'apprend pas de ses erreurs.
    Il faut savoir que ça fait au moins 20 ans que Jean Charest joue avec le feu en entretenant des relations fort particulières avec le judiciaire. Dès 1990, ce dernier a dû abandonner le poste de ministre de la Jeunesse et du Sport amateur qu'il occupait dans le cabinet conservateur de Brian Mulroney, et ce, parce qu'il s'était permis de téléphoner au juge Macerola pour défendre l'entraîneur Marc St-Hilaire, dont il jugeait injuste l'exclusion de l'équipe canadienne aux Jeux du Commonwealth. L'avocat Charest devenu ministre ne semblait alors pas comprendre l'importance de l'indépendance du judiciaire eu égard au politique. Malheureusement pour lui, il est tombé sur un juge plus zélé que les autres, juge qui ne tolérait absolument pas les pressions politiques et qui a, à cause de cela, dénoncé publiquement Charest. De ce fait, ce dernier a dû démissionner.


    Voici d'ailleurs ce qu'écrivait Pratte après avoir demandé au juge Bellavance s'il devait sa nomination à Charest : « Le malaise est palpable ». Si c'est Pratte qui le dit, ça doit être vrai. Car, comme on le sait tous, il n'y a que la vérité qui sort de la bouche des agents de Gesca.
    Et en 2010, la malaise est tout aussi palpable. S'il fallait que Marc Bellemare soit à même de prouver ses dires et selon lesquels un odieux trafic d'influence serait organisé dans les plus hautes sphères du Parti libéral du Québec afin que certains amis du régime, par le truchement de divers stratagèmes tous plus condamnables les uns que les autres, mettent la main sur les fonctions les plus lucratives et prestigieuses, Jean Charest n'aurait alors d'autre choix que de rentrer enfin chez lui, la queue entre les jambes.
    Afin de faire la lumière dans ce dossier, le premier ministre qu'il est doit dès maintenant permettre à Marc Bellemare - et aux autres qui ont des choses à dire - de s'exprimer dans le cadre d'une commission d'enquête dont le mandat doit concerner non pas seulement la nomination des juges au Québec ou l'industrie de la construction, mais bien le financement du Parti libéral du Québec dans son ensemble. Il n'y a qu'ainsi que les citoyens pourront retrouver un semblant de confiance en ceux qui gèrent présentement les affaires de l'État. Si Charest s'y refuse, il est fini. C'est aussi simple que ça.
    Et après avoir gravité autour d'hommes qui usent de leur puissance financière pour influencer de manière néfaste le monde de la politique (les Desmarais, Sam Pollock et compagnie), après avoir participé à la grande tricherie fédéraliste de 1995, après les rumeurs de pont d'or ayant servi à le convaincre de s'en venir à Québec faire la lutte aux séparatistes en 1998, après l'histoire des résidences qu'il n'a pas les moyens de se payer sans le salaire secret d'au moins 75 000$ qu'il touche depuis 10 ans, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après tout ça, le départ du politicien Charest en ferait sourire plusieurs.