Élections fédérales du 14 octobre 2008

Pauvre Canada!

Sans le Québec, le Canada n’est rien. À cause du Canada, le Québec n’est rien !

Chronique de Louis Lapointe

Encore une fois, le Québec a sauvé le Canada de son triste sort. Comme à l’élection de 1988, où, n'eut été de la présence du Québec, le Canada aurait rejeté le traité de libre-échange que lui proposait alors Bryan Mulroney. Il avait fallu le travail colossal de souverainistes comme Bernard Landry pour convaincre les Québécois que le libre-échange était la meilleure chose qui pouvait arriver au Québec en cette fin de siècle. Un traité que les Canadiens du Canada repoussaient d’emblée. Ils en ont toujours voulu à Bryan Mulroney et aux Québécois, même si aujourd’hui, ils ne peuvent imaginer la vie sans l’ALÉNA. C’était deux ans avant l’affront de Meech et sept ans avant le référendum de 1995.
Après avoir déchiré l’accord que Bryan Mulroney avait négocié avec Robert Bourassa, le Canada est venu crier son amour au Québec un certain midi d’octobre 1995 sur la Place du Canada à Montréal. Quelques jours plus tard, le Canada survivait à la plus grande des menaces qui le guettait. Le Québec disait non à sa propre autodétermination et le Canada était encore une fois sauvé. Pauvre Québec, préférant continuer de jouer les empêcheurs de tourner en rond dans un pays incapable de vision. Sans le Québec, le Canada n’est rien. À cause du Canada, le Québec n’est rien!
Hier, le Bloc Québécois a réussi à faire élire 50 députés parce que Gilles Duceppe a convaincu les Québécois qu’ils étaient les seuls à pouvoir sauver le Canada du nouveau péril qui le guettait. À cause du Québec, les Canadiens n’ont pas pu donner la majorité que Stephen Harper souhaitait obtenir pour continuer de transformer leur Canada en pastiche des États-Unis de Georges Bush. L’antidote québécois à la bêtise canadienne a encore agi, mais pour combien d’années fonctionnera-t-il encore?
Les forces vives du Québec, celles qui font la différence, s’affaiblissent d’une élection à l’autre, tant au Québec qu’à Ottawa. Parce que l’indépendance n’est plus à l’ordre jour, personne n’en parle, et parce que personne n’en parle, les indépendantistes sont de plus en plus rares sur la terre du Québec. Étrange paradoxe, lorsque les indépendantistes québécois ne seront plus assez nombreux pour espérer se donner un pays bien à eux, il n’y aura alors plus assez de ces Québécois pour sauver le Canada de sa bêtise. Celle qui les a fait élire les conservateurs de Stephen Harper, la même qui les a fait porter Stéphane Dion à la tête du Parti libéral du Canada.
La bêtise canadienne est la pire des menaces à la sécurité du Québec, un cancer qui le gruge et dont il doit absolument se séparer s’il veut survivre!
Louis Lapointe

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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