Pauline, la maîtresse d’école

Tribune libre - 2007



Les mots sont consignés dans le dictionnaire. Chaque mot est suivi d’une
définition établie par de savants linguistes. Devant l’impossibilité de
s’entendre sur la définition ou le sens à donner à mot, chacun recourt au
dictionnaire. Le Larousse qui sème à tous vents, donne de bonnes
définitions. Le Littré, le Petit Robert et le Grand Larousse universel en
font tout autant.
La définition est le concept ou le terme complexe exposant ce qu’est une
chose ou ce que signifie un nom. «Animal raisonnable» est la définition de
l’homme. Une bonne définition doit se conformer à quelques lois
fondamentales. Elle doit être convertible avec l’objet défini. Elle doit
être plus claire que l’objet défini, sinon elle ne sert à rien. On doit,
dans toute définition, éviter les termes négatifs. On doit viser à la
concision. On doit éviter de définir le même par le même.
Les indépendantistes devraient utiliser ces notions de base avant de
parler de l’indépendance nationale du Québec. Mario Dumont, leader du camp
du Oui en 1995, associe ou confond souvent l’autonomie du Québec et la
souveraineté nationale du Québec. Bernard Landry parle de la souveraineté
du Québec pour décrire une nouvelle union confédérale canadienne
Québec-Canada, avec le droit de choisir son partenaire - logiquement le
Canada. Lucien Bouchard et le boiteux Bloc québécois au chef pivotant vont
dans la même foulée. Pour le moment, la notion de souveraineté ou
d’indépendance nationale ne semble pas fatiguer Pauline Marois. Elle attend
que le peuple définisse le pays pour en devenir la première aristocrate.
Position attentiste qui ressemble à de l’étapisme déguisée.
Quant à René Lévesque, il n’a jamais su expliquer exactement ce qu’il
voulait dire avec son projet de souveraineté association. Ses successeurs,
mis à part Parizeau, ont copié sa pensée en modifiant le vocabulaire, en
mettant ou pas des traits d’union entre les deux mots. De souveraineté
association, on est passé, sous Lucien Bouchard et Bernard Landry, à la
souveraineté partenariat. Dans la logique des choses, il convenait que les
deux référendums aient porté sur une nouvelle union confédérale et non sur
l’indépendance du Québec.
La notion d’indépendance étant mal définie, les commentateurs politiques
se sont amusés depuis quarante ans à accoler des épithètes aux différentes
factions dites souverainistes. Il est courant maintenant de parler de
l’aile pure et dure du PQ, des militants plus pressés, des caribous, des
kangourous, des mous, des modérés, des progressistes, des gens de la
droite, des gens de la gauche, des gens du centre.
Il n’existe pas de fédéralistes mous, modérés, purs et durs. Il existe des
fédéralistes, c’est-à-dire des gens qui croient que le Québec doit vivre et
continuer à vivre dans la Fédération canadienne. Serait-il possible de
trouver, en face, des indépendantistes, c’est-à-dire des gens qui croient,
que le Québec doit quitter la Fédération canadienne actuelle et
entreprendre la difficile tâche de fonder le pays du Québec? Si cette
clarté minimum n’est pas acceptée, que les indépendantistes ne s’étonnent
que la loi sur la clarté soit votée dans un autre parlement.
Pauline Marois et ses supporteurs veulent depuis le 13 mai dernier éduquer
le peuple québécois. Le pauvre petit peuple, qui n’a pas encore compris le
projet du PQ, quarante ans après sa fondation. Si le peuple n’est pas
arrivé à comprendre après quatre décennies, c’est sans doute que les
prometteurs du projet indépendantiste (?) ont été incapables de bien
définir la chose en question. Comme le référendum a été remisé aux calendes
grecques, Pauline Marois aura tout le loisir d’ouvrir ses dictionnaires
dans les années qui viennent afin d’expliquer ce que veut dire
«indépendance nationale».
Comme le peuple est lent à comprendre, il faut présumer qu’il lui manquera
bien des années pour réaliser son projet ambitieux. Que la maîtresse
d’école monte tout de suite à la tribune et devant le tableau noir, qu’elle
entreprenne d’expliquer les mots. Car sans compréhension des mots, surtout
en politique, on peut en arriver à mal se comprendre. Les électeurs ont
quitté le PQ parce qu’ils ne sont pas arrivés à comprendre ce que ce parti
voulait leur dire. Ce parti a été électoraliste plus qu’indépendantiste.
L’arrivée de Pauline ne vient que confirmer cette culture bâtarde qui verse
maintenant dans le péquisto-nationalisme. Les limousines avant la
libération nationale ! Faudra-t-il vous le répéter encore quelques dizaines
d’années? Si tel est le cas, l’assimilation aura enterré ce peuple qui
n’avait d’autres ambitions que la petitesse de ses dirigeants.

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11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2007

    Bravo M. Turcotte! Bravo M. Saint-Louis!

    Vous lire me rassure quant à la fermeté qui peut exister dans
    les rangs indépendantistes.

    Aujourd'hui, c'est le 17 mai, la fête nationale de la Norvège.
    Et alors, en quoi cela nous concerne-t-il, me direz-vous? ...
    Voyons rapidement la chronologie suivante:

    1814 => Suite aux guerres napoléoniennes,
    la Norvège est cédée à la Suède.
    1814 à 1905 => La Norvège est stagnante
    sous la férule suédoise.
    1905 => Le Parlement norvégien vote à l'unanimité
    l'abolition de l'union avec la Suède.
    1905 ++ => La Norvège affirme son identité, et jouit
    du respect que mérite toute nation qui
    se donne un pays, un pays indépendant!

    Est-il besoin d'en dire plus? Que font donc les PQistes
    depuis 1976? Ah oui, j'oubliais! Tous les
    avantages parlementaires, les fonds de
    pension, et (surtout) les limousines!
    Heureusement qu'il y a les parlementaries norvégiens.
    Claude Jodoin

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2007

    Bon message M. Turcotte,
    Embarqués dans le canot de sauvetage Marois, les mauvais coups de rame fraternels qui ont été prédits par M. Dumont pourront venir "liste des différents clans que vous décrivez" : de l’aile pure et dure du PQ, des militants plus pressés, des caribous, des kangourous, des mous, des modérés, des progressistes, des gens de la droite, des gens de la gauche, des gens du centre etc...dès que la direction du parti sera choisie par la chef.
    En plus, le PQ n'a pas encore répondu, depuis 40 ans, aux importantes questions suivantes :
    Est-ce qu'un Québec indépendant choisira officiellement la monnaie canadienne, québécoise au américaine ?
    Le passeport canadien ou québécois ?
    Le Québec aura-t-il des postes frontières avec l'Ontario et le Nouveau-Brunswick et conservra-t-il ceux avec les États-Unis ?
    Qu'est-ce qu'on fait avec la reine et son représentant et par quoi ou qui on le ou la remplace ?
    Est-ce que les poissons dans le golfe St-Laurent appartiendraient aux Newfies, aux Madelinots ou aux Gaspésiens et, est-ce qu'on est prêts à armer notre flotte de pêche et à tirer sur ces canadiens pour couler leurs bateaux, au besoin ?
    Le PQ, qui a déjà autorisé le déboisement du Québec jusqu'à la toundra, est-ce qu'il aura une meilleure politique de reboisement ? et j'en passe...

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    je suis biem d accort avec mr turcotte je ne suis pas aussi cultive et de tres loin de mr turcotte mes le p.q. fait vraiment pitie avec ces questions, ces logiques, en un mot moi qui travaille sur la construction ca me fait pense a un contremaitre de chantier qui ne veut pas ns dire c est quoi le projet et il est defendu de voir les plans je n aime plus ce partis et j en n ai plus confiance sauf que la marginalite n est pas beaucoup mieux felecitation mr turcotte au moin vs avez pas peur dire des verites

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    Monsieur Naud,
    Voilà. Comme vous n'êtes pas capable de contredire mes propos, vous vous attaquez à ma personne. Ce n'est pas grave. C'est comme ça que ça se passe au PQ. Tous les commentateurs sérieux ont admis que le PQ n'avait pas décodé le message des électeurs, à l'élection de 2003. Vous continuez à croire qu'ils ont eu tort de vous juger ainsi. Et le PQ ne décode toujours pas le message de 2007. Vous serez bien oubliger de décoder la prochaine fois. Le PQ vient d'opérer un virage tellement grand que tout regard sérieux sur la situation conduit à affirmer que le PQ n'est plus, idéologiquement parlant, que l'ombre de lui-même. Il ressemble de plus en plus à l'ADQ.
    Je ne suis pas le seul à tenir ces propos. Lisez les commentaires des journaux, des réseaux de télé, et vous verrez que ce que j'écris correspond à la réalité.
    Je ne chique rien. Je ne fume rien. Je ne bois rien. J'affirme.
    Contredisez...et laissez les attaques personnelles de côté.
    Merci.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    Monsieur Fleury,
    Je vous ai malheureusement confondu avec un autre lecteur. Lire le commentaire suite à vos remarques dans le dernier texte que je viens d'envoyer à monsieur Garon.
    Merci de votre commentaire.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    Le commentaire que je viens de faire sur monsieur Bouchard ne s'adresse pas à vous monsieur Garon. Je vous ai confondu avec monsieur Fleury.
    Mille excuses.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    Très cher Monsieur Garon,
    Je viens de relire mon texte «Pauline, la maîtresse d'école». Vous m'avez mal lu lorsque je parle de Lucien Bouchard. Je dis que Monsieur Bouchard est confédéraliste. Ce que vous ne pouvez nier.
    Et je parle ensuite du boiteux Bloc québécois et son chef pivotant (je parle évidemment, comme ceux qui savent lire, en sous-entendu, de Monsieur Duceppe).
    Voilà pour les rectifications. Ou les mots qui favorisent une meilleure compréhension.
    Au PQ on élabore des plans et on ne les applique pas. Ou on en impose - comme actuellement- sans consulter les membres. Bravo pour ces beaux gestes démocratiques. Et on parlerait du beau pays à faire, quand on est même pas capable d'appliquer les règles les plus élémentaires de la démocratie.
    JE retourne à mes écritures. Je dois rencontrer d'ici les prochains jours, tous les étudiants du Secondaire V de la polyvalente de ma ville. Je leur parle, sans les corridors, du pays à faire. Et je leur parle de tout ce que notre peuple à renier de son histoire: langue et foi. Je rencontre aussi des dizaines de jeunes régulièrement, au milieu de ma bibliothèque qui compte quelque 5000 ouvrages. Je vous recommande la lecture d'un livre extraordinaire de Marcel Clément, Le bien commun. Tous les péquites devenus nationalistes devraient lire cela.
    Bon courage. Encore une fois merci d'avoir écrit.
    Avec mes salutations les plus distinguées,
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007


    Le Parti québécois n'est pas le dépositaire de l'indépendance. Si Jean Charest affirmait demain matin qu'il veut faire l'indépendance, j'embarquerias avec lui. Landry, que j'admire énormément, a toujours dit: la patrie avant les partis. Si le PQ ne veut plus en parler, on va embarquer avec celui qui veut le faire.
    En 1985, après l'abandon par Pierre-Marc Johnson de la thèse indépendantiste pour l'affirmation nationale, les libéraux de Matane m'ont approché pour être candidat. Raison: c'est parce que ceux-ci me disaient qu'ils allaient, eux, faire l'indépendance. Et ça bien failli.
    Lisez bien l'histoire, c'est Robert Bourassa, le fédéraliste, au lendemain de l'échec de Meech qui s'est approché le près de l'indépendance. Il n'avait que commnder un référendum, et les sondages prédisaient à l'époque, que les Québécois auraient voté à 65 % pour le OUI. Pour vous convaincre de mes propos, lisez le livre suivant: Georges Mathew, L'accord, Comment Bourassa fera l'indépendance - J'ai été vice-président de la Chambre de commerce de Matane pendant trois ans, (1980-1983). J'ai sans doute, par mon action, converti plus de gens à l'indépendance de QUébec (les libéraux sont dans les Chambres de Commerce) que bien des péquistes assis autour d'une table à discuter du plan d'action, comme celui élaborer en juin 2005, et que le PQ n'a pas le coeur de défendre durant la dernière campagne électorale
    Pour votre information, à 67, et cela depuis ma retraite (10 ans déjà...) je parle de l'indépendance dans les écoles secondaires de ma région. Je donne des conférences sur le sujet. Toutes choses que le député actuel ne fait . Et je le fais, sans demander un sous. Je paie mon essence, mes couchers et mes déplacements. Je peux aller vous rencontrer dans votre région, si vous en faites la demande. Je demanderai le même traitement. Mais je ne vous cacherai pas la vérité.
    Le PQ ne fait que nous conduire à la débamdabe. En cachant son option. En la changeant, comme vient de le faire Madame Marois. Sans qu'aucun membre ne soit consulté. Vous trouvez cela démocratique et correct, vous ?
    La dernière épisode aussi loufoque que surprenant est le pivantant chef du Bloc qui voulant sauver le Québec a tout simplement montré son ridicule.
    Je n'ai jamais changé d'idée sur l'indépendance du Québec. J'essaie sans doute comme vous de trouver le bon moyen. Après avoir vu ce que tous les partis politiques peuvent faire en abandonnant leurs convictions les plus profondes, j'en suis venu à conclusion qu'il fallait fonder un mouvement indépendantiste, indépendamment des partis politiques. Libre à vous de croire encore au PQ qu vient, selon tous les commentaurs, de faire un virage à 180 degrés au moins. Dans 20 ans, l'indépendance ne sera pas faite. Car, - je sais encore compter - ce sera mathématiquement impossible de la faire.
    En parlant de virage, comment expliquez-vous que le PQ, en campagne électorale, avait affirmé qu'il n'allait pas toucher aux frais de scolarité des étudiants et que maintenant il dit qu'il a changé d'idée?
    Et comment expliquez-vous la volte-face de Duceppe dans la course à chefferie?
    Et comment expliquez-vous que Boisclair ait été élu il y a 18 mois, et que maintenant ce même parti le met dehors après avoir mis dehors une des plus militantes du parti, Madame Marois?
    Tournez ça comme vous voudrez, il y a des problèmes dans ce parti qui ressemble drôlement à de la fausse représentation.
    Vous n'êtes pas obligé de me lire. Il ya suffisamment de gens qui m'appellent pour me dire que j'ai raison. Qui m'envoient des courriels pour confirmer mes dires. On n'est pas obligé d'être tous d'accord sur tout. Moi, je respecte votre point et surtout je ne cherche pas à interpréter des textes de 20 passés, qu'il faut, honnêtement situer dans son contexte. A ce compte-là, René Lévesque serait resté libéral toute sa vie et le ministre Bachand, ancien péquiste, est devenu un ministre à Jean Charest. Il a le droit de changer d'idée...
    Merci d'avoir écrit. Je ne m'attaque pas à vous. Je ne vous connais pas. Je ne vous ai jamais rencontré et je ne juge jamais les gens à distance.
    Bonne santé.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    Les Anciens canadiens avaient une expression savoureuse pour décrire les gens comme Nestor Turcotte: un "chiqueux de guenille". Et il faut vraiment se trouver en manque de tabac à chiquer pour en être réduit à chiquer de la guenille...!

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    Il y a longtemps que je cherchais à comprendre le comportement
    - que je voyais "frustré" -
    de M. Nestor Turcotte, philosophe, de Matane.
    J'ai enfin trouvé quelques explications sur ce site :
    http://lequebecois.actifforum.com/Ici-on-parle-d-actualite-f1/Nestor-Turcotte-t1667-0.htm
    À partir d'aujourd'hui, je ne lirai plus M. Turcotte, car autrement, ce serait lui donner toute l'importance qu'il recherche et qu'il ne mérite pas !
    Adieu M. Nestor !

  • Archives de Vigile Répondre

    16 mai 2007

    Monsieur Nestor,
    Le fait que vous ayez écrit:"Lucien Bouchard et le boiteux Bloc Québécois au chef pivotant" montre bien toute la mesquinerie dont vous êtes capable dans vos commentaires. Ce disgracieux rapprochement vous disqualifie à vouloir faire la leçon à qui que ce soit.
    Raymond Fleury