Paul Piché

Celui qui ne s’intéresse pas à son avenir, à notre avenir collectif, ne mérite pas notre respect.

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!



Depuis quelques années, les artistes, entre autres les chanteurs québécois, ont été plutôt muets sur la nécessité de faire l’indépendance. Comme si le thème de l’indépendance était devenu un sujet tabou ou dépassé. On se garde une petite gêne, de peur de passer pour ringard. Mieux vaut, en ces temps déliquescents, parler de la pluie et du beau temps, de l’ours blanc qui est menacé par les changements climatiques, des scandales et de la corruption du gouvernement Charest, de l’abandon des principes de Kyoto par le gouvernement conservateur de Harper, des indignés de Montréal qui avaient, bien sûr, toute notre sympathie, de Montréal comme locomotive économique du Québec, ou encore du péage sur les ponts et autoroutes. J’avais un ami uruguayen qui pratiquait toujours la même petite phrase lorsqu’il voulait désamorcer une discussion un peu chaude : «Est-ce que tu sais que le prix du beurre a augmenté ? »…
Dimanche dernier, le Journal de Montréal publiait une longue lettre du chanteur Paul Piché. Paul ne s’est jamais caché de ses opinions indépendantistes et écologistes. Il est capable de marcher tout en mâchant de la gomme comme on dit. C’est-à-dire qu’il peut affirmer haut et fort la nécessité de faire l’indépendance du Québec au plus vite et se faire le parrain de la rivière Rouge, dans son coin de pays, afin de mieux préserver la nature contre l’envahissement du béton. Parce que tous ces combats sont reliés entre eux.
« On a plutôt choisi, pour intéresser les gens, de s’occuper « des vraies affaires », dit-il dans sa missive. Mais la question nationale a cessé d’être une vraie affaire, le jour où on a cessé de soulever le côté paralysant de notre soumission au fédéral. Le jour où on s’est arrêté, à l’Assemblée nationale, d’en souligner les conséquences dans nos vies de tous les jours. […] De gauche à droite, tous nous proposent de rénover la maison, mais personne pour dire que nous ne sommes pas propriétaires. »
De son côté, le chroniqueur Richard Martineau, dans le même journal, fait état de quelques réactions de lecteurs à cette prise de position de Paul Piché.
«Contrairement à ce que dit Paul Piché, le peuple n’est ni sourd ni stupide, écrit un lecteur. On connaît tous les arguments en faveur de l’indépendance, on n’a pas besoin qu'on nous les répète et qu’on nous les explique une fois de plus. Si on n’appuie pas l’option, ce n’est pas parce qu'on ne la comprend pas. C’est parce qu’elle ne nous intéresse pas ! En tout cas, pas maintenant...»
Au contraire, il faut cent fois plutôt qu’une répéter et expliquer les raisons pour lesquelles le Québec doit être un vrai pays, le pays de tous les Québécois. Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Selon les données du dernier recensement (2006), le français à l’intérieur du Canada a connu un déclin inexorable. Les citoyens de langue maternelle française ne représentent plus que 22,1 % au Canada. Au début de la Révolution tranquille, nous représentions 28,1%. Et nous sommes même passés sous la barre des 80 % pour ce groupe de locuteurs au Québec (79,6 %). En dehors du Québec, la population de langue maternelle française est passée de 7,3%, en 1951, à 4,1% en 2006. Et ce déclin va s’accélérer dans les 20 ou 40 prochaines années puisque la langue anglaise, malgré les lois en vigueur au Québec, continue d’attirer une majorité des nouveaux arrivants.
Nous n’étions qu’une poignée, au début des années soixante, à scander Québec libre et le Québec aux Québécois dans les rues de Montréal. Nous passions facilement pour des fous, des illuminés. Pourtant cette idée a fait son chemin petit à petit et a pénétré des couches de la population que nous pensions imperméables à toute idée révolutionnaire. Au dernier référendum, nous étions une majorité à vouloir ce pays pour le Québec, mais le gouvernement fédéral nous l’a volé, comme le scandale des commandites fédérales l’a prouvé.
Aucune personne qui est la moindrement au courant de son histoire peut affirmer, sans se couvrir de ridicule, que nous ne représentons pas une nation à part entière, dans le grand ensemble canadien. L’Assemblée nationale l’a reconnu. Ce peuple a besoin d’être souverain pour décider de son avenir, en fonction de ses besoins, de ses intérêts, pour s’épanouir parmi les autres peuples de la Terre.
Celui qui ne s’intéresse pas à son avenir, à notre avenir collectif, ne mérite pas notre respect.


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