Pauline Marois a réussi son pari. Elle a obtenu un double appui de ses militants lors du congrès du Parti québécois ce week-end. Ils lui ont voté leur confiance à 93 %, puis, chose inhabituelle, ils ont rescindé à sa demande une résolution sur la langue d'affichage. La proximité des prochaines élections les invitait à resserrer les rangs. Son défi sera désormais de convaincre les électeurs qu'elle peut être première ministre.
Le style de leadership de Pauline Marois aura indéniablement contribué à ce vote de confiance exceptionnel. Rejetée deux fois au titre de chef du parti, en 1985 puis en 2005, elle s'est imposée en 2007 comme unique candidate à la succession d'André Boisclair. Elle avait mis ses conditions, notamment l'abandon du «référendisme», ce qui ne plaisait pas à tous. Il lui fallait rallier. Sa recette aura consisté à créer des consensus et à mobiliser les militants dans l'action. Résultat, en quatre ans, elle aura ramené son parti de la troisième à la première position sur le plan de l'appui populaire. Il aurait été indécent de ne pas lui en reconnaître le mérite.
Son leadership consolidé, Pauline Marois n'aura plus à surveiller ses arrières. Elle pourra se consacrer entièrement aux «adversaires d'en face», avec comme cible la prochaine élection, attendue d'ici 12 à 18 mois. Ce sera une bataille déterminante, car ce vote de confiance à 93 % fixe aussi le niveau des attentes de ses militants. Ils ne le lui pardonneront pas si elle échappe le pouvoir, qui semble à portée de main.
Cette bataille sera dure, comme l'illustre la réaction de Jean Charest, qui hier pointait du doigt la radicalisation du PQ, citant l'adoption au congrès de résolutions pour étendre la loi 101 aux cégeps et pour intensifier la préparation du prochain référendum. Cela reviendra souvent dans son discours, question de souligner que Pauline Marois est prisonnière de ses militants, à qui elle a dû donner des gages quant à son orthodoxie.
La chef péquiste pourrait être tentée de mener sa bataille sur le terrain des attaques partisanes. Elle a ample matière à répliquer aux libéraux avec les révélations sur les scandales dans le monde de la construction et pourrait réussir à les défaire sur leur bilan. Miser ainsi sur l'alternance entre partis serait une erreur. Malgré la popularité retrouvée du PQ, des doutes demeurent dans l'opinion publique sur sa capacité à être première ministre. Ces deux dernières années, elle a fait la démonstration de sa combativité. Il lui faut maintenant prendre de la hauteur et se situer sur le terrain des idées.
C'est ici qu'on pourra mesurer l'habilité politique de Pauline Marois. Le programme voté par le congrès ce week-end s'articule d'abord autour du concept de «gouvernance souverainiste», qu'elle a elle-même porté et défendu. Cela consistera en la promotion tous azimuts des intérêts du Québec, en attendant un éventuel référendum. Il lui faudra toutefois concilier cette «gouvernance souverainiste» avec les priorités de la «gouvernance quotidienne» des petits et grands problèmes auxquels les Québécois doivent faire face, qu'il s'agisse des places en garderies, des listes d'attente en chirurgie cardiaque ou de l'exploitation des gaz de schiste.
La prochaine élection ne sera pas référendaire. L'enjeu premier sera l'élection d'un bon gouvernement, d'un gouvernement meilleur que celui qui est en place. Les militants péquistes ont en fin de semaine adopté un programme dont il reste à faire une proposition électorale qui réponde à cet objectif. Ce devrait être là maintenant la tâche principale de Pauline Marois.
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