Le vote de confiance historique de 93,08 % accordé à Pauline Marois confirme le succès de la reconstruction du PQ enclenchée à la dure après le tsunami Boisclair de 2007.
Il confirme l'ascendant de Mme Marois sur des troupes presque aussi soudées qu'à l'époque de Jacques Parizeau. Du moins, en apparence.
Et pourtant, bien des péquistes savent en même temps qu'ils ne sont pas encore tout à fait sortis de l'auberge...
Le PQ a beau mener solidement dans les sondages depuis plus d'un an face à un gouvernement Charest étiqueté "irrécupérable" par une vaste majorité de Québécois, le facteur "Legault" risque de brouiller les cartes de la prochaine joute électorale.
Du moins, si d'ici là, François Legault réussit à faire un vrai parti politique de sa Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ). À moins, bien sûr, qu'il ne prenne simplement la direction de l'ADQ.
Or, s'il revenait en politique active, cette nouvelle division d'un vote francophone déjà fractionné entre le PLQ, le PQ, l'ADQ et Québec solidaire, ne serait sûrement pas sans conséquence.
Résultat: l'arrivée de ce nouveau joueur, si elle se fait, pourrait fort bien produire un gouvernement minoritaire. Libéral ou péquiste.
D'autant plus que l'objectif réel de M. Legault est clair comme de l'eau de roche. Cet ancien ministre péquiste cherche surtout à brouter l'herbe plus verdoyante du PQ - celle du PLQ étant déjà passablement amochée...
Un bel indice de cette motivation porte un nom: Charles Sirois. Homme d'affaires influent et associé principal de M. Legault dans la CAQ, il est surtout un libéral de longue date, un proche de Jean Charest et, par conséquent, un fédéraliste convaincu.
Cette relation politique très particulière explique l'abandon de l'option souverainiste par M. Legault - par ailleurs, son droit le plus strict.
Impossible de s'y tromper. C'est surtout le PQ que messieurs Legault et Sirois ont dans leur mire politique.
Et une chose est sûre: empêcher le PQ d'être majoritaire aurait comme résultat d'attacher les mains de Pauline Marois quant à ses principaux engagements.
Dans la mesure, bien sûr, où elle voudrait vraiment le faire - ce qui n'est pas évident - il lui serait alors impossible de faire voter l'application de la loi 101 aux cégeps. Même chose pour la francisation des petites et moyennes entreprises. Même chose pour le gel, même temporaire, des frais de scolarité. Oubliez aussi l'adoption d'une constitution et d'une citoyenneté québécoises.
Déjà que la chef péquiste refuse de s'engager à tenir un référendum, si le PQ devait en plus être minoritaire, elle ne pourrait même pas pratiquer sa fameuse "gouvernance souverainiste".
Du moins, pas sans subir le rappel constant que son "mandat" serait trop faible pour entraîner le Québec dans une guerre constante de juridictions avec Ottawa...
Évidemment, ce ne sont là que des hypothèses. Après tout, il est toujours possible que Legault & Sirois prennent peur et rentrent dans leurs terres.
Mais si Legault plonge d'ici un an, le risque d'un gouvernement minoritaire serait sérieux. On murmure même que Jean Charest serait alors tenté de remettre ça pour une quatrième élection! Ce dont, en passant, je doute fort.
En attendant, il répète ad nauseam que le PQ se "radicalise". Ce faisant, il travaille fort à semer la peur dans sa propre base anglophone et allophone, dont une part non négligeable, aussi découragée de ce gouvernement que bien des francophones, risquerait autrement de ne pas aller voter à la prochaine élection!
Quant à Ottawa, même avec la haute probabilité qu'il n'y aurait pas de référendum sous Mme Marois, on préférerait quand même avoir la paix complète dans le dossier constitutionnel.
Cette "paix", Ottawa l'aurait avec un gouvernement minoritaire à Québec. Qu'il soit péquiste ou libéral.
Pendant ce temps, au Bloc...
Pendant ce temps, côté Bloc québécois, on s'inquiète de la montée du NPD. Si elle tient, elle pourrait en effet affaiblir les appuis au Bloc.
Mais on s'inquiète aussi de ce qui se passe au Québec.
S'il fallait que le PQ ne soit pas majoritaire à la prochaine élection, c'est toute la question nationale, avec ou sans souveraineté, qui poursuivrait le profond sommeil dans lequel elle est plongée depuis le référendum de 1995.
Bref, le Canada continuerait à se définir sans la moindre préoccupation pour le Québec.
Les Québécois, c'est vrai, en ont vu bien d'autres. Mais le temps fait aussi son œuvre d'usure...
Avec la possibilité d'un gouvernement Harper majoritaire et d'un retour de François Legault en politique active, il semble bien que 2011 soit l'année de tous les dangers.
Autant sur la question nationale que sur la montée d'une certaine droite populiste. Que ce soit ici, à Ottawa ou dans le reste du Canada.
Toutes de simples "hypothèses", bien entendu...
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