Parle parle jase jase

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Ouvert à tous ceux qui partagent les valeurs...de Québec Solidaire

Étrange ce besoin de lancer maintenant le mouvement «Faut qu'on se parle», alors que le Parti québécois élira dans quelques jours son futur chef, que l'IRAI, l'institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et des indépendances nationales a annoncé officiellement ce jeudi l'ouverture de ses portes et qu'on parle de lancer un NPD québécois, qui viendrait sérieusement piger dans les rangs de QS.
C'est comme s'il existait un besoin urgent d'occuper les devants de l'actualité au détriment de deux organisations ouvertement indépendantistes (PQ et IRAI), pour en favoriser une troisième. Et comme de fait, la grosse caisse de résonnance du fédéralisme au Québec, Radio-Canada, a relayé aussitôt la nouvelle deux fois plutôt qu'une, avant et après le lancement de ce mouvement de discussion, alors qu'aucun bulletin de nouvelle n'annonçait le lancement, ce jeudi soir, de l'IRAI dans des locaux hi-tech. On parlait même d'un groupe anonyme d'artistes qui financerait ce mouvement de discussion. Or, ce qu'on constate à première vue, c'est que ce groupe d'artistes n'est pas si anonyme puisqu'on connaît au moins deux de ces mécènes, Yvon Deschamps et Dominic Champagne. Deux poids deux mesures? Deschamps et Champagne ne sont pas anonymes, parce qu'ils sont fort connus (cette renommée est fort utile), tandis que les autres artistes anonymes ne seraient pas dignes de mention?
Est-ce que le mouvement «Faut qu'on se parle» a déjà obtenu son statut d'organisme de bienfaisance auprès de Revenu Canada comme tente de le faire depuis plus d'un an l'IRAI? Sur la page de cet organisme, on sollicite nos dons, sans autres spécifications. Aucune mention de retour d'impôt pour l'instant. Est-ce que le bureau du directeur des élections au Québec se dit inquiet de l'arrivée de ce mouvement pas si apolitique que cela quand même, comme il s'est montré inquiet lors de la création de l'IRAI?
Vous allez peut-être me trouver très pointilleux mais ces constats ont de quoi susciter toutes sortes de questions. Vous ne trouvez pas que cette «créature médiatique» a un petit parfum de Québec solidaire? En centrant le débat entre la droite (les soi-disant souverainistes identitaires refermés sur eux-mêmes) et la gauche solidaire et vertueuse, on évacue totalement le projet indépendantiste. En mettant tous les politiciens «traditionnels» dans le même panier, entendez les libéraux et les péquistes, on ne peut que susciter l'admiration des pieux militants de Québec solidaire. Ce mouvement de discussion «non-partisan» ne peut que donner un sérieux coup de pouce à cette formation politique et il «sera capable de mobiliser au-delà de ce que Québec solidaire pourrait espérer à lui seul», peut-on lire dans la mouvance de Faut qu'on se parle.
Vous ne trouvez pas que toutes ces manœuvres publicitaires ont un petit parfum de récupération. Je ne me souviens pas que les contestataires des années 1960, vous savez ces «maudits» baby boomers qu'on accable de tous les maux et dont je suis, aient niché dans des tribunes officielles fédéralistes à Radio-Canada ou à L'Actualité, comme le fait, entre autres, Gabriel Nadeau Dubois. À voir avec quel empressement Radio-Canada a répondu à l'appel du pied du leader des contestataires étudiants de 2012, on peut se poser la question. À voir l'ardeur qu'a mise Michel C. Auger, de la même radio publique, à attaquer Jean-François Lisée en entrevue ce jeudi à son émission du midi, on peut en toute légitimité se demander qui fait le plus peur et mal à cet establishment qu'on dit vouloir combattre.
Je n'ai rien contre la gauche, je m'estime humblement être un homme de gauche qui a beaucoup donné et je continue de dénoncer, sur l'échiquier international, entre autres, toutes les tentatives d'ingérence et d'intimidation de l'empire américain, qu'il s'agisse de l'Amérique latine ou du Moyen-Orient. Mais j'en ai contre ces nouveaux juges de la bonne conduite qui se disent de toutes les luttes : étudiantes, écologistes, antiracistes, féministes, autochtones, anti-austérité, mais qui sont incapables de revendiquer haut et fort pour le Québec un statut de pays, ce «rêve populiste nationaliste et conservateur», disent-ils, tout en qualifiant ceux qui le font de «pleurnichards de la Nation perdue».
Faque, parle parle jase jase, tsé veut dire... si c'est pour nous servir les mêmes turpitudes, le même plat réchauffé sur notre soi-disant nationalisme ethnique qui crée une «division artificielle entre "eux'' et "nous"», on va laisser passer la parade.


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