Ouvert sur le monde, fermé sur soi!

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Réjean Parent se trompe : les enjeux identitaires doivent être au centre de la campagne de 2018

Le débat ravivé sur le port de signes religieux par des représentants de l’État au pouvoir coercitif risque, comme d’habitude, de finir en queue de poisson. Tant et aussi longtemps que nous refuserons de définir et d’affirmer les valeurs de la société québécoise, les soubresauts identitaires ne pourront qu’accentuer les tensions communautaristes et miner le vivre ensemble.


La neutralité de l’État ou sa laïcité s’est avérée un véritable parcours à obstacle pour tous les partis politiques au cours des deux dernières décennies. Nous devons admettre que les partis ont plutôt fait preuve d’électoralisme dans leur quête de solutions et nous ont éloigné à tour de rôle d’un dialogue social plus fructueux.


L’ADQ de Mario Dumont fut la première à flirter avec le populisme et força les libéraux de Jean Charest à réagir en mettant en place la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux pratiques culturelles (appelé communément la Commission Bouchard-Taylor). Le rapport de la Commission fut tabletté et le PLQ s’est égaré en dépôt de projets loi qui n’aboutirent pas.  Celui de la ministre Vallée, sur les services publics à visage découvert, a été adopté après avoir été scindé et son application est loin d’être évidente dans la suite des explications nébuleuses fournies par la ministre et les recours juridiques intentés.


Le PQ aurait pu disposer de la question de la laïcité en faisant preuve d’ouverture sur sa charte des valeurs au lieu d’étirer le processus pour espérer des gains électoraux. Il a préféré faire fi de la raison et rendre encore plus laborieux le débat sur la laïcité de l’État.


Ces tensions et débats avortés puisent leur source dans les chartes des droits et libertés canadienne et québécoise qui font primer les droits individuels sur les droits collectifs. Ces fondements s’accommodent bien du multiculturalisme prôné par les « trudeauistes », mais ils résistent mal aux appréhensions d’une large frange de la population québécoise qui craint de voir disparaître sa culture ou de la voir réduite à un épisode folklorique.


Au fil du temps, les attaques se sont raffinées en faisant passer pour racistes ou xénophobes toutes les personnes réfractaires à des accommodements déraisonnables. Certains se permettent même de faire la morale en parlant de l’ouverture sur le monde qui sied à une société moderne et y oppose toute velléité d’aspiration identitaire. Paradoxalement, ces partisans de l’ouverture voudraient que les Québécois de longue date se ferment sur eux-mêmes et oublient d’affirmer leur culture pour ne pas faire ombrage à leurs différences.


Certains souhaitent voir la laïcité comme un enjeu de la prochaine campagne électorale. Quant à moi, ce serait la meilleure façon d’échouer à nouveau dans la définition de nos règles du vivre ensemble et la détermination des accommodements raisonnables. Au mieux, les partis les plus avisés refuseront de tomber dans le piège de la laïcité électoraliste et proposeront le dépôt d’un livre blanc sur l’état de la situation s’ils sont élus en s’engageant à travailler conjointement avec tous les autres partis.


Sortir l’enjeu de la laïcité des basses manœuvres électorales est le meilleur service que les partis politiques pourraient rendre aux Québécois de tous horizons.