On l'observe tous les jours dans la région de Montréal. Les experts qui se penchent sur la question en viennent à une même conclusion: le français recule. Précisons: il recule non seulement sur l'île de Montréal, mais dans l'ensemble de la région métropolitaine. Les enseignements conjugués de la démographie et de la sociologie viennent confirmer ce qu'avait déjà deviné le sens commun.
L'indépendance sera évidemment la solution pour renverser cette tendance. Ceux qui doutent des vertus de la souveraineté devraient se rappeler qu'elle seule permettra d'assurer définitivement l'existence et l'épanouissement d'une nation de langue et de culture françaises en Amérique. L'indépendance changerait la donne en fournissant à notre identité le cadre politique qui la consolidera.
En fait, si le Québec était un pays, nous disposerions de tous les pouvoirs nécessaires à la mise en place d'une politique cohérente qui ferait du français la langue officielle, dans le plus grand respect des droits de la minorité anglophone. Surtout, si le Québec était un pays, une Cour suprême étrangère ne viendrait pas baliser à notre place les critères du raisonnable et du déraisonnable en ce qui a trait à la protection de notre langue. Mais le Québec n'est pas encore souverain.
Nous ne devons pas pour autant nous contenter d'un constat désolé sur la régression du français. Nous devons agir. Comme l'a soutenu Pauline Marois, il nous faut nous déprendre de l'obsession référendaire et reconnaître que la bataille pour le français peut et doit être reprise dès maintenant. C'est un nouveau chantier de promotion de la langue française qu'il faut ouvrir.
Pourtant, le gouvernement actuel semble bien davantage préoccupé de satisfaire les obligations imposés par la Cour suprême que de se pencher sur le phénomène de l'anglicisation de la région de Montréal. Il y a là un mélange de complaisance et de peur panique devant la question linguistique, qu'on cherche à masquer en accusant de «radicalisme» ceux qui veulent agir.
Le Parti québécois n'est pas victime de la même paralysie et est sur le point de s'engager, lors de la révision de son programme au Congrès d'avril, à revoir la loi 101, notamment en proposant son extension au niveau collégial. Voilà un exemple concret de ce que sera la gouvernance souverainiste.
Cela dit, il ne faut pas laisser pour compte ceux qui, parmi nos jeunes, se destinent à des carrières qui nécessitent une bonne maîtrise des langues. Nous avons le devoir de leur offrir les moyens appropriés au sein même de nos établissements de langue française. C'est parce que nous ne le faisons pas que nombre d'entre eux passent au cégep anglophone.
Je soutiendrai ce projet d'extension de la loi 101 au cégep lors de notre prochain congrès national.
Je le soutiendrai parce que, depuis la promulgation de la loi 101 en 1977, nous avons changé d'époque. Les défis rencontrés par la défense du français ont changé. La transformation du marché du travail, l'évolution des flux migratoires et de la dynamique de l'intégration et bien d'autres facteurs nous invitent à repenser la loi 101 et à l'ajuster aux défis du nouveau siècle. Il faut réformer la loi 101 en étant fidèle à son inspiration initiale. Nos impôts ne doivent pas servir à financer notre anglicisation.
Je le soutiendrai parce que les droits de nos citoyens de langue anglaise seront encore et toujours respectés. Je le soutiendrai enfin au nom de notre Comité national des jeunes, qui a été le premier à formuler une proposition en ce sens. La jeunesse québécoise en appelle à un renouveau de notre affirmation linguistique. Le Québec ne doit plus avoir honte d'assurer la prédominance de la langue française.
J'invite tous les Québécois à réfléchir. Je les invite dans leur analyse à départager deux enjeux qui chacun mérite une réponse particulière. Le premier de ces enjeux, c'est bel et bien la défense de notre langue et de nos institutions. Le second concerne la maîtrise des langues, dont l'anglais.
J'invite enfin les militants du Parti québécois à réfléchir à cette dernière question.
Si nous ne pouvons pas dès maintenant nous porter à la défense de notre espace francophone, à quelle sorte de projet de pays allons-nous convier les Québécois, le temps venu? Un pays bilingue? Il y en a déjà un. C'est le Canada.
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Raymond Archambault, candidat à la présidence du conseil exécutif national du Parti québécois
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