Respecter les Québécois

Élection Québec 2012


Les propositions adoptées lors du dernier conseil national du Parti québécois ont suscité beaucoup de commentaires et de réactions. Des débats ont donc été lancés dans l'arène publique, ce qui constitue déjà une première réussite. Au sein même du parti, les militants ont débattu en profondeur de chacune des propositions et ont fait les nuances qui s'imposaient.
Les premières réactions sont venues de nos adversaires libéraux et caquistes qui nous ont accusés «d'être déconnectés des préoccupations de la population». Rien n'est plus faux. L'emploi, la santé, l'économie, l'environnement, l'éducation. Dans tous ces domaines, le Parti québécois propose des changements importants. Le plus fondamental d'entre eux porte sur le statut politique du Québec. Bâtir un pays du Québec aura en effet des incidences majeures sur notre vie quotidienne.
D'autre part, s'il est vrai que «les Québécois ne se battent pas dans les autobus pour l'obtention de référendums d'initiative populaire», la principale question des dernières années dans le débat public concerne ce que d'aucuns ont nommé le cynisme et d'autres, la perte de confiance de la population envers ses élus et les institutions démocratiques.
Le Parti québécois s'est attelé à débattre sérieusement de cette question de confiance. Nous proposons des solutions. Et jamais n'avons-nous prétendu que l'une ou l'autre de celles-ci allait suffire à changer la politique. C'est l'ensemble de notre démarche qui vise à rétablir la confiance. Un mot suffit à la décrire : respect. Respecter les électeurs. Respecter leur volonté. Respecter leur intelligence. Bref, respecter les Québécois.
Par exemple, pour en finir avec les manigances préélectorales, nous proposons des élections à date fixe. Pour en finir avec la suspicion parfois justifiée envers le financement des partis politiques, nous proposons de limiter les dons à 100$ par année. Ces propositions avaient déjà été adoptées lors de notre congrès d'avril dernier.
Cette fois-ci, les membres du Parti québécois ont adopté de nombreuses propositions, dont trois ont fait les manchettes. D'abord, la proposition visant à octroyer le droit de vote aux jeunes de 16 ans. Cette proposition s'inscrit dans une démarche beaucoup plus large visant à ce que les jeunes participent le plus possible au processus démocratique. Nous avons par exemple proposé que le Directeur général des élections installe des boîtes de scrutin dans les établissements d'éducation postsecondaire pour favoriser le vote des jeunes. C'est déjà le cas dans les établissements pour personnes âgées. Rien n'empêche de faire de même pour les étudiants.
En avril dernier, nous avions déjà adopté des propositions visant à réintroduire l'enseignement de notre histoire nationale à l'école et un cours d'éducation à la citoyenneté. Ainsi, le droit de vote à 16 ans n'est qu'un élément dans un ensemble qui vise à susciter la participation des jeunes Québécois à la vie démocratique. Le signal que nous voulons envoyer aux jeunes en est un de respect.
La proposition visant à introduire le référendum d'initiative populaire a également suscité de vifs débats. Tant mieux! Nos adversaires, de façon prévisible, ont brandi l'épouvantail de «référendums à répétition» et de paralysie de l'État. C'est ce qui nous distingue de ces partis qui rejettent comme un fléau l'idée même de consulter la population. Les fédéralistes diabolisent depuis si longtemps les référendums qu'ils ont oublié qu'il s'agissait tout simplement de consulter la population. Comment en sont-ils arrivés à diaboliser un exercice démocratique? C'est une question que les libéraux et les caquistes devraient se poser.
D'autres ont souligné avec plus de nuances qu'un tel exercice pourrait faire resurgir des questions de conscience délicates comme les débats sur la peine de mort ou sur le droit à l'avortement. Tous, au Parti québécois, en sont conscients. C'est la raison pour laquelle dans un premier temps nous nous sommes contentés d'adopter le principe. Comme l'a demandé Pauline Marois, le débat doit se poursuivre autour des modalités et des balises du référendum d'initiative populaire. Une chose est certaine, celui-ci ne devra en aucun cas contrevenir à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. En définitive, notre proposition de référendum d'initiative populaire envoie un signal de respect de l'intelligence de la population.
Finalement, une troisième proposition, celle de créer une chambre des régions, a provoqué une accusation simpliste et non fondée : on nous a accusés de vouloir créer un autre Sénat. Faux. Ce que nous voulons à travers cette proposition, c'est donner une voix plus forte à chacune des régions du Québec. Elle est fondée sur l'hypothèse de réunir des gens déjà élus - des préfets de MRC, par exemple - et de leur permettre de donner leur opinion en amont des décisions législatives ou gouvernementales qui ont un impact chez eux. Là encore, notre volonté consiste à respecter la connaissance des réalités particulières de chacune des régions. Ce qui est bon pour Montréal n'est pas nécessairement bon pour Val-D'Or et inversement.
Le Parti québécois est donc engagé dans une démarche de respect envers les Québécois. Nous croyons que c'est en montrant le plus grand respect envers les électeurs que nous irons chercher leur respect à eux. Nous sommes confiants d'y parvenir, car les 90 000 membres de notre parti sont des Québécois comme les autres, qui partagent les mêmes préoccupations et qui demandent la même chose: du respect.
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Raymond Archambault
Président du conseil exécutif national du Parti québécois


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