Dans un texte diffusé sur Internet, Paul Cliche qualifie de « divagations » nos propos sur la réforme du mode de scrutin dans le texte que nous avons fait paraître sous le titre « La vision provincialiste de Québec solidaire ».
L’essentiel de notre propos était qu’une réforme du mode de scrutin – sans nier son importance en soi – n’était pas prioritaire pour les souverainistes. En appui à cette affirmation, nous rappelions la séquence des événements à venir.
Premièrement, l’élection du 4 septembre se déroulera selon les règles du mode de scrutin actuel. Deuxièmement, dans l’éventualité de l’élection d’un gouvernement péquiste, la priorité pour les souverainistes sera la tenue d’un référendum sur la souveraineté. Troisième étape, une fois l’indépendance proclamée, convocation d’une assemblée constituante où seront débattues les institutions d’un Québec indépendant, dont le mode de scrutin.
Nous disions que mettre la priorité, à ce moment-ci, sur le réforme du mode de scrutin, comme le fait Québec solidaire, c’est repousser aux calendes grecques la tenue d’un référendum et, donc, se cantonner dans une approche provincialiste.
Paul Cliche nous donne parfaitement raison lorsqu’il écrit qu’il « est évident que d’autres élections devront se tenir avant l’accession du Québec à la souveraineté ne serait-ce que parce qu’un éventuel gouvernement péquiste – même s’il est majoritaire – ne tiendra probablement pas de référendum sur la souveraineté dans un premier mandat ».
Si cela n’est pas repousser le référendum et l’indépendance du Québec aux calendres grecques, comment le qualifier?
Les indépendantistes comprennent l’urgence de l’indépendance pour la nation québécoise, étant donné sa marginalisation croissante dans le Canada de Stephen Harper. Les arguments sont archiconnus. Ils sont d’ordre politique, économique, social, environnemental et culturel. Avons-nous besoin de les rappeler en détails?
Advenant une victoire péquiste, tout devra être mis en œuvre pour que la question de l’indépendance soit posée. La véritable conquête démocratique est l’indépendance nationale et non une plus juste représentation politique dans une province dominée au sein du Canada.
Le défaitisme de Paul Cliche nous attriste. Nous espérons qu’il n’est pas partagé par les militantes et militants de Québec solidaire. Il ne faudrait pas que l’analyse concrète de la conjoncture politique soit remplacée par le fétichisme de la réforme du mode de scrutin.
Paul Cliche revient sur l’histoire du Parti Québécois et rappelle que René Lévesque n’avait plus, en 1984, l’ascendant nécessaire pour faire adopter par son parti la réforme du mode de scrutin qu’il projetait. On peut s’en désoler, mais c’est ainsi. Il faut vivre avec la réalité.
Il rappelle également que Lucien Bouchard avait également mis l’idée au rancart. Rien de surprenant dans son cas, étant donné tout ce qu’il a mis au rancart.
Plus tard, Bernard Landry avait fait preuve d’ouverture à ce sujet, mais sa défaite aux mains de Jean Charest en 2003 sonnait le glas d’une telle réforme pour un avenir prévisible.
C’est en tenant compte de cela que des progressistes et des syndicalistes ont décidé de former le SPQ Libre et d’intervenir au sein de la large coalition que représente le Parti Québécois pour y faire valoir leurs idées, toujours dans la perspective d’un Québec libre. Notre lutte de libération nationale nécessite la formation d’un large front uni.
Dans ce choix de militer au sein du Parti Québécois, nous avons tenu compte également de l’analyse de Paul Cliche dans son livre « Pour réduire le déficit démocratique, le scrutin proportionnel. » Dans ce livre, Cliche illustre, avec maints exemples, la loi d’airain du mode de scrutin uninominal à un tour qui marginalise les tiers-partis.
Dans le texte qu’il vient de publier, Cliche reprend cette conclusion lorsqu’il affirme que la conséquence du mode de scrutin actuel est de « garder captive la mouvance progressiste dont fait partie Québec solidaire ». Dommage que Cliche n’ait pas tenu compte des conclusions de son livre. Il se serait alors joint à nous au SPQ Libre pour faire avancer ses idées au sein du Parti Québécois.tBien entendu, il aurait dû se confronter à des gens qui ont d’autres opinions que la sienne. Mais, notre expérience nous a démontré que, si on est patient et tenace, nos idées peuvent triompher. C’est ainsi que dans la plate-forme électorale du Parti Québécois, on retrouve plusieurs des causes défendues par le SPQ Libre au cours des dernières années. Mentionnons l’électrification du transport, la nationalisation de l’éolien, l’application des dispositions de la Loi 101 aux cégeps, la modernisation de la Loi anti-scabs et le référendum d’initiative populaire sur la souveraineté. Pas mal pour un « groupuscule », comme Cliche qualifie le SPQ Libre.
Paul Cliche a le grand mérite d’avoir été le premier à remettre à l’ordre du jour la réforme du mode de scrutin. Mais il en a fait un absolu, sans lien avec la conjoncture et le rapport actuel des forces politiques.
Si on ne veut pas reporter au pouvoir Jean Charest ou, pire encore, la CAQ de François Legault, il faut élire le Parti Québécois. S’ouvrirait alors une nouvelle conjoncture politique favorable à une plus grande démocratisation de nos institutions. Voter Québec solidaire ou Option nationale comporte le risque de diviser le vote et faire élire les pires ennemis de la démocratie. Le choix est clair et Paul Cliche ne le sait que trop bien.
RÉPLIQUE
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