L'armée canadienne en mission à l'étranger

Nous ne voulons pas faire la guerre!

2006 textes seuls

Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, vient de passer quelques jours en Afghanistan. Il est allé dire aux soldats canadiens, en notre nom, que le peuple canadien appuie l'action gouvernementale dans ce pays. C'est faux!
Les peuples québécois et canadien sont véritablement inquiets. Inquiets et déconcertés de constater la transformation des missions de l'armée canadienne : de moins en moins de missions de paix sous l'égide des Nations unies, de plus en plus d'actions offensives et guerrières. Dans le cas de l'Afghanistan, c'est clair : nos soldats, en alliance avec l'OTAN dont les opérations sont sous commandement américain, pourchassent les talibans sous prétexte de traquer les terroristes d'al-Qaïda.
Cette nouvelle mission fait bien l'affaire du gouvernement américain, très occupé en Irak. Stephen Harper, nous le savons, est idéologiquement proche du gouvernement Bush et veut lui démontrer son appui. Le gouvernement Harper se propose d'accroître les dépenses d'équipements militaires de 5,3 milliards de dollars en cinq ans. C'est du bonbon pour les industries d'armement mais c'est aussi de l'argent qui n'ira pas à l'éducation, à la santé, au respect de l'accord de Kyoto, à la lutte contre la pauvreté.
Détournement de mandat
Beaucoup de Québécois et de Canadiens s'insurgent contre ce détournement de mandat de l'armée canadienne. Ils sentent que nous ne sommes pas en Afghanistan pour les bonnes raisons. Il ne s'agit pas de maintien de la paix ou de reconstruction d'un pays dévasté par des guerres successives. La population canadienne sait que de jeunes hommes et de jeunes femmes reviendront au pays dans des cercueils. Elle exige un débat démocratique sur le rôle du Canada dans les conflits armés. Ce débat, le gouvernement canadien doit le faire au Parlement, comme le réclament tous les partis d'opposition.
Quant à nous, à Québec solidaire, nous estimons que l'Afghanistan a davantage besoin, d'écoles, d'hôpitaux et d'aide au développement que de troupes d'occupation et de chasse présumée aux terroristes. C'est dans ce sens que le Canada doit travailler. Par ailleurs, la paix en Afghanistan ne sera pas possible sans une véritable initiative de paix onusienne où les efforts du peuple afghan seront soutenus pour contrer l'influence des seigneurs de la guerre. Le Canada pourrait participer à une telle mission.
Pour signifier notre refus d'une guerre que nous n'appuyons pas, pour exiger un débat parlementaire et pour réclamer de véritables efforts de paix en Afghanistan, nous irons marcher aujourd'hui à l'invitation du collectif «Échec à la guerre».
Et en Irak...
Voilà plus d'une décennie que les gouvernements américain et britannique s'acharnent contre l'Irak. Ils ont d'abord, pendant 13 ans, affamé les Irakiens par des sanctions économiques meurtrières. Ils ont ensuite envahi le pays et, depuis ce temps, on compte sans arrêt les cadavres à la morgue. Bush et Blair jurent que c'est pour la démocratie. Nous savons qu'ils mentent comme ils mentaient en invoquant la présence d'armes de destruction massive pour attaquer l'Irak en 2003.
L'Irak est maintenant dans une quasi-situation de guerre civile. Des attentats quotidiens sont aussi bien le fait des résistants à l'occupation états-unienne que des fanatiques alimentés par des décennies de guerres et d'humiliation. C'est un gâchis dont sont largement responsables les puissances occidentales qui ont décidé d'envahir l'Irak et de l'occuper militairement. Pendant ce temps, la population souffre : manque d'eau et d'électricité, écoles détruites, insécurité quotidienne, etc.
L'Irak doit retrouver sa souveraineté. Québec solidaire appuie les personnes qui, aux États-Unis mêmes et partout dans le monde, exigent le retrait de l'armée américaine d'Irak. Encore une fois, il revient au peuple irakien et à ses élus de s'adresser aux Nations unies pour la création d'une initiative de paix, si tel est son désir.
Nous marcherons donc en appui au peuple irakien aujourd'hui.
Pas de bombe ni de bombardements
L'Iran est dans la mire du gouvernement américain depuis plusieurs années. Après les attentats du 11 septembre 2001, Bush avait indiqué que ce pays faisait partie de l'«axe du mal». Pourquoi ?
La volonté de l'Iran de se hisser au rang de puissance régionale, de dicter lui-même le destin de ses ressources naturelles et de décider de la devise qu'il veut en retour de son pétrole irrite ceux qui veulent à tout prix dominer le monde et contrôler le Moyen-Orient. Ce qui irrite, c'est qu'une telle puissance puisse, le jour des ultimes négociations sur le sort de la Palestine occupée, exercer un véritable rapport de force favorable au peuple palestinien dépossédé de sa terre, de sa dignité et du rêve d'un quelconque avenir.
Par ailleurs, les puissances occidentales et, au premier chef, l'administration Bush prétendent que l'Iran veut se doter de l'arme nucléaire. Cela reste à prouver. Bien sûr, le nouveau président irakien est loin d'inspirer confiance. Mais ce qui inquiète tout autant, c'est que des bombardements américains ou israéliens soient envisagés contre des sites iraniens de production d'énergie nucléaire.
Pas de bombe nucléaire
Québec solidaire se prononce clairement contre la fabrication et l'utilisation de la bombe nucléaire par quelque pays que ce soit, y compris l'Iran, dont le gouvernement autoritaire et répressif nuit avant tout au peuple iranien. Cependant, nous nous prononçons tout aussi clairement contre des bombardements qui feraient des milliers de morts chez les civils.
La crédibilité des puissances nucléaires «autorisées» est sérieusement minée par leur politique de «deux poids, deux mesures» : l'Inde a la bombe alors que ce pays était gouverné il y a deux ans, par des fondamentalistes hindouistes. Le Likoud israélien a dirigé Israël en alliance avec des ultranationalistes; or ce pays possède 200 ogives nucléaires.
George W. Bush, largement influencé par des fondamentalistes religieux, peut aussi décider d'utiliser la bombe nucléaire. Les États-Unis développent même leur arsenal nucléaire en fabriquant des mini nukes. Au nom de la guerre au terrorisme, ces minibombes atomiques sont destinées à être utilisées non pas comme des armes de dissuasion -- ce que veut la doctrine nucléaire établie par les grandes puissances à partir des années 50 -- mais comme des armes d'attaques préventives dans des opérations militaires diverses. Terrifiant !
L'objectif de désarmement nucléaire doit donc être remis à l'ordre du jour et faire l'objet d'ententes entre tous les gouvernements de la planète, y compris ceux qui dominent le monde. Nous allons donc marcher en disant : ni bombe ni bombardements !
Mais nous proposons d'aller plus loin. Il nous faut remettre en question nos choix de société afin de prévenir et d'éviter les guerres de conquête pour une économie fondée sur une croissance et une consommation débridées. Il s'agit d'une économie dont la dépendance toxique au pétrole et à l'utilisation abusive des ressources naturelles et énergétiques est à l'origine de guerres et de conflits qui pourraient être de plus en plus meurtriers.
Nous proposons d'orienter ces milliards gaspillés dans des interventions militaires aux succès douteux vers le développement durable, le maintien et le développement des services publics, l'élimination de la pauvreté ici et partout dans le monde et l'accès généralisé à la culture. Voilà qui est davantage porteur de paix !
Françoise David et Amir Khadir, Québec solidaire

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Député de Mercier et porte-parole de Québec solidaire

Médecin à l'hôpital Pierre-Le-Gardeur et porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir est médecin spécialiste en microbiologie-infectiologie et associé de recherche en maladies infectieuses.

Amir Khadir est une des icônes de la gauche québécoise. Avec Françoise David, il est le porte-parole du tout nouveau parti Québec solidaire, une formation issue de la fusion de l’Union des forces progressistes (UFP) et d’Option citoyenne.

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