Les archétypes sont intemporels

Noranda

Chronique de Louis Lapointe

Les archétypes sont intemporels

Noranda*


C’était un samedi soir du début de mai

Sur une mer de poussières encombrée de vaisseaux de papier

Disparaissaient ça et là des îlots de glace

La neige fondante avait laissée place à des bancs de garnottes

Au dessus de la ville submergée flottait un long foulard fumant

Sous cet air vomitoire se noyaient asphyxiées une multitude d’oiseaux sédentaires

Le foulard tentaculaire les avait pris au piège

Trop longtemps ils avaient tournés en rond sans se méfier du long foulard fumant flottant

Puis le vent tomba

Et on les vit sombrer derrière la silhouette diffuse du monstre sacré

De malheureux naufragés s’agrippèrent aux vaisseaux de papier pour atteindre les bancs de garnottes

Sur cette mer de poussières ils découvraient enfin leur folie

Tous étaient condamnés à errer comme Ulysse

Ou à voir fondre leurs espoirs

Sous ce soleil tamisé du mois de mai.

***

*Écrit à Montréal entre septembre 1977 et mars 1979

***

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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