Le Mouvement Desjardins poursuit son régime minceur. Au moins 14 centres de services auront fermé leurs portes après le passage de la vague de fermetures sur la Mauricie, le Centre-du-Québec et la Gaspésie, a confirmé l’état-major du groupe financier coopératif.
Les fermetures de centres de services - qui ont été annoncées au compte-gouttes au cours des dernières semaines - n’ont pas manqué de susciter de vives réactions. « Les membres de la direction du Mouvement Desjardins disaient : “C’est fait, la rationalisation” », s’étonne Jacques Gingras. L’ancien journaliste du Nouvelliste mène actuellement une fronde destinée à freiner la fermeture de centres de services dans son coin de pays, l’agglomération de Trois-Rivières.
Des centres de services seront fermés de part et d’autre du fleuve : notamment les centres Sainte-Marguerite à Trois-Rivières et Charette à Saint-Boniface, sur la Rive-Nord, Sainte-Angèle-de-Laval et Précieux-Sang à Bécancour, ainsi que Sainte-Monique, Saint-Elphège et La Visitation à Nicolet, sur la Rive-Sud.
Ne digérant pas les « opérations fermetures » menées par certaines directions de caisse, M. Gingras appelle les membres du Mouvement Desjardins à se réapproprier leur caisse et à y exprimer haut et fort leur mécontentement. D’autant plus que d’autres fermetures pourraient être annoncées au gré des assemblées annuelles des prochains jours, met-il en garde.
M. Gingras s’explique mal la fin des activités du centre de services Sainte-Marguerite de la Caisse des Trois-Rivières. À ses yeux, ce centre revêt une importance particulière dans l’histoire du Mouvement Desjardins. « C’est une caisse symbolique. C’est elle qui a le plus mis en oeuvre les caractéristiques du Mouvement Desjardins en s’associant au miracle du curé Chamberland. C’est lui qui a permis à 250 personnes de devenir propriétaires », se rappelle M. Gingras. Le Mouvement Desjardins mettra la clé sous la porte de l’établissement au lendemain de la Fête nationale.
La fermeture de centres de services s’ajoute à la suppression du service « Desjardins à domicile » dans le secteur, déplore-t-il. « Quelqu’un qui n’a pas d’auto, c’est bien de valeur, il ne peut plus aller à la caisse, dit l’ancien membre du conseil de la Caisse populaire Laviolette. Les gens qui vont à pied à la même caisse depuis des années vont devoir attendre que leur fille ou leur gars vienne les chercher. »
Plusieurs personnes âgées froncent les sourcils devant le service AccèsD qui permet d’effectuer des transactions bancaires grâce à leur téléphone et leur ordinateur, fait-il remarquer. « On n’est pas tous morts encore ! »
La direction du Mouvement Desjardins reconnaît que la fermeture d’un établissement se fait rarement sans grincements de dents. « Les décisions de fermeture ou de changement de vocation de centres de services sont prises localement par les caisses, à la lumière d’une analyse qu’elles peuvent faire de leur situation - rentabilité, emplacement des centres de services, fréquentation, etc. - et des habitudes transactionnelles de leurs membres », explique le porte-parole du Mouvement Desjardins, André Chapleau.
C’est un coup monté, rétorque Jacques Gingras. Selon lui, les gestionnaires dépouillent des établissements de leurs services pour ensuite s’étonner de la baisse d’affluence. « On enlève de là tous les conseillers en placements et les planificateurs financiers. On laisse seulement les caisses. Alors, l’achalandage réduit beaucoup. Et ils disent : “Il n’y a quasiment pas de monde qui va à la Caisse. Ce n’est pas rentable, on la ferme !” C’est le pattern qu’ils ont fait quasiment partout », dénonce-t-il.
« On donne la rage au chien pour le tuer », lance-t-il, à l’autre bout du fil. Il critique aussi sévèrement les rénovations effectuées à prix fort aux centres de services Jean XXIII et Les Boulevards. « On n’aura pas un membre de plus avec ça ! »
M. Gingras appelle d’autres membres du Mouvement Desjardins « déçus » à l’accompagner à l’assemblée générale de la Caisse Laviolette mardi prochain, les avertissant toutefois que ceux qui remettent en question les décisions des dirigeants de caisse « se font rabrouer ».
La présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, prévoyait de nouvelles fusions de caisses jusqu’en 2015 dans une lettre envoyée l’année dernière aux présidents de caisses. Le plan « Vision 2015 » fixe à environ 325 le nombre « optimal » de caisses, mais ne précise pas le nombre « optimal » de centres de services, indique M. Chapleau.
Au 31 décembre 2012 , le Mouvement Desjardins comptait 397 caisses et 897 centres de services.
Puisque les décisions de maintenir en vie ou non un établissement sont prises localement, la direction du Mouvement Desjardins « ne sait pas nécessairement quelles seront les fermetures à venir », précise le porte-parole de Desjardins.
« Pendant ce temps, on donne des salaires de fou à des dirigeants ! », s’indigne M. Gingras. D’ailleurs, l’ancien reporter veut « ramener sur le tapis » la question du salaire « éhonté pour une coop » de Mme Leroux, c’est-à-dire 3,34 millions de dollars en 2012. Il croise les doigts pour que l’approche en matière de rémunération de l’équipe de direction du Mouvement Desjardins soit taillée en pièces lors de la prochaine assemblée.
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