Mobiliser les milieux d’affaires : à quel prix ?

Référendum III


Ce qui est sûr, c’est que le PQ fait le pari de tenter de mobiliser les
milieux d’affaires, mais, qu’il réussisse ou non, l’on peut se questionner
sur cette stratégie elle-même.
Tentons tout d’abord de répondre à votre question : il y a, au Québec, le
PLQ, parti des gens d’affaires et des Anglais, l’ADQ, parti pro-affaires et
populiste, surtout populaire chez les francophones, puis, le PQ.
Ensuite, il y a QS, parti pro-peuple, le PVQ, genre de NPD québécois, car
il gruge, au Québec, le vote anglais du PLQ. Enfin, l’on peut ajouter le
PI, qui est un parti indépendantiste et plutôt pro-peuple.
Le PQ, donc, fait le pari de gruger les votes de l’ADQ. Il n’est pas
impossible que cette stratégie réussisse, car l’ADQ, même si elle séduit en
partie les milieux d’affaires, n’est pas très crédible.
En revanche, ce qui est intéressant de constater, en un sens, c’est le
double-mouvement : un mouvement vers la droite, assez clair – la dite «
modernisation » et l’exaltation de Facal ne doivent pas tromper – puis,
ensuite, l’autonomisation de fait du PQ.
Il est possible qu’il s’agisse d’un repli stratégique, un abandon de
l’option référendaire pour ouvrir la porte à une voie électorale
référendaire, mais le refus de Mme Marois de discuter de stratégie, en un
sens, est fort troublant.
Car, si l’on refuse de tenir un référendum le plus vite possible, soit,
mais que suggère-t-on, au juste, sinon attendre, et gouverner de manière
souverainiste, en respectant la légalité canadienne ?
Il est donc possible que le PQ réussisse à mobiliser les milieux
d’affaires, mais à quel prix ? Au prix de l’abandon de son option
constitutionnelle ? C’est là une question critique.
Si c’était le cas, deux stratégies sont possibles : 1) Tenter de profiter
de la convergence pour rapatrier des pouvoirs d’Ottawa, 2) Construire une
alternative indépendantiste au PQ.
Le plus drôle, admettons-le, c’est que ces deux stratégies, en fait, ne
sont peut-être pas contradictoires, sur le fond, bien qu’elles le soient,
dans la forme. Elles ne peuvent être l’oeuvre d’une même entité politique,
mais elles pourraient se chevaucher.
Permettons-nous de poser une question aux indépendantistes sur Vigile :
Croyez-vous qu’une entente est possible entre le PQ et l’ADQ pour
rapatrier unilatéralement et complètement les pouvoirs suivants au Québec :
langue, culture, famille, immigration et impôts ?
Un tel rapatriement pourrait-il se faire dans le cadre d’une Constitution
du Québec entérinée par référendum populaire ? Ou serait-il mieux de
procéder à un tel rapatriement suivant la voie du pacte électoral PQ-ADQ
suggérée par M. Paquette ?
David Poulin-Litvak
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 avril 2008

    Le développement économique et industriel du Québec n'est pas une question de parti politique ou même d'agenda de droite. Le PLQ ou le Parti Conservateur ou les fédéralistes n'ont pas le monopole à ce niveau. Se mobiliser ici est avant tout une question de "défendre nos intérêts".
    Il faut défendre nos intérêts comme le font n'importe quel pays normal qui se respecte. Et le Québec doit se comporter comme un pays normal. Il faut faire la différence entre les milieux des affaires qui n'est pas monolithique, et ses portes paroles, qui eux en général, sont très peu représentatifs des gens ordinaires.

  • David Poulin-Litvak Répondre

    23 mars 2008

    Hahaha. Vous me faites bien rire, M. Ouhgo-Lucide, avec votre petit commentaire : « Il semble qu’on va devoir garder un œil là-dessus encore un temps : ça se bouscule pas aux portillons entre les poussées d’hormones. »
    Cependant, n’oubliez pas, poser une question, ce n’est pas prendre position. L’essentiel d’un débat, justement, c’est d’explorer, d’approfondir, certaines idées. Je dois avouer que ce que suggère M. Paquette, a peut-être un potentiel. Il faut donc poser deux questions, liées à cette proposition :
    1- « Quels pouvoirs rapatrier, en tenant compte des intentions des partis sur cette question ? »
    Je crois que les cinq pouvoirs énumérés, en plus des communications et de la citoyenneté, pourraient faire l’objet d’un compromis. Il serait intéressant de débattre sur cela, notamment : "Y a-t-il d’autres pouvoirs cruciaux à rapatrier ?"
    L’on pourrait même poser la question à QS, sur une tribune comme Presse-toi à gauche, pour savoir si, eux, aussi, auraient des pouvoirs à ajouter pour allonger la liste PQ-ADQ.
    2- « Comment les rapatrier ? Dans le cadre d’une entente préélectorale entre ces partis, ou sinon, dans le cadre d’une constitution du Québec entérinée par référendum ? »
    Ensuite, bien sûr, sachant où l’on va, il serait nécessaire, comme vous le mentionnez, d’entamer des démarches de lobbying, pour tâter le terrain et voir s’il y a des ouvertures, de part et d’autres. Il serait peut-être intéressant, concevable, de mettre en place une structure, même, qui organise une campagne pour porter cette idée.

    Bref, il faut avoir un objectif, puis un plan de mise en oeuvre.
    Ensuite, question plus centrale, il faut se poser la question de l’opportunité de cette option avec l’autre option, selon moi, qui est en compétition avec elle, qui est de mettre en place un autre parti politique. Enfin, un peu plus compliqué, l’on peut même se poser la question à savoir si ces deux options sont exclusives sur le fond. Peut-on vouloir un rapatriement des pouvoirs, donc une autonomisation du Québec, à court terme, tout en maintenant le cap sur l’indépendance du Québec ?

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    23 mars 2008

    Croyons-nous ça possible?
    Est-ce là, la forme de débats, M. Litvak, que vous avez suggéré à M. Frappier de modérer? Débats qui devaient ouvrir une tribune à la jeune génération qui tendait à minimiser les effets résiduels des 40 dernières années…
    Il semble qu’on va devoir garder un œil là-dessus encore un temps : ça se bouscule pas aux portillons entre les poussées d’hormones.
    Ce que je viens de soumettre en message sous le dernier billet de Michel Gendron, c’est que le rôle de chef étant eminemment partisan, quand Pauline échappe une remarque déplacée envers l’argent que gère Mario pour sa famille, ce dernier ne peut qu’exploser dans le sens vicieux de ses anciens parents libéraux (Fournier) pour lancer du purin dans le « fan ».
    Bon, ces colères ne peuvent durer éternellement, mais comme nous sommes en urgence* et qu’il faut se parler avant la prochaine élection générale, les Débats Vigile pourraient servir ouvertement la cause nationale non partisane du Québec francophone. Ne devrions-nous pas approcher les conseillers au programme auprès des 2 partis pour s’assurer qu’ils ont bien pris connaissance de la thèse Paquette?
    *Parler d’urgence n’est pas pure rhétorique quand on voit le travail de sape qu’effectue à grands pas le West Island, avec la bénédiction de Christine, mandatée par Charest pour les laisser achever la loi 101.
    M. Gilbert Paquette, l’auteur de la Nécessaire Alliance, avec son critique modéré Michel Gendron (ce ne sont que vagues suggestions), tenant colloque, fût-ce par téléphone d’abord, avec ces gens dévoués à accroître l’autogestion de la Nation, pourraient vite tracer un croquis de la forme que pourrait prendre la collaboration des deux partis pour éliminer du pouvoir la coalition fédéraliste anti-française patente.
    Je le dis en toute humilité, et encouragé par une récente discussion à bâtons rompus avec M. l’ex conseiller au programme sous Lévesque, M. Paquette. Ceux qui le connaissent savent avec quelle simplicité il peut aborder les gens. Je le fais aussi pour participer à amorcer la pompe de ces débats qui pourraient bien alimenter les grands débats de la chef Marois.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 mars 2008

    Plusieurs pays à travers le monde ont un gouvernement formé de ministres de droite et de ministres de gauche. Or une chose est certaine : le jour où le Québec deviendra un pays il continuera à y avoir chez nous un ou des partis de gauche et un ou des partis de droite. En fait il n'y aura plus, en gros, que cela puisque nous n'aurons plus besoin de partis indépendantistes, souverainistes ou autonomistes. Pourquoi ne pas nous projeter en avant et nous tourner résolument vers des alliances qui nous fassent avancer vers le but.