Déclaration Controversée

Martin désavoue Garneau

Élections 2006

Le chef libéral Paul Martin désavoue les propos controversés de son candidat vedette au Québec, Marc Garneau, qui a comparé le projet politique des souverainistes à l'invasion américaine de l'Irak.
Tentant de mettre fin aux nombreux dérapages qu'a connus la campagne libérale au cours des deux dernières semaines, M. Martin a déclaré jeudi que les vocables choisis par M. Garneau pour exprimer son opposition à la souveraineté du Québec « n'étaient pas les meilleurs».
Lisant en partie une réponse préparée à l'avance par ses collaborateurs, M. Martin a toutefois soutenu que M. Garneau est un fier fédéraliste et qu'il exprimait, quoique de manière maladroite, son attachement au Canada.
Il a toutefois souligné que des souverainistes notoires, dont Pauline Marois, ont déjà soutenu que la souveraineté du Québec ne se ferait pas en douceur, sans turbulence.
«Marc Garneau est un fier Québécois. C'est un Québécois qui a eu d'énormes réussites. Il va servir au Parlement canadien avec distinction. Ceci dit, ce n'était probablement pas le meilleur exemple à choisir. Mais il exprime une inquiétude réelle qui est partagée par plusieurs Québécois. Même Pauline Marois a parlé des turbulences qui pourraient suivre un référendum. Alors, ça amène de l'instabilité, de la division», a affirmé M. Martin.
Depuis quelques jours, M. Garneau défraie les manchettes en tenant des propos cinglants à l'endroit des souverainistes. Dans une entrevue accordée à La Presse, il a d'abord indiqué qu'il quitterait le Québec s'il devenait souverain un jour. Mercredi, le candidat libéral dans la circonscription de Vaudreuil-Soulanges en a rajouté en déclarant que les souverainistes n'ont pas réfléchi à leur option, tout comme les Américains n'ont pas réfléchi avant d'envahir l'Irak.
«Lorsque vous vous dites souverainistes, vous devez penser à toutes les conséquences de votre projet. Je crois que plusieurs souverainistes ne l'ont pas fait. C'est un peu comme lorsque les États-Unis sont allés à Bagdad. Ils ont agi rapidement, mais qu'est-ce qui vient après?» a lancé l'ancien directeur de l'Agence spatiale canadienne.
Il a poursuivi sa charge en disant que si les souverainistes y réfléchissaient, ils réaliseraient qu'ils sont mieux servis par un Canada uni «qui fait l'envie du monde entier malgré nos chicanes internes».
M. Garneau a aussi rappelé que son grand-père et son père avaient combattu successivement lors des deux Guerres mondiales, tandis qu'il avait lui-même servi la marine canadienne.
«Chaque fibre de mon corps est fédéraliste et canadienne. Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour montrer qu'un Canada stable est la meilleure alternative», a promis Marc Garneau.
Duceppe chagriné
Réagissant aussi aux propos cinglants de l'ancien astronaute, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, en campagne à Montréal, s'est dit «peiné» par les déclarations de Marc Garneau au sujet de la souveraineté du Québec.
«Je ne m'attendais pas à voir quelqu'un qui s'est autant illustré tomber à un niveau aussi bas», a déclaré Gilles Duceppe.
Selon lui, les propos de l'astronaute sont «tout à fait dépassés». «Ça me ramenait à la campagne référendaire de1980, quand les fédéralistes disaient : «vous allez perdre vos pensions» et parlaient de la «piastre à Lévesque». Deux décennies plus tard, la piastre à Chrétien était encore plus basse que celle de Lévesque», a illustré le leader souverainiste.
M. Duceppe a également affirmé que, quoi qu'en dise Marc Garneau, la souveraineté du Québec n'apportera pas forcément une longue période de turbulence économique. «Nous avons une balance commerciale négative avec l'Ontario, a-t-il souligné. Par conséquence, s'il y avait des turbulences au Québec, il y en aurait forcément en Ontario. Or je doute fortement que les gens d'affaires d'Ontario acceptent un tel ralentissement et cessent de faire affaire avec le Québec juste parce qu'ils sont fâchés. L'argent n'a pas de préférence politique.»


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