Marois prend un virage «citoyen»

La chef péquiste compte discuter directement avec la population tout au long de l'automne

Pacte électoral - gauche et souverainiste



Selon le communiqué publié hier par le PQ en début d'après-midi, les assemblées «citoyennes» s'inscrivent dans «le style de leadership» de Mme Marois et lui permettront «d'écouter les Québécois, de mieux comprendre leurs rêves et leurs craintes».
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir



Québec — Pauline Marois imitera certains de ses députés, mais aussi les péquistes dissidents du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ): elle consultera des Québécois dans les prochaines semaines afin de «remettre le citoyen au cœur de la politique et lui redonner confiance envers ses institutions». La chef péquiste, qui cherche une manière de sortir de la crise qui secoue son parti depuis juin, a annoncé hier qu'elle entamera une série d'«assemblées citoyennes» le mardi 23 août à Trois-Rivières.
Son entourage a refusé de préciser les autres lieux et les jours où Mme Marois compte, tout au long de l'automne, discuter directement avec les gens dans une formule de «forum politique» de type «town hall meeting». «Ça se passera surtout en région», a précisé son attachée de presse Marie Barrette. Il ne s'agit pas, aux dires de cette dernière, de doubler le NMQ, qui doit tenir une première assemblée publique dimanche au Cégep Saint-Laurent. «On a décidé de tenir ces assemblées avant de partir en vacances», a soutenu Mme Barrette, ajoutant qu'il ne faut y voir que la «continuation des tournées régionales». Préparation à des élections automnales surprises, qui pourraient être déclenchées par Jean Charest? «On est toujours en mode électoral», a répondu Mme Barrette. «Il faut regarder le gouvernement, qui semble bien tenté par des élections rapides. Beaucoup de signaux», a noté une autre source péquiste.
Selon le communiqué publié hier par le PQ en début d'après-midi, les assemblées «citoyennes» s'inscrivent dans «le style de leadership» de Mme Marois et lui permettront «d'écouter les Québécois, de mieux comprendre leurs rêves et leurs craintes». «Malgré le cynisme ambiant et le mécontentement populaire envers le gouvernement actuel», la chef croit que «tout est possible pour le peuple québécois». «C'est Pauline Marois elle-même qui vous y invite. Vous avez votre mot à dire et elle veut vous entendre», pouvait-on lire dans le communiqué.
«Est-ce qu'on va être invités, nous, du NMQ?», ironisait l'initiateur du Nouveau Mouvement pour le Québec, Jocelyn Desjardins, lorsque Le Devoir l'a informé de la tenue des assemblées «citoyennes» de Mme Marois. Dans son manifeste publié sur ledevoir.com, le NMQ n'a pas été tendre envers le PQ, soutenant que ce dernier est «usé» et «confus». M. Desjardins s'est montré ambivalent au sujet de l'annonce de Mme Marois: «Il se peut que le Parti québécois ait compris qu'il faut avancer dans la logique citoyenne. Si c'est ça, c'est positif.» Mais il se pourrait que le PQ ne fasse cela que pour répliquer au NMQ et, «ainsi, faire des assemblées citoyennes par concurrence, ce qui ne serait pas constructif».
Françoise David agacée
La naissance du NMQ fait du reste tiquer la coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David, qui soutenait hier sur son blogue que ce mouvement a repris plusieurs idées de QS, notamment celle d'«instituer des [assemblées] constituantes partout au Québec». «Comment [...] ne pas se sentir cousins de ce mouvement citoyen?» écrivait Mme David, rentrée de sa retraite politique de six mois pour voyager et écrire un essai. Mme David craint toutefois une proposition d'un des signataires du manifeste du NMQ, l'universitaire Denis Monière, soit la création d'un autre parti politique souverainiste: «Un autre? Pourquoi? Ce parti de militants-es dont rêve monsieur Monière, il existe!» Le Devoir a appris que QS enverra un représentant de son comité de coordination national en observateur à l'assemblée du NMQ de dimanche.
Amir Khadir consulté par un péquiste
Revenons au PQ. Mme Marois sera la quatrième dans sa formation à consulter les citoyens. Déjà, les députés Pascal Bérubé (Matane), Bernard Drainville (Marguerite D'Youville) et Sylvain Pagé (Labelle) ont fait savoir qu'ils feraient, chacun de leur côté, des consultations afin de proposer des voies pour «faire de la politique autrement».
Il y a une dizaine de jours, M. Drainville écrivait sur son site Internet qu'il avait pris connaissance des «très nombreux courriels et messages» qui lui ont été envoyés depuis qu'il a réclamé des suggestions pour «sauver le PQ», fin juin. Il a promis de prendre les «prochaines semaines» pour produire «un texte et des propositions».
Il n'est pas seul. Joint par Le Devoir hier, le péquiste Sylvain Pagé a rappelé qu'il travaille depuis l'été 2010 — soit «avant que ça devienne à la mode de réfléchir à faire de la politique autrement», a-t-il précisé — à l'élaboration d'un rapport sur la nécessité de se donner une «nouvelle culture politique». (Il en avait donné un aperçu dans nos pages le 8 juin.) «L'an passé déjà, j'avais déjà 32 pages, mais j'ai conclu qu'il me fallait approfondir ma réflexion davantage.» Depuis, il dit avoir consulté une vingtaine de personnes, dont le coporte-parole de QS Amir Khadir, le chef de l'ADQ Gérard Deltell, la chef d'opposition à Montréal Louise Harel ainsi que six présidents de l'Assemblée nationale, dont l'actuel, Jacques Chagnon. Dans les derniers jours, il a aussi rencontré un haut fonctionnaire afin d'évaluer les incidences réglementaires et législatives de certaines de ses propositions. M. Pagé soutient cependant ne pas avoir eu de contacts avec ses collègues Drainville et Bérubé depuis le début des vacances. Quant aux assemblées citoyennes, c'est le Devoir qui lui a appris que Mme Marois en tiendrait: «Tant mieux si elle veut consulter les gens», a-t-il laissé tomber. M. Pagé souhaite remettre un texte de 30 à 50 pages à ses collègues au caucus péquiste à Saguenay les 31 août et 1er septembre, puis dévoiler son rapport peu de temps après. «Je songe à tenir une soirée publique sur la question par la suite.»
Selon des sources au PQ, toutes ces discussions devraient «logiquement» culminer par un grand colloque dont le thème serait «Faire de la politique autrement». Au cabinet de la chef hier, on refusait toutefois d'évoquer cette possibilité.
Dîner avec Duceppe
Quant au dîner que Mme Marois a partagé avec Gilles Duceppe hier, il ne s'agirait que de la poursuite d'une pratique du temps où l'homme était chef du Bloc, a-t-on dit dans l'entourage de la chef péquiste hier. «Ils se rencontraient régulièrement et bien amicalement. Ils ont simplement décidé de continuer à le faire. Il ne faut pas chercher de message particulier là-dedans», a répondu Mme Barrette. Au sujet d'une éventuelle candidature au PQ, M. Duceppe, en entrevue avec Paul Arcand sur les ondes du 98,5 hier matin, a répondu: «Je ne veux pas prendre la place des élus. Je n'en suis pas là».


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