MÉDIAS

Mandat de comparution

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Pas de quoi être fier de Radio-Canada

Le dénigrement de Radio-Canada a repris depuis l’annonce du gonflement de l’enveloppe budgétaire du diffuseur public pour les prochaines années. La direction vient de répliquer à ses concurrents privés qui l’accusent depuis la bonification de son budget, en mars, de ne pas respecter son mandat.

« La CBC/RC ne reçoit pas de chèque en blanc, dit le communiqué diffusé mardi. Le financement public que reçoit le diffuseur répond à un mandat bien précis, défini dans la loi sur la radiodiffusion qui spécifie que CBC/Radio-Canada doit offrir une très large programmation qui renseigne, éclaire, divertit. »

Pénélope McQuade aussi a contre-attaqué pendant son passage samedi à La soirée est (encore) jeune (ICI RC Première). L’animatrice déplore que son émission de vedettes Les échangistes soit devenue le bouc émissaire de prétendues dérives insignifiantes du diffuseur public.

Cette double réaction d’employé et d’employeur témoigne du haut niveau de nervosité agitant la maison. L’impression que quelque chose vient de se rompre au sein même du diffuseur était partagée par plusieurs il y a deux semaines à Québec au congrès annuel de l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM).

Dans les discussions de couloir, des producteurs, certains partenaires de RC, étaient d’avis qu’effectivement Les échangistes avaient versé la goutte de trop dans un baril déjà bien rempli d’émissions racoleuses, faites pour attirer du public et donc des annonceurs et donc de l’argent qui manque.

Le grand patron de Québecor, Pierre Dion, a profité de sa conférence pour réclamer un moratoire sur la dépense des nouveaux fonds (675 millions sur cinq ans) tant que le mandat du média sous perfusion étatique ne sera pas clarifié. Il n’a pas remis en doute l’existence, mais bien la raison d’être du diffuseur public.

Tirer dans le tas

Quand même, on est loin des attaques en règle du temps où le gouvernement Harper et certains chroniqueurs de droite du pays tiraient à boulets rouges sur la CBC. Les plus féroces, comme Ezra Levant, parlaient de la « communist canadian corporation ».

Le commentateur qui exerçait autrefois sur la chaîne de télévision Sun News Media de Québecor, maintenant fermée, prend maintenant plus pour cible Justin Trudeau et Sophie Grégoire. Il ironisait démagogiquement vendredi autour de la visite du premier ministre en Alberta en gazouillant que Fort McMurray, dévasté par les incendies de forêt, devrait se rebaptiser Bombardierville pour recevoir de l’aide fédérale.

La BBC, source médiatique d’inspiration de la CBC, subit le même genre d’attaques depuis des lustres, y compris maintenant de la part des conservateurs au pouvoir. Là-bas, on parle de Beeb-bashing, et c’est une sorte de sport d’une certaine presse, comme ici Le Journal de Montréal n’en manque jamais une contre RC.

L’an dernier, The Daily Mail a carrément accusé le diffuseur de penchant gauchiste parce que son centre d’information dépensait plus pour les abonnements au quotidien The Guardian qu’au Mail. La démonstration oubliait juste de souligner que les exemplaires du journal de gauche coûtent plus cher…

Par contre, le monstre britannique a échappé aux compressions budgétaires et il conservera son budget pour encore onze ans si la nouvelle Royal Charter est adoptée. Ses enveloppes sont gelées depuis 2010 et la proposition déposée la semaine dernière vise un ajustement selon la hausse annuelle de l’inflation.

Chaque citoyen verse là-bas une redevance de 270 $ par année. Peu de conservateurs remettent en cause la justesse de cette contribution tout en demandant des comptes sur la manière de la dépenser.

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