Certes, une société monolithique, guidée par une pensée unique, n’est pas très sain pour son développement démocratique. Une nation évolue lorsqu’elle accepte les débats idéologiques, puisque c'est grâce à eux qu’émergent des pistes de solutions et le désir du dépassement.
Je ne peux pas dire que les valeurs de droite, individualistes, m’enchantent. L’interventionnisme gouvernemental, voire l’État-providence, m’inspire plus confiance. Lui seul, à mes yeux, peut atténuer les inégalités sociales susceptibles d’entraîner les dérives que l’on sait.
Au nom de la tolérance, je respecte évidemment ceux qui ne pensent pas comme moi. Discuter avec eux, pacifiquement, s’avère la meilleure façon d’essayer de nuancer leur préférence idéologique. Le maintien du dialogue prévient, selon moi, les dérapages.
Impossible toutefois de demeurer parfaitement neutre, lorsque mes adversaires politiques sont en déroute. Ne le font-ils pas pour moi, lorsque les miens sont la proie à leur tour d’une certaine tourmente politique?
Ainsi, je ne peux m’empêcher de sourire à la vue de l’orage qui secoue l’Action démocratique. Le parti fondé par Mario Dumont ne m’a jamais plu, pour ne pas dire davantage. J’ai toujours cru que ce dernier manquait de courage politique en évitant de dévoiler son orientation constitutionnel pour l’avenir du Québec. Sa bouillie autonomiste m’a toujours été indigeste, parce que carrément virtuelle. On ne peut être assis entre deux chaises ou encore être à moitié enceinte. Il n’y a que deux avenues politiques qui s’offrent aux Québécois. Il n’existe pas de troisième voie, comme ont cherché à le faire croire les gens de l’ADQ. Désirer plus de pouvoirs à l’intérieur du Canada, comme ils l’ont souvent répété, relève du fédéralisme. Point final. Leur manque de courage de l’admettre m’a toujours horripilé. L’autonomisme, cette coquille vide, a fait perdre plusieurs années à ceux qui y ont cru, puisque le louvoiement opportuniste de Mario Dumont, passant du camp du OUI à cette profession de foi fédéraliste à Toronto, en a dérouté et désabusé plus d’un.
Il n’y a pas de mal à vouloir diriger le Québec en lui donnant une certaine tendance de droite. S’agit toutefois de dévoiler clairement le cadre politique à l’intérieur duquel on souhaite le faire. Ce que les quelques survivants adéquistes refusent encore de préciser, malgré la débâcle de décembre 2008. Ceux qui ont claqué la porte de ce groupuscule cette semaine, en rajoutent puisqu’ils rejettent les invitations des grands partis, ce qui dévoilerait enfin leur véritable nature politique. Il est toutefois inouï de les entendre identifier du même souffle les leaders derrière lesquels ils accepteraient néanmoins de servir! Lucien Bouchard, François Legault et Joseph Facal sont toujours, aux dernières nouvelles, des souverainistes! C’est à n’y rien comprendre!
Ces Québécois qui rêvent d’une formation de droite se retrouvent donc orphelins de parti et se cherchent un chef capable de les rassembler. Avouons que les candidatures sérieuses ne se bousculent pas pour offrir leur service. S’ils ne se sont pas manifestés lors du récent congrès à la direction de l’ADQ, il serait surprenant qu’ils le fassent à la tête d’un nouveau parti politique. Pour l’heure, seuls quelques hurluberlus s’agitent à l’occasion, histoire de lancer un ballon d’essai, afin de mesurer leur chance. D’autres préfèrent affirmer leur individualisme en siégeant à titre d’indépendant. Ces petits barons locaux passeraient totalement inaperçus, dans des pays fortement peuplés. Ils obtiennent malheureusement trop de visibilité au sein de petites nations, comme au Québec. Leurs commentaires souvent douteux, à l’endroit de nos institutions politiques, encouragent le désengagement citoyen envers leur responsabilité démocratique. Ce qui est déplorable.
Alors que l’ADQ semble condamnée à disparaître, sa clientèle cible a toutefois trouvé le moyen de lui survivre. L’élection du candidat conservateur, dans la circonscription toute francophone de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, en a surpris plus d’un. Qui pouvait prédire la victoire de l’ancien maire de La Pocatière, Bernard Généreux? Il est vrai que les eaux du Bas-du-Fleuve sont troubles depuis déjà quelque temps. Qui a oublié en effet que la région de Montmagny a voté majoritairement NON, en 1995! Cet endroit, francophone à 98%, a contribué à la défaite du camp souverainiste, au même titre que la région de Québec.
Il ne fait pas de doute que la région du Bas-du-Fleuve, éloignée de Montréal, a des préoccupations très différentes. Ainsi, elle se rit de la menace assimilatrice que vivent les francophones de la métropole au quotidien. L’enjeu identitaire que priorise le Bloc québécois la laisse de marbre. Le souci bloquiste d’adhérer aux courants de pensée branchés qui naissent souvent dans les grands centres de la planète, enthousiasme moins plusieurs résidents bercés par les marées du Saint-Laurent.
Il faut toutefois demeurer prudent dans l’analyse du résultat de cette élection partielle. Le taux de participation n’a pas franchi la barre des 35%. De plus, le vainqueur l’a remporté par 1500 voix sur sa rivale souverainiste. Néanmoins, le choix conservateur des électeurs de cette circonscription du Bas-du-Fleuve exprime une douce insouciance absente des grands centres. Comment convaincre ces compatriotes de soutenir les causes qui inquiètent l’ensemble de la société à laquelle ils appartiennent? Comment surtout les persuader que le choix de ces enjeux ne leur est pas dicté par une certaine élite urbaine, mais bien imposé par ceux qui les menacent!
La défaite des souverainistes dans la circonscription de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup enchante le gouvernement fédéral. Le choix électoral des électeurs de ce comté envoie un message canadian à Ottawa qui affaiblit la nation québécoise. Difficile de résister, lorsque nous sommes divisés. La droite québécoise aura donc trouvé un autre moyen de se tirer dans le pied, cette fois au travers de ce scrutin partiel. Il faut pourtant savoir qu’affirmer sa solidarité francophone n’est pas un luxe, lorsque l’adversaire dispose de moyens démesurés pour la briser. Lassé d’entendre ce discours? Voilà qui tombe bien : c’est exactement ce que souhaite Ottawa.
Patrice Boileau
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
4 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
11 novembre 2009@ Patrice Boileau:
Vous écrivez: «Ces Québécois qui rêvent d’une formation de droite se retrouvent donc orphelins de parti et se cherchent un chef capable de les rassembler. Avouons que les candidatures sérieuses ne se bousculent pas pour offrir leur service».
Vous avez bien raison sur ce point. Surtout que des candidatures sérieuses, à l'ADQ, on peut se demander si l'on en a jamais vues, vu que ce parti-là, a fait preuve de petite démagogie et d'amateurisme de multiples fois!
Mais au fond, est-ce un véritable parti de droite, que l'ADQ? Et est-ce qu'il y a vraiment de la place, au Québec, et en 2009, pour une formation politique de droite, pure et dure?
À mes yeux, les partis de droite sont les partis de ceux qui ont l'argent, de ceux qui sont les plus forts, ou se rangent du côté du plus fort. La droite, c'est aussi le désir de préserver les vieilles façons de faire les choses, de ne pas laisser grand place aux nouveaux courants...
La nation québécoise est une nation opprimée, au Canada. Et nous ne sommes pas une nation si riche que cela. Et les individus vraiment riches, nous n'en avons pas tant que cela, au Québec. Par ailleurs, il y a longtemps qu'il n'est plus question de droite religieuse ou moraliste, en politique québécoise...
À sa façon, l'ADQ avait une volonté de réforme... sans avoir nécessairement d'idée valable quant à la façon de procéder!
Je n'ai jamais vraiment vu l'ADQ comme un vrai parti de droite, mais plutôt comme un ensemble de porte-paroles d'un nouveau mouvement individualiste, chez les 25 à 40 ans, disons. Et surtout, en ville, dans les banlieues, et en milieu rural. Et un mouvement, c'est comme une mode: ça passe...
Frédéric Picard Répondre
11 novembre 2009Je suis de droite. Je partage la plupart du temps les analyses de Joseph Facal. Quelques fois, je suis même un peu plus libertarien. Je me définis comme un ordolibéral.
Toutefois, je n'ai JAMAIS voté pour l'ADQ ou les conservateurs. Parce que ma nation est plus importante, à mes yeux, que mon orientation gauche droite. Certains, de gauche, préfèrent voter pour QS ou le NPD. Pas moi. Fractionner le vote indépendantiste, que l'on soit de gauche ou de droite est inutile, pour l'instant.
On ne peut pas faire l'économie de ce débat, cependant. Au lieu de faire le débat dans l'arène électorale, vaut mieux permettre ce débat à l'intérieur des instances de nos partis. Ce que ni le PQ, ni le BQ font. D'où mon amertume envers ces institutions innefficaces.
On a qu'à regarder les palettes d'idéologies différentes dans les partis politiques dans le monde pour se rendre compte que le parlementarisme britannique a pervertit nos partis politiques. Tu votes avec le parti, ou tu quittes le caucus. Tu cautionne la chef ou tu t'en vas. Merci, bonsoir, ciao bye.
Je comprends les Caire et les Picard de ce monde qui sont réticents au PQ. Le PQ ne tolère pas la divergence d'opinion. On se souviendra de Jean-Claude St-André ou Yves Michaud, trop souverainistes au gout de matante popo ou mon'onc lulu.
Le PQ n'est pas une place pour le débat d'idées. Si tu crois en la doctrine du chef, tu es le bienvenu. Mais sinon, tu vas passer de trèèèèès longues heures. Que tu sois à gauche, à droite ou trop souverainiste au goût des lévesquistes.
Car le PQ, c'est le Lévesquisme. C'est à dire la doctrine de la molesse. Et c'est justement le Lévesquisme qui a failli à Montmagny.
Les gens aiment les armes à feux. Ils aiment chasser. En se plaçant dans la molesse pacifiste et pour le registre des armes à feux, le Lévesquisme a enfermé le PQ et le BQ dans une position typiquement urbaine, voir du plateau Mont-Royal. Les gens de Rivière du Loup ne se sont pas reconnus dans cette insipide bouillie bloquiste.
Voici ce que je dis à tous les Lévesquistes de ce monde:
"Far better it is to dare mighty things, to win glorious triumphs, even though checkered by failure, than to rank with those poor spirits who neither enjoy much nor suffer much, because they live in that grey twilight that knows neither victory nor defeat." Theodore Roosevelt Hamilton Club, Chicago (1899-04-10)
Archives de Vigile Répondre
11 novembre 2009La gauche, c'est très bien pour distribuer la richesse des mieux nantis mais faut pas exagérer en ajoutant tout le temps, comme à présent, à notre dette nationale qui s'élève à des centaines de mille millions de dollars en augmentant, à payer par nos enfants.
Faudrait que nos gouvernements aillent aussi chercher plus d'argent chez les riches : Dans les Paradis fiscaux, chez les Minières, chez les fraudeurs et profiteurs de gros contrats gouvernementaux, genre PPP ou autres avec enveloppes brunes.
Archives de Vigile Répondre
10 novembre 2009excellent !