En lien avec la grève des élèves du secondaire

Lettre ouverte à la CSDM

Chronique d'Élie Presseault

Madame de Courcy, Monsieur Petitclerc,
J’ai récemment lu votre missive envoyée aux parents des élèves de la CSDM. J’aimerais revenir sur certains passages de votre lettre :
«Compte tenu de la demande de trêve, qui a été acceptée par tous pour 48 heures, la CSDM fait appel à la solidarité des élèves du secondaire qui ont voté une grève dans leur établissement pour éviter de nuire aux échanges en cours entre les associations étudiantes collégiale et universitaires et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Toute nouvelle action pourrait être perçue comme un élément perturbateur.»
Si vous considérez que l’action de répondre à la présente lettre constitue une mesure perturbatrice, je ne me priverai tout de même pas de formuler l’objection de principe que je pose face à cette tentative de désaveu de la solidarité étudiante. Je ne vois point en quoi agir de façon pacifique briserait l’élan porté à la cause de la relève étudiante. Nous devons agir comme des éveilleurs de conscience et persévérer dans les mandats entrepris de façon démocratique par l’ensemble des étudiant-e-s et élèves.
«Ce matin, il y a eu piquetage devant certaines écoles pour en empêcher l’accès.»
Tout accès à la démocratie est par essence collectif. Un piquetage devient légitime dans la mesure où il est conséquent d’un mandat de grève voté en bonne et due forme. Toute mesure de dissuasion aurait pour nature d’étouffer ce qui constitue l’essence et l’apanage d’une démarche inclusive. Donnons l’exemple aux élèves et apportons-leur tout l’appui dont ils ont besoin. Dénonçons énergiquement cette tentative de tuer dans l’œuf toute expression démocratique saine.
«Nous voulons maintenir les activités régulières de l’école, tout en permettant le droit à l’expression des élèves en leur suggérant de ne pas utiliser les heures de classe.»
Sommes-nous en présence d’un double-discours? Maintenir les activités régulières de l’école d’une part, et pénaliser les élèves qui veulent appuyer la cause des étudiants du postsecondaire? Le prétexte d’une trêve ne peut s’appliquer lorsqu’il s’agit d’actions par nature pacifiques. Il serait mal vu d’instaurer une différenciation des droits des élèves selon le bien-fondé des causes qu’ils soutiennent.
«Si l’accès aux écoles n’est pas possible, les élèves seront retournés à la maison ou dirigés vers un lieu sécuritaire déjà identifié par les écoles.»
Retourner les élèves à la maison tout simplement et éviter l’expression d’un discours démocratique en appui à la cause qu’ils poursuivent, l’accessibilité aux études postsecondaires à venir? Évoquer une approche sécuritaire sans en aborder les termes avec les conseils d’élèves constitue une démarche à double-tranchant. Un lieu sécuritaire pour contourner l’objection de conscience? Avouez qu’il y a tout lieu de discuter sur ce sujet.
Comme ancien élève de votre commission scolaire et premier sourd à avoir intégré les rangs d’une école régulière avec les services d’une interprète en mode signé, j’en appelle au sens civique des parents lorsqu’ils prendront connaissance de votre lettre à leur intention. J’invite bien sûr les élèves à poursuivre de façon active la cause qu’ils chérissent, et j’encourage les parents à montrer l’exemple de ce que peut l’expression démocratique face aux enjeux collectifs qui nous interpellent comme société.
Élie Presseault, étudiant en Études littéraires, UQÀM et chroniqueur sur Vigile.net


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